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Frédéric Boudouresque -
Le Progrès du samedi 15 juillet 2006
Christophe Mérieux est mort
Le vice-président de bioMérieux, fils aîné d'Alain Mérieux, a
été retrouvé noyé dans la piscine de la maison familiale du Montellier,
dans l'Ain. Il allait avoir quarante ans. Le destin frappe à nouveau cette
dynastie de grands médecins et chercheurs lyonnais, après le décès de
Rodolphe, deuxième fils d'Alain, il y a tout juste dix ans.
C'est dans la maison familiale du Montellier, aux portes de
la Dombes, que le drame s'est produit dans la nuit de jeudi à vendredi.
Dans ce village d'à peine deux cents âmes, son père Alain Mérieux, possède
une maison au fond d'un grand parc arboré à cinq cents mètres du bourg.
Jeudi, Christophe Mérieux, 39 ans, a passé la soirée dans l'intimité
familiale. Ses parents sont partis vers minuit et lui est resté seul au
bord de la piscine. Ce n'est que vendredi matin, peu avant 10 heures, qu'a
eu lieu la macabre découverte. L'employé chargé de la garde et de
l'entretien de la propriété s'est approché de la piscine et a vu son corps
inanimé au fond de l'eau. Les sapeurs-pompiers et le Smur sont intervenus.
Le médecin, quant à lui, a estimé que l'homme avait dû séjourner plusieurs
heures dans l'eau. La brigade de recherches de la compagnie de gendarmerie
de Trévoux a été saisie de l'enquête, mais tout indique que le décès
serait accidentel. Aucune trace de coups ou de lutte ne laissait penser
que Christophe Mérieux aurait pu être victime d'une agression. La thèse du
suicide a également été écartée. Selon un porte-parole du groupe, la mort
serait due à un malaise cardiaque. Les enquêteurs ont bien sûr opéré les
vérifications qui s'imposent pour une mort inexpliquée, notamment à son
domicile lyonnais. L'autopsie a eu lieu vendredi à Bourg. En fin de
journée Jean-Paul Gandolière, le procureur de la République de
Bourg-en-Bresse, s'est rendu au Montellier pour rencontrer la famille.
Outre le grand patron qui était amené à prendre les rênes du groupe
familial, Christophe Mérieux avait marqué l'actualité en étant victime
dans son enfance d'un fait-divers dramatique.
La saga tragique des Mérieux
La tragédie des Mérieux n'en est pas à son premier éclat,
son premier tombé de rideaux précipité et inattendu. A 19 ans, Charles
Mérieux voit son grand frère Jean décéder d'une méningite
tuberculeuse contractée dans le laboratoire paternel, qui l'emportera en
quelques jours. En 1937, Charles hérite de L'institut Mérieux suite
au décès de son père, Marcel, fondateur de ce modeste laboratoire
de microbiologie. En 1973, suite à une maladie, l'épouse de Charles
Mérieux décède à son tour. En 1975, Christophe est enlevé en plein
cur du 6ème arrondissement, pour être finalement relâché,
moyennant une rançon de 20 millions de francs versés aux ravisseurs par
son père Alain. En 1994, Jean, le fils aîné, est victime
d'un accident de la route. De cet événement découlera l'ouverture du
célèbre laboratoire de haute sécurité "P4 Jean Mérieux". Le 17 Juillet
1996, de nombreuses familles lyonnaises seront touchées par le tragique
accident de la TWA... dont Charles Mérieux, qui devra dire adieux à son
petit-fils Rodolphe, âgé de 25 ans, qui revenait de BioMérieux US
qu'il avait intégré quelques semaines auparavant. Puis, en janvier 2001,
Charles Mérieux, décoré de la Grand-Croix de la Légion d'Honneur, tire sa
révérence du haut de ses 94 ans. Charles Mérieux ironisait "Tout arrive
toujours en même temps" ("Virus Passion" Editions Robert Laffont 1997
ndlr). Christophe Mérieux n'aura malheureusement pas l'honneur de
reprendre les rennes de l'affaire familiale alors que son père l'avait
prévenu "En 2007, je quitte le navire".
Marine
Bertrand
A
suivre, Part-Dieu : un plafond s'effondre dans le centre commercial
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