Guerre de religions
entre
Monseigneur Barbarin et Thierry Ehrmann
Les récentes déclarations de Monseigneur Barbarin condamnant la Demeure du
Chaos n'ont pas fait rire Thierry Ehrmann et son collectif d'artistes. Ces
derniers entendent demander explications et réparations devant la Justice. « Un
cardinal au tribunal » voici le titre du dernier épisode de la saga de Saint
Romain au Mont d'Or...
Depuis sa nomination au siège primatial des Gaules, cinq ans se sont écoulés où,
le vice-benjamin du sacré collège, Monseigneur Barbarin a démontré sa
stratégie « faite d'ombre et de lumière mais qui est pour le moins redoutable
par ses incursions dans la société civile » analyse Thierry Ehrmann. Selon
lui, ce n'est donc pas par hasard, si, un beau matin, l'archevêque de Lyon
déclare au Progrès, après une question pertinente sur la polémique de la
Demeure du Chaos et sa position sur le plan de l'art : "ce n'est pas de l'art
mais la négation de l'art. Ce n'est pas un bon signe quand on arrive à faire
coïncider chaos et uvre d'art." En fait, les deux protagonistes ont de
vraies raisons de croiser le fer et une lecture attentive de ce duel promet bien
des rebondissements. Si Mgr Barbarin, prince de l'Eglise, est désormais rompu
aux techniques de communication avec un sens certain du marketing (Golias n°
111), notre plasticien hors norme a lui-même une bonne pratique de l'exégèse
avec un père polytechnicien proche de l'Opus Dei, un précepteur dominicain puis
les Jésuites, les Franciscains, les Maristes et pour finir la Faculté de
Théologie avec dans sa période « renouveau charismatique » un authentique
exorcisme réalisé par Monseigneur Maurice Delorme - démarche analytique
peu orthodoxe, mais plus efficace que l'école lacanienne - (voir
interrogatoire
à KGB - Lyonpeople d'octobre 2004). Alors, pourquoi tant de haine entre deux
hommes habités par la foi ?
Tout est un problème d'église. Lors de la lecture attentive du célèbre catalogue
raisonné de la Demeure du Chaos, surnommé "la Bible alchimique inspirée de
Fulcanelli", il n'a pas échappé aux lecteurs férus de symboles, que l'uvre
conceptuelle est issue d'une planche maçonnique de 1985 réalisée par Thierry
Ehrmann. Mais plus étrange, à la fin de l'ouvrage de 1 300 pages, la dernière
uvre du tome 1 est une peinture monumentale que le PDG d'Artprice a fait
peindre au cur de la « Cour des Papes » de la Demeure du Chaos. Cette dernière,
baptisée "Finis Gloriae Mundi", est issue d'un tableau de Valdès Leal qui
décrit la déchéance de l'Eglise au seul profit de l'éveil initiatique. Seuls
ceux qui ont eu le privilège de pénétrer à l'intérieur de la DDC ont pu
découvrir les peintures des 18 derniers papes de l'Eglise romaine, accompagnés
des devises latines des prophéties de Saint Malachie. On peut donc mieux
comprendre pourquoi son Eminence, Papabile potentiel, voit "un signe négatif"
dans cette uvre unique au monde. Philippe, Xavier, Ignace Barbarin aime la
peinture. Sa rencontre avec Jacques Truphemus nous apprend que le
cardinal aime les arts et les lettres chez ses protégés. Alors pourquoi une
telle violence contre les 2 700 uvres de la DDC ? Faut-il lire entre les lignes
ou rechercher dans sa première lettre pastorale son hommage au Père Antoine
Chevrier, fondateur du Prado. Les perfides insinueront que la collusion est
ainsi faite entre l'ennemi juré d'Ehrmann Pierre Dumont, maire de St
Romain mais aussi Président du Prado...
Côté
DDC, Ehrmann se borne à indiquer qu'il existe "un conflit d'intérêt par la
dimension religieuse de ce siècle somptueux et tragique que tente de s'accaparer
son Eminence, au détriment des artistes." Pour Ehrmann, les artistes ont une
totale autonomie pour s'accaparer la dimension religieuse qui est, selon lui, à
l'origine du chaos du XXIème siècle. Et c'est peut-être là, la genèse du débat.
L'affaire n'est qu'à son début. Notre plasticien et son avocat Emmanuel
Pierrat (célèbre à travers ses ouvrages polémistes sur la liberté
d'expression) vont assigner, selon nos confrères de L'Express et
France 3, son Eminence, notamment pour ses propos qui engagent directement
la communauté catholique. Mais le Cardinal doit aussi faire face au sein de sa
propre église à un courant progressiste venant apporter son soutien à Ehrmann.
Il est clair que son Eminence n'avait nul besoin de soucis supplémentaires sans
pour autant que la démarche d'Ehrmann constitue un véritable péril pour son
ministère. Dans son imagination fertile, Ehrmann n'aurait-il pas simplement
l'ambition de devenir calife à la place du calife ? Ne déclare-t-il pas dans son
dernier ouvrage, « que la Demeure du Chaos pourrait être une nouvelle église
après la mort du Dieu nietzschéen ». Dieu reconnaîtra les siens.
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