Garbis Devar, couturier
des stars
De notre correspondant Alexandre Mathieu
Santiags-jeans-T shirt, un blouson de cuir noir signé de sa main, une barbe de
trois jours bien taillée, des cheveux noirs mi-longs coiffés en arrière et le
regard perçant. Autant dire que le personnage ne passe pas inaperçu dans les
rues de la capitale des Gaules.
Derrière sa dégaine de mauvais garçon, Garbis Devar dissimule une
véritable personnalité, dont la compagnie aussi bien que le travail sont
appréciés les plus grands. Né à Istambul et d'origine arménienne, il débarque à
Lyon avec ses parents à l'age de 15 ans. Mais il se souvient avoir toujours eu
envie de dessiner des vêtements. C'est comme cela qu'il va débuter sa carrière,
seul et sans le sou, mais avec une rage de réussir et une passion inébranlable.
Il va créer ses premiers modèles dans un petit atelier pour aller les revendre
dans les boutiques du port de Saint-Tropez ! Pourtant, ces années de galère
n'ont pas été inutiles : un jour Bernard Lavillier débarque dans
son atelier pour lui acheter un blouson en cuir et depuis le bouche à oreille
VIP a fonctionné à merveille. Garbis est devenu un véritable phénomène dans le
monde de la couture et les plus grands s'affichent avec ses vêtements.
En effet, de David Bowie en passant par Johnny Hallyday ou Charles
Aznavour jusqu' aux têtes couronnées ou le très
convoité Prince Emmanuel de Savoie, il créé pour eux "les plus beaux
vêtements en cuir du monde" depuis son atelier Place des Célestins à Lyon.
Mais cet autodidacte n'a jamais voulu travailler pour une seule marque, pour ne
pas devenir esclave des tendances ; car comme tout grand créateur, c'est lui qui
fait la mode et non l'inverse; "le cuir est intemporel, totalement
indépendant de la mode", se plait -il à dire. Et c'est justement cet état
d'esprit indépendant qui lui est propre qui fait que les plus grandes marques
s'arrachent ses créations, comme Louis Vuitton et bien sûr Francesco
Smalto pour qui il a réalisé des chefs d'uvre.
Pour lui ( comme pour ses clients ), pas de limites : des matériaux rares et des
coupes hypes pour des pièces uniques pouvant atteindre 200.000 euros ! Qui
aurait pu imaginer que cet ancien boxeur en arriverait là ? Car sous ses traits
de rebelle qui roule en Harley se cache un authentique artiste passionné, qui a
forgé sa réputation tout seul armé de son talent et de sa patience, mais surtout
de sa foi en Dieu inébranlable. Il dit lui même: "Dieu m'a donné le don de
créer, et je veux m'en servir pour apporter au monde une part de beauté ".
Ce n'est d'ailleurs peut être pas par hasard si son atelier se trouve en face
de la Sainte Vierge qui surplombe Fourvière...
Cela ne l'empêche pas d'être un véritable hédoniste passionné par les femmes et
tout ce que la vie peut offrir d'agréable, sans toutefois être un matérialiste :
il n'a ni téléphone portable, ni ordinateur, ni voiture, et pas de montre au
poignet ! Comme quoi on peut porter tous les apparats d'une star de la couture
sans pour autant se prendre au sérieux. A méditer.
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