Par Alain Vollerin
On grelottait ferme en montant les solennels escaliers de ce temple du Commerce et de l’Industrie, édifié majestueusement comme symbole d’une puissance arrachée à la monarchie locale…
Il fut inauguré triomphalement par l’empereur et l’impératrice le 25 août 1860 après la révolution incarnée par le percement de la rue Impériale et de la rue Princesse Eugénie. Après les massacres dont elle avait été victime – plus de 60 000 personnes assassinées par l’ignoble Fouché en quelques mois – Lyon était redevenue fière. Napoléon Ier avait voulu que depuis 1807, on forma à l’Ecole des Beaux-Arts des artistes pour dessiner des fleurs afin que les fabriques de soie en ornent leurs plus magnifiques étoffes. Le monde de la soierie eut son syndicat dans un monument qu’on a bêtement détruit sous Louis Pradel le bétonneur. Les habitants de cette ville, s’ils sont souvent chafouins savent aussi être ingrats et hâtifs dans leurs décisions. Pendant la conférence de presse, l’artiste Agatha Ruiz de La Prada qui signe l’affiche du Salon, vêtue comme une diva en fin de carrière dans cette Argentine mythique qui sera probablement évoquée par la prochaine Biennale d’Art Contemporain et, marraine de cette 6e édition du Marché des Soies, déclara que la soie tenait chaud. Noble déclaration qui remplit d’aise tout un parterre de journalistes incultes sous le regard de caïman impassible de Jean-Michel Daclin, adjoint préposé à faire des voyages et à dépenser vos sous. Agatha coiffé d’un kiki multicolore (c’est très classe de nos jours !…) assura la décoration du Palais pour l’événement. Je vous ai rien dit… Les exposants sont des dinosaures rescapés d’un terrifiant tremblement de terre qui emporta dans les oubliettes de l’histoire bon nombre de leurs confrères. Demeurent encore dans le brouillard lyonnais de frêles silhouettes historiques : Bianchini Ferier, Bucol, Malfroy et Million, Sfate et Combier, Tassinari et Chatel et même, pour nous donner des boutons la célèbre mercerie Cœur. Je suis passé devant un malheureux métier à bras qui avait un air assez pitoyable. Il renforça encore ce sentiment d’abandon de fin de cycle que m’inspira cette visite. Un carré édité à 400 exemplaires est mis en vente au profit de « Arts à l’Hôpital » pour l’Institut d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique de Lyon. Porté au cou de votre enfant un chiffon de soie, avec la neige cela peut-être utile.
6eme édition Marché des Soies – Lyon
Palais du Commerce jusqu’au 28 novembre 2010
Entrée 2€. Gratuit – de 18 ans
C’est quoi ce papier sur le marché des Soies? Je suis cette opération depuis sa première édition il n’y a rien à dire sauf qu’aucun buffet n’était prévu d’où l’ire des gratte papiers peut-être! Je vous en prie saluons les belles initiatives, soyeuses à souhait.