Par Bernard Gouttenoire
Il était connu comme le « loup blanc » sur la scène musicale en France et particulièrement dans le Sud ou depuis « sa » tour d’ivoire (le crayon de la Part-Dieu). Il rayonnait sur toutes les musiques. Accompagnant la carrière de bon nombre d’artistes, dont Jean-Claude Malgloire ou Sarshooter, au cours de soirées qui finissaient toujours chez Monsieur Paul.
Né en janvier 1929, marié à sa fidèle Denise qui lui donnera trois garçons, et 11 petits-enfants et 18 arrière-petits-enfants, il avait choisi la commune d’Ecully, pour installer sa famille. Strasbourgeois, son père est banquier, et c’est naturellement qu’il enfourche le même métier, qui lui déplait. Il habite un temps en Belgique, puis, en Allemagne. Il a pour ses loisirs, la passion du violon, qu’il affectionne au point de jouer en virtuose le grand répertoire classique. Son fils Bernard Maudry se souvient qu’il a aussi dirigé des chorales.
En 1947, il débarque à Lyon, il aura un passage comme élève du lycée du Parc. Il sera parisien, pour gagner sa vie. Il fera connaissance avec une Lyonnaise, Denise Germain qu’il épousera dans la foulée. C’est André Cluytens, le chef d’orchestre, qui lui ouvre la porte de Pathé-Marconi, comme représentant commercial. Là, il devient l’ami de Fred Mella (les Compagnons de la Chanson). Il côtoiera un temps aussi Edith Piaf et Tino Rossi, grandes vedettes de chez Pathé.
Puis, en 1965, il signe pour prendre la direction de CBS qui deviendra Sony Music, puis une marque du label Universal Music… Sa carrière prendra son envol à l’international. Il a pris les rennes de la musique à Lyon vers 1980, en devenant le patron de CBS (Columbia Brodcasting System), maison créée à New York en 1927, qui à l’époque deviendra en France et dans le monde entier, la rampe de lancement de Michael Jackon, Julio Iglesias et Léonard Bernstein (West Side Story), des monstres reconnus.
Ainsi Michel Maudry, touche à tout en matière de musique, sera à l’origine d’un contrat avec Starshooter, le gang lyonnais turbulent de Kent. Mais pas seulement. Il accompagnera Francis Cabrel, Joe Dassin et signera également le groupe Trust et Killdozer, le groupe de Robert Lapassade. Il partageait sa passion avec ses collaborateurs Alain Droz, Jean-Pierre Hayoun et Fabienne.
Mais la musique classique est sa danseuse et je me souviens qu’il m’a photographié un jour à l’auditorium avec le grand Isaac Stern. Michel Maudry me fera rencontrer Léonard Cohen, à la Bourse du Travail, mais aussi Nina Hagen la fabuleuse prêtresse du mouvement punk, The Cramps le groupe hystérique (mais mémorable) de Lux Intérior et Poison Ivy, en 1980, salle Molière… un souvenir cuisant…
En 2015, il avait reçu la médaille du groupe Paris-Lyon des mains de Pierre Ripamonti, pour son implication d’une vie dans le domaine de la musique en même temps que George Collange, l’ami de Gene Vincent and the Blue caps (photo ci-dessous). Michel Maudry avait deux grands amis principalement Paul Bocuse, qui avait même enregistré des disques (très rares) de recettes, pour son ami Michel…
Et Raymond Devos qu’il avait véhiculé en voiture, jusqu’à l’auditorium en faisant un jeu de mots digne du comique pour stationner en arche-arrière : « je vais reculer, comme cela ça t’avancera…». Jusqu’au bout, il a servi la musique en faisant des émissions avec ses complices Louis Muron et le père Bourrel sur RCF et une émission avec Caroline et Yannick, deux de ses petits-enfants « accroche notes » dans l’idée généreuse de transmettre les leçons de la gamme comme un réel plaisir…
Il s’est éteint sereinement dans son sommeil le samedi 25 septembre 2021 et sera inhumé à Ecully. Merci Michel, pour ta convaincante leçon à vivre !
> Ses obsèques seront célébrées le vendredi 1er octobre 2021 à 16h en l’Église Saint Blaise de Écully
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