Par Anna Pellissier

Historiquement basée rue du Président Édouard Herriot, La Papéthèque fête ses 150 ans cette année. Au fil des décennies, cette papeterie a dû se réinventer pour survivre aux assauts des grandes chaînes. Sa propriétaire, Carole Chateau nous dessine l’histoire de l’enseigne et ses combats pour l’avenir.

Certaines histoires ont beau être répétées, le plaisir de les lire ou les entendre demeure intact, même lorsque les premières lignes ont été rédigées au siècle dernier. En 1870, dans le cas de la Papéthèque aujourd’hui gérée par Carole Chateau, dont la naissance, à l’époque, était érigée sous les traits d’une papeterie installée sur les pentes. Puis comme pour beaucoup, la seconde guerre mondiale est venue tout chambouler.

Exit la Croix-Rousse. En 1946, la papeterie de la soie se déporte dans la rue du Président Édouard Herriot, au sein du 2ème arrondissement. Un magasin encore vivant aujourd’hui et qui, en 1989, a connu de nouvelles péripéties symbolisées par le rapprochement des papeteries de la Soie avec le groupe de la Papéthèque. L’enseigne l’occupera près de 20 ans.

Aujourd’hui, grâce à Carole Chateau et d’autres associés, voilà une décennie que cette papeterie vit sa propre vie, retrouvant même les joies de l’indépendance et de son appellation historique, bien que son nom commercial ait été conservé de manière à entretenir la renommée de la chaîne. « Il est rare qu’une enseigne revienne au bout de 20 ans et c’est une fierté », se félicite ainsi la propriétaire également installée 15, cours Franklin Roosevelt, dans le 6ème arrondissement.

« Un lingot d’or entre les mains »

Indétrônable, la Papéthèque souffle donc aujourd’hui ses 150 ans d’histoire, vantant encore sa taille à qui veut l’entendre. En effet, avec une superficie de 300 m² et située en hyper centre, elle fait partie des derniers indépendants à occuper un fonds de commerce dans quatre grandes métropoles : Paris *, Marseille, Toulouse et Lyon. « Nous sommes comme des dinosaures en voie d’extinction ! Nous avons un lingot d’or entre les mains et nous devons continuer à exploiter notre commerce », se réjouit Carole Chateau.

Alors que la concurrence des grandes chaînes et des géants de l’internet fait rage, la papeterie s’efforce de s’adapter. Le changement, c’est maintenant. Et toujours. « Il y a dix ans, il y avait très peu de cartouches de jet d’encre, alors qu’aujourd’hui, nous en vendons beaucoup. Nous nous sommes même lancés dans des produits de décoration, même si nous essayons de ne pas oublier notre fonds de commerce principal : les chemises et les classeurs », expose la Lyonnaise, dont la passion lui permet encore maintenant de fonctionner au gré des plans marketing et des changements de vitrines.

Un développement sur internet, avant de miser les grandes métropoles françaises

De quoi amplement revendiquer un savoir-faire à la lyonnaise, le tout aidée par 34 salariés, et espérer poursuivre un développement national. Nul ne saura arrêter la Papéthèque, laquelle parvient, malgré la crise, à entretenir son histoire. Sans fin, mais avec réussite. « Il est vrai que nous avons une clientèle beaucoup plus sensibilisée aux commerces indépendants depuis la Covid-19 ».

« On nous prête une oreille plus attentive. En effet, même les politiques appréhendent mieux la nécessité de la présence d’un commerce de proximité », soutient la présidente de l’association Mouvement Carré Nord Presqu’île. Désormais sur internet, la Papéthèque se renouvelle et se modernise. Présente sur la toile, l’enseigne tisse la sienne. Encore et encore. La quinquagénaire en est même certaine : « Il y a beaucoup à faire, car il y a de l’avenir pour nous » !

*En juin 2020, un nouveau magasin, situé dans une adresse prestigieuse à Paris: 26, rue Soufflot, entre le Luxembourg et le Panthéon est venu agrandir la famille des Papéthèque