Personnalités
Lyonnaises
Philippe Chaslot - Lyon Capitale
du mercredi 18 septembre 2002
Les grandes gueules de l'été :
Gérard Angel, journaliste
Normand d'origine, Gérard Angel termine ses études à Paris puis débarque à
Lyon, il y a 16 ans, où il devient l'incontournable journaliste politique
du Progrès. Il met son talent de polémiste au service d'un style vif,
droitier et parfois cynique qui hérisse ou séduit. Depuis 10 ans il anime
les Scoop du Grand Lyon où, quotidiennement et en direct du Grand Café des
négociants, il met sur le gril un invité. Ce drôle de cuisinier est devenu
un vrai personnage.
Vous reconnaissez-vous dans cette expression de grande gueule que nous
entendons dans le sens de la liberté de parole et d'une certaine
radicalité du propos ?
Liberté de parole, oui. Radicalité du propos, non. Je considère que ce
qui est excessif dans l'expression n'est pas. On passe beaucoup mieux des
messages par allusion, petites touches, que par des déclarations
fracassantes. Je suis comme tout le monde, certains sujets me font réagir
de manière outrancière et utiliser des formules à l'emporte-pièce et des
termes que je n'arrive même pas à regretter !
Quel sujet provoque-t-il votre ire ?
Le foot. Il existe un mythe que l'on a pas le droit d'attaquer dans ce
pays et dans le monde, un mythe selon lequel le sport en général, et le
foot en particulier, constituent un bon exemple pour la jeunesse. Quand on
voit des hooligans se battre dans les tribunes, je me demande quel bon
exemple cela est. Quand je vois les simples supporteurs perdre tout sens
commun en applaudissant leur équipe quel que soit son comportement parfois
critiquable, je m'interroge. Le foot pourrait se contenter de glorifier la
violence et le chauvinisme et de célébrer le Veau d'or... Mais il réussit à
faire plus fort ! Il est l'exemple type de l'égoïsme le plus forcené.
Regardez un joueur qui vient de marquer un but grâce à ses petits
camarades. Va-t-il rejoindre ceux qui l'ont aidé pour les associer à son
succès ? Non ! Tout le contraire. Il s'enfuit de l'autre côté du terrain,
lève les mains au ciel en gardant pour lui seul les ovations d'un public
qui ne semble même pas choqué par cette antithèse de l'esprit d'équipe. Le
foot, beaucoup plus que Socrate, pervertit la jeunesse !
Vous n'êtes pas vraiment supporteur de l'OL.
Non. Mais je ne souhaite pas qu'Aulas boive la ciguë. Encore que !
Mais si je m'intéressais au foot, je ne vois pas pourquoi je
n'ovationnerais pas l'équipe adverse, si elle est meilleure. Quant au
mythe selon lequel cela constitue un atout économique pour une ville, je
n'ai pas souvenir qu'à la grande époque des Verts ait correspondu une
grande prospérité à Saint-Etienne.
La politique que vous commentez depuis des années vous inspire-t-elle
des critiques aussi définitives ?
La politique lyonnaise ! Ça fait quand même plusieurs années que
personne ne pratique ce sport dans la ville.
Quelle époque regrettez-vous ?
Aucune. Je constate simplement qu'il n'existe plus aujourd'hui un seul
homme politique dans la région qui brasse des idées, mais de simples
petits gestionnaires, plus ou moins talentueux.
Y compris votre ami Gérard Collomb ?
Si quelqu'un est capable d'identifier ce qu'a fait la nouvelle
municipalité depuis 18 mois, en dehors le fait d'augmenter les impôts, je
suis tout prêt à me laisser convertir.
Apparemment la grande gueule Angel n'est pas fatiguée. Alors pourquoi
quitter les Scoops du Grand Lyon ?
Les journalistes, comme les politiques, devraient savoir ne pas
s'accrocher éternellement à une rubrique. D'autant que dans nos métiers,
les défauts personnels peuvent être au début des atouts. Après ils ne sont
plus que des défauts. (...)
La suite de l'interview sur
www.lyoncapitale.fr
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