Night of the Proms : Quand le
classique se lâche !
De notre
correspondante Lilou
Night of the Proms
effectue pour la première fois une tournée en
France avec 8 dates en 2003. Ce 24 mai, la
troupe s'est produite à Lyon, juste à côté du
stade de Gerland et de ses tifosis venus
célébrer le doublé de l'OL. La Halle Tony
Garnier a fait salle comble avec un public
hétéroclite qui ne savait pas du tout à quoi
s'attendre, à part la venue de 2 ou 3 têtes
d'affiches : Florent Pagny, Julie Zenati ou
Cunnie Williams... et après 3 heures de concert,
ce même public est reparti conquis par cet
ensemble étonnant.
Pour comprendre ce nouveau phénomène (plus de 4
millions de spectateurs depuis leur début), il
faut savoir que « Night of the Proms » est né en
1985 à l'initiative d'étudiants belges qui ont
organisés une soirée sur le thème : « la musique
classique rencontre la pop music ». Avec le
concours de leurs sponsors et de la presse, la
renommée les a conduit à emmener les 72
musiciens de l'orchestre symphonique « Il
Novecento » dirigé par Robert Groslot,
les 50 choristes du « Chur Fine Fleur », leurs
40 techniciens ainsi que tout le staff de la
production sur les routes de l'Europe.
Au départ, on pense découvrir un spectacle de
musique classique avec une mise en scène plus
chiadée que d'habitude, vu le nombre
incalculable de projecteurs et de poursuites aux
mille couleurs. Dès que le présentateur Carl
Huybrecht entre en scène, on comprend que
cet ensemble est loin d'être classique, si ce
n'est dans le fond, en tout cas dans la forme...
Les maîtres mots : bonne humeur, humour et
échange avec les spectateurs même si les
puristes fustigeront ces interprétations sont
peu respectueuses de l'art musical.
Sont interprétés
les airs classiques les plus connus comme
« Carmina Burana », « le Chur des Esclaves » de
Nabucco ou un extrait de la « Symphonie N°5 » de
Beethoven, enchaînés par les titres des
chanteurs pop version orchestral. Retour gagnant
pour John Miles, connu internationalement
pour son succès « Music », seul artiste à
participer à chaque tournée des Night (chants,
piano et guitare pour ses titres et ceux des
autres également). La jeune et jolie Julie
Zenatti, après ses 2 tubes actuels, a chanté
un « New York - New York » des plus emballant.
Cunnie Williams, qui de sa voix des
cavernes (mais tellement sensuelle), a fait
passer un message au président Bush avec
sa chanson « War song ». Florent Pagny,
qui avait l'ai ravi et impressionné de partager
cette aventure, a interprété un medley de ses
titres avec brio. Il faut souligner aussi
l'incroyable performance d'un jeune virtuose
violoniste David Garrett, 20 ans, qui
manipule son Stradivarius avec la même dextérité
que nous avec notre brosse à dent ; en plus il
travaille son look mi branché - mi grunge :
jeans troué, bracelet de force, tatouage sur le
bras et bonnet vissé sur la tête....
Mais au delà de cette performance musicale, ce
spectacle est jubilatoire par le jeu scénique et
les orchestrations enjouées. Le chur « Fine
Fleur » a réalisé tout du long du concert une
chorégraphie parfaite, reprise d'ailleurs
immédiatement par le public, choré synchronisée
avec les instrumentistes se levant eux-mêmes
alternativement de leurs chaises. Au retour de
l'entracte, avant l'arrivée de l'orchestre, ce
chur nous a fait un show off en lançant une ola
et en reprenant les chansons du stade de Gerland
« qui ne saute pas... » ou « on est les
champions... », ce qui définitivement a
transporté la salle en une grande liesse.
Patrick de Smet, percussionniste, a pris
part aussi à la formidable ambiance en usant de
toutes les facéties pour faire que les
spectateurs rythment la musique à sa façon :
rugissements vocaux, claquement de doigt,
claquement des mains, tout cela en parcourant la
scène en courant...
Si ce n'est pas un grand moment de culture
musicale car on peut avoir l'impression d'avoir
acheté la dernière compil sortie « les grands
airs classiques », c'est en revanche un grand
moment de détente, de sourire et même de rires...
On sait qu'on nous en a mis plein les yeux avec
toutes ces lumières et tous ces artifices, mais
on s'est bien volontiers laissé prendre au
piège... alors à l'année prochaine !
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