Top
modèles : les
coulisses de la gloire
De
notre correspondante Laure Delvigo
De too funky à too junky, il n'y a
qu'un pas : des scandales étouffés à
répétition, le monde idyllique de la
mode ne cesse de nous en servir à
longueur de magazine et de shows
télévisés brillamment montés. De
l'affaire BBC, dénonçant les abus
sexuels des responsables d'Elite sur leurs
mannequins à la limite de la
prostitution, jusqu'à la " grande
dépression " de Karen Mulder,
ne supportant vraiment plus la vie
entre les
Champs-Élysées
et le Plazza Athénée !
En passant par les fréquents séjours en
clinique de Kate Moss ou plus
récemment Naomi Campbell, quelle
image donne-t-on au mannequinât
? Les déesses de la mode ne
seraient-elles qu'une illusion de
perfection, s'effondrant comme un château
de cartes au moindre petit souci ?
Enquête dans un monde presque parfait.
Tout commence au beau milieu des nineties,
où l'époque " top-model " bat
son plein ;en pleine crise économique,
les gens ont besoin de rêver et les
actrices préfèrent jouer les grandes
intellectuelles. C'est pourquoi, les
médias leur créent des stars sur-mesure
: les top models. Déesses adulées des
temps modernes, Naomi, Cindy,
Linda ou Claudia sont si
célèbres, qu'on ne les appelle plus que
par leur prénom. Elles présentent des
émissions TV, projettent leur image sur
des produits, font du cinéma, ou des
cassettes de fitness, chantent, épousent
des Rock stars, sont filmées chez leurs
parents, le week-end ou bien au ski et
alimentent régulièrement la rubrique
" potins " de la presse magazine
ou font la une des journaux à scandales.
Sacrées icônes d'un univers entièrement
voué à la beauté et à la séduction,
sachez que pour être parmi les élues,
mieux vaut être dotée d'une
sacrée dose d'ambition et de ténacité ,
afin de survivre dans une jungle
féroce sous des allures paradisiaques.
C'est le cas de Claudia Shiffer, la
star des pages de papier glacé, qui pèse
à elle seule, un minimum de 50 millions
de francs (7,6 millions d'euros) par an,
sans compter les contrats en or qu'elle a
signé avec l'Oréal et Citroën.
Si
l'ex-égérie de Karl Lagerfeld ,
désormais qualifiée de " trop
grosse pour rentrer dans ses robes ",
dira de la superstar le couturier le plus
condescendant de notre époque, lors
d'une émission sur LCI, ce dernier a
craqué pour la " Shrimp " de la
génération techno, à savoir la fragile Kate
Moss, image actuelle du parfum Coco
Chanel.
Si Coco Chanel, avait ce que l'on appelle
" de la classe ", il n'en est
pas vraiment de même pour Miss Moss qui
accumule les covers dans les tabloïds
Anglais. En 1998, lors du festival de
Cannes, Kate Moss dépense des milliers de
dollars pour ses amis à l'hôtel du Cap,
où la nuit coûte 4000 dollars. Elle
finit par se faire mettre à la porte à 5
heures du matin et est interdite dans cet
établissement : « Tous ceux qui
faisaient partie de sa suite se sont mal
comportés, raconte Jérôme Robert,
ayant servi des boissons à Kate Moss
ce soir-là ; ils se trouvaient dans un
état lamentable et très vite ont
complètement perdu le contrôle de la
situation ».
Il
faut des heures aux femmes de chambre pour
remettre la suite de Kate Moss en état.
Les pots de crème et de produits de
beauté, qui ont été lancé violemment
sur les murs, ont endommagé les
revêtements de soie d'une valeur de
plusieurs milliers de dollars.
En outre, sa relation houleuse avec
l'acteur Johnny Depp et ponctuée
de scène rend Kate Moss de plus en plus
irritable ; Kate, se
dopant régulièrement depuis l'âge
de douze ans, reconnaît ne pas avoir fait
un seul défilé " a jeun " en
une décennie sur les podiums. " Elle
" s'aidait " comme elle
pouvait " confie Peter Sorensen
dans l'ouvrage " Top model,
les secrets d'un sale business
"écrit par Michael Gross,
journaliste à Esquire et au New
York Times. « Kate avait du
mal à affronter les journées de 12 à 15
h de travail. Ses agents ne bronchaient
pas. En fait, tout ce qui les
intéressait, c'était qu'elle pose,
qu'elle défile et fasse les plus belles
couvertures des magazines. Et ce n'était
pas la seule » explique Peter.
Cependant, Kate Moss a besoin d'aile et
déclare au journal Londonien le Daily
Mirror : « J'ai beaucoup
travaillé et je suis beaucoup sortie. Je
n'aime pas le tournant que prend ma vie.
J'ai décidé de m'arrêter pour faire le
point ». Après des séjours
dans la plus sélect des cliniques
Anglaises, le Priory, Kate Moss
assiste aux réunions des alcooliques et
toxicomanes anonymes tout comme sa copine
fashion Naomi Campbell, ayant récemment
déclaré au Elle français sa
dépendance aux drogues.
L'émission " Tout le monde en
parle " défraie encore la
chronique par le témoignage choc,
accessoirement coupé au montage de Karen
Mulder, où la souriante blonde au cheveux
d'ange, déclare avoir été traumatisée
par des terreurs cachées, des souvenirs
d'enfance remontant avant la
conscience, avant deux ans, la candide
Karen aurait été victime d'un viol plus
tard. La mode ? « Un monde
étrange où on est ami avec tout le monde
et avec personne (...) Il n'y a aucun
respect humain dans ce métier »
dira Karen amère.
Propos
savamment démentis par sa propre sur,
sur le même plateau, quelques
semaines plus tard : « Aujourd'hui
Karen va mieux, elle a pris du recul et
vient de sortir de la clinique où elle
était pour chasser les monstres qui la
poursuivaient ».Karen Mulder a
décidé de ne plus jamais composer de
personnages, mène une vie saine, quasi
monacale, d'après l'hebdomadaire Paris
Match.
Si Karen Mulder a " pété un plomb
", lors de l'émission de Thierry
Ardisson, on peut se demander s'il n'y
avait pas du vrai, en voyant l'effrayant
documentaire de la BBC, dénonçant les
pratiques scandaleuses auxquelles se
livrent certaines agences. Un an durant,
un journaliste de la chaîne a
secrètement filmé les coulisses de
l'agence internationale Elite, qui a
notamment révélé Linda Evangelista,
Naomi Campbell et Cindy Crawford
.
Outre la tenue des propos racistes,
plusieurs responsables, dont le président
de la branche européenne, avouent un
harcèlement sexuel des mannequins,
particulièrement des mineures. Le trafic
de drogue serait également pratique
courante et connue. « Leur
langage et les situations dans lesquelles
ils se sont mis sont choquants et inacceptables », a reconnu le
patron d'Elite, le serial
séducteur John Casablancas, avant
d'affirmer que ces personnes avaient été
suspendues de leur fonction et étaient en
attente de sanctions disciplinaires.
« Un mannequin, quel que soit son
âge ou sa réussite, n'est pas un objet
de consommation, ou un vulgaire
portemanteau » affirme la
Présidente du syndicat Français des
mannequins, Servane Cherouat.
Dans la pratique, les expressions du type
: « Oh non, chééééérie,
poupéééée, ne sois pas si préoccupée
par le business, sois une femme, n'oublie
pas qu'il y a quelque chose de sexuel
entre le photographe et le mannequin ! »
ont été monnaie courante pendant
des années et le sont parfois encore.
Comme le sordide Claude Haddad, ex-booker
de Paris planning, n'hésitant pas à
déclarer lors de l'émission 60 minutes
sur CBS : « J'ai été
avec des filles, mais je ne les ai jamais
forcées. Vous les manipulez, avec des
mots, avec votre charme, avec le pouvoir,
pas avec la drogue comme d'autres
agences ». Il place la limite à
15 ans. Et de continuer à la frontière
de la pédophilie et de la prostitution :
« Au-dessus de 16, c'est bien
parce qu'elles sont déjà des femmes et
elles savent ce qu'elles font. »
Heureusement, la balance penche aussi de
l'autre côté dans le modeling, en
espérant que le mannequinât ne sera plus
un dangereux champ de mines pour les
lolitas, comme il l'était il n'y a pas si
longtemps. Aujourd'hui, beaucoup de femmes
dirigent leur propre agence dans les
quatre grands centres de la mode (Paris,
New York, Londres et Milan), comme Marylin
Gauthier, ou Metropolitan
avec Aline Souliers, celle qui a
découverte " la Schiffer ",
évitant ainsi les pièges redoutables
auxquels les jeunes mannequins ne sont pas
toujours préparées.
Alors
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