Par Marco Polisson
La bonne société d’Ecully et son maire Sébastien Michel sont passés par toutes les palettes des sentiments en ce samedi 3 juillet 2021.
Le matin, dans les larmes, elle accompagnait l’ancien maire d’Ecully Pierre Bertin-Hugault – décédé accidentellement sur l’Ile aux moines – dans son dernier voyage en l’église Saint Basile lors d’une très belle célébration selon le rite saint Pie V et le soir, dans les rires, elle soufflait les 90 bougies de Madeleine Bouquin, ex-conseillère municipale et figure matriarcale de la ville.
A Écully, Madeleine Bouquin – Madou pour les intimes – affiche 90 printemps hauts en couleurs et un caractère bien trempé.
Son duettiste et ami Bernard Gindre, pilier du groupe d’Histoire et d’Archéologie d’Ecully (fondé par le regretté Charles Jocteur) l’un des derniers gones, à parler encore couramment le vieux lyonnais, lui a concocté un discours des plus fameux, que nous avons le plaisir de partager avec vous.
Petite allocation pour la reine Madou
« C’est pas une singotte qui va empéger tout ce joli monde tout relingé de propre et étiré à 4 épingles, de fêter les nonantes ans de Madou !
Vous faites bien un cuchon de sacrés gones pique plante sur vos fumerons. Je reluque même des gens d’ailleurs qui ne sont pas de Lyon. Mais aussi des gens de bonne position : Je vois notre bailli d’Ecully, Sébastien Michel, qui est venu à l’esqueprès pour notre Madou nationable. Je vois Marco Polisson, le directeur de Lyon People. C’est sûr, recta comme une bugne, il va y avoir à nouveau 2 pages sur notre Madou dans le prochain numéro.
Vous souvenez-vous il y a 10 ans. Pour ses huitantes ans, je vous avais déparlé que rien ne lui résistait. Donc, c’est pas une radée comme aujourd’hui qui va l’arrêter. J’avais concocté une petite rétrospective de sa vie. J’avais évoqué ses nombreuses passions pour la peinture sur porcelaine, le jardinage, le monde associatif etc. Je vais donc reprendre le fil de là où je l’ai laissé car j’ai pensé dans mon quant à moi que ça pouvait vous faire plaisir de savoir ce que Madou est devenue du depuis toutes ces années. Je vais pas y refaire le patrigot des autrefois car il n’y ait pas eu de gros changements.
Mais d’abord, Pourquoi donc vous êtes vous décabanés de par chez vous ? Pourquoi donc vous y êtes venus si tant nombreux vous bambaner dans le jardin de la Madou ? C’est pour son anniversaire bien sûr que je suis bugne, c’est écrit sur son carton d’invitation ? Elle s’est fendue pour ses nonantes ans. Un carton tout en couleur. Que le temps passe vite ! Ce changement de décade ne signifie pas décadence. C’est tout l’incontraire avec elle! Madou a traversé la Covid sans embiernes, bien campée sur ses fumerons et plus résistante que jamais. Cette sempillerie de bocon ne l’a pas arrapée. Elle n’est pas restée à plat de lit, toute mouillée de chaud à gigauder dans son bardanier comme un veson dans une rigotte ! Il faut dire que son geôlier de neveu qui habite l’immeuble, franc contre son jardin lui interdisait de s’ensauver de son parc et l’empêchait de se propager à Ecully pour jaqueter avec ses compères et raconter des gognandises !
Et bien oui, malgré son coqueluchon bien affirmé, elle lui obéissait ! Et elle a été sauvée. Il fallait la voir tourner en rond en maugréant et en se marcourant le menillon. Elle en a usé toutes les semelles de ses agotiaux. Le plus dur pour Madou a été la suppression des cocktails de la mairie car elle aime bien bouloter et de ne plus pouvoir rappeler au maire sa demande du retour du ramassage des encombrants !
Pour s’occuper pendant sa captivité, Madou a essayé d’éduquer sa nouvelle chienne. Quelle catapostrophe ! elle a l’air bien demenette sur son invitation mais y faut pas y croire. Son éducance est un peu spéciale car manquablement elle aime bien sauter sur le premier arrivant. Il vaut mieux ne pas être habillé de propre quand vous la visitez. Si vous venez avec une canne, ne la laissez pas sur le perron car elle aime bien morciller les poignées.
Reusement le confinement s’est allégé. Madou a pu reprendre à cha peu sa vie normale et surtout s’en retourner au troquet de la place pour gandoiser avec ses copains. Attablée à la terrasse, bien au soleil, elle peut à nouveau arraisonner tous les écullois qui passent pour cancorner un brin. Comme de bien s’accorde, elle peut aussi, à nouveau, trabouler au marché d’Ecully avec sa filoche pour faire ses courses, barjaquer avec les commerçants et dépenser ses pécuniaux économisés restés dans sa cachemaille et qu’elle n’a pas pu dépenser pendant la covid. Elle peut aussi maintenant se réactualiser sur la vie éculloise et de ses derniers potins. Son salon est redevenu l’endroit où l’on cause à Ecully !
Voilà comment Madou met sur piottes le début de ses journées :
Chaque matin, pendant son petit déjeuner, Madou prend le temps de se tenir au courant de l’actualité et lit 3 journaux : Le Progrès d’abord pour les enterrements et les chiens écrasés. Puis bien sûr Le Monde et La Croix. 1 fois par mois Lyon People. Madame a de l’entendement à regonfle et la comprenotte bien aiguisée. Elle a oublié d’être gnioche notre Madou. Tous les sujets l’intéressent car elle a gardé des restes de jeunesse. Elle reste bien espritée bien que sa mémoire et ses oreilles commencent à lui faire déficience parfois. Il faut simplement parler un peu plus fort ! Le fait de nous avoir invités pour son changement de décade est une preuve de la vitalité de ses nonantes printemps ! Vous allez voir, elle va bien arriver à trabouler jusqu’en 2031. Censément, c’est nous qui n’allons pas arriver à la suivre pour lui fêter, tous de collagne, ses cents printemps !
Madou, garde ton esprit de famille et ta jeunesse d’esprit. Ta vitalité, ton énergie et ton sourire entrainent dans ton sillage les gensses que tu côtoies au quotidien. Quand on reluque, ce soir, tout ce cuchon de gones et de fenottes, venus à l’esqueprès, on peut se dire que tu es une vraie entraineuse. Pas une poutrone comme y en avait en rue Mercière dans les autrefois. Mais non ! Il faut pas rien etre caquenano pour y penser ! Ça veut dire que tous ceux qui t’entourent ça leur fait pas regret d’être de collagne avec toi. On en est tout bouâme.
Je pense aussi à Jean ta moitié qui t’accompagne depuis 53 ans. Tu as pu le voir ces temps un peu plus à cause de cette sempillerie de covid qui l’empêchait de se décaniller en Suisse Je pense aussi à tes trois fils, Vincent, François Régis et Philippe qui t’entourent et t’aident dans ton quotidien malgré leur éloignement. Ils sont tous de bonne position. Je pense aussi à tes 6 chenus miaillons, pas tarabates du tout, dont l’affection t’empêche de rester agrognée sur une chaise et maintien ton dynamisme !
Bon assez débobiné mon patrigot ! Madou doit commencer à vouloir se remplir l’ambuni et se rincer le corgnolon qu’elle a bien en pente ! Et il y a bien du de quoi. J’ai reluqué un livreur qui a apporté dans sa cadolle le mois dernier, un cuchon de cartons de champagne. Y en a à regonfle. Il faut leur faire honneur. Quand le champagne est livré, il faut le boire
Madou, nous te petons la miaille et te souhaitons un bon anniversaire. »
Bernard Gindre
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