Pépinière d’entreprises créée en juillet 2020, le Carré by Voisin entend tirer profit de l’expérience de la chocolaterie éponyme pour galvaniser les start-ups inscrites en son sein. Lieu d’échanges par excellence, l’incubateur s’appuie sur une notion : le partage.

La gourmandise a beau figurer parmi nos sept péchés capitaux, résister à ses charmes est parfois déconseillé. Campé à deux pas des usines éponymes, le Carré by Voisin en sait quelque chose, croquer les chocolats à pleine dent lui ouvrant les portes d’un tout pêché : l’envie. L’envie de réussir, sans luxure, mais par simple plaisir de se développer. Là est la faim de l’histoire, dont les premières lignes ont été rédigées au détour d’une soirée du MEDEF Lyon-Rhône. Une réception au cours de laquelle, l’un des instigateurs du projet, Simon Adjedj, n’a pas hésité à faire bouger les murs. De son entreprise pour commencer. Puis ceux de ses… voisins, débarqués au fil d’une amitié naissante, tissée avec Franck et Romain Boucaud-Maitre, dirigeants de la chocolaterie.

« Ils m’ont dit : on aime ton projet, viens avec nous. Ils m’ont accompagné pendant deux ans (de 2018 à 2020, nldr), puis des locaux attenants se sont libérés… », raconte le fondateur de Book my Music, spécialisé dans l’événementiel. Refaites à neuf par les anciens locataires, les pièces n’ont pas tardé à lancer l’appel du rassemblement, à l’heure où les planètes commençaient à s’aligner. « Sophie Anaf cherchait des entrepôts. Je lui ai parlé des locaux et je lui ai demandé si nous les prenions. Elle m’a dit ok, on fait un truc ensemble », poursuit-il.

Gustuvo Moreno Mena, Simon Adjedj (Book my Music) et Sophie Anaf (La Belle Bouse)

200m² de bureaux 

La vertu d’un entrepreneur étant de voir l’avenir, le duo n’aura guère tardé à voir les choses en grand. À commencer par l’acquisition de ces bureaux de 200m². « C’était trop grand pour nous. Du coup, on a eu l’idée de monter ce projet et on en est venu à créer une association en juillet 2020 : Carré by Voisin », relate la fondatrice de La Belle Bouse, conquise par cet écosystème particulier. Depuis, comme on fond pour les tablettes de la maison Voisin, les occupants*, succombent à l’élégance de cette pépinière, où le goût du partage et de l’entraide se marient aux qualités de chacun.

« L’idée est de s’entraider en partageant notre réseau pour se développer plus rapidement. On voulait retrouver cette ambiance de partage, sympathique au quotidien, que l’on peut retrouver dans un incubateur classique, tout en évitant d’être dans un espace de coworking. On a nos bureaux fermés. Ici, on est mieux », affirme Sophie Anaf. Fermé ne voulant dire enfermé, le Carré by Voisin reste néanmoins attaché à la promiscuité et à la construction de discussions informelles.

Les locaux de Carré by Voisin établis à deux pas de la chocolaterie.

Un échange de bons procédés entre jeunesse et expérience

En effet, si les marges sur les loyers participent à l’élaboration d’événements participatifs, l’association d’entreprises s’enrichit surtout des compétences de son partenaire principal, dont les connaissances demeurent un terreau fertile pour le développement. « Voisin a envie de partager son expérience. Ils sont très investis, ils nous ouvrent des portes et nous permettent de gagner en crédibilité. Pour eux, l’idée est d’apporter un coup de main, de la légitimité. Pour résumer, on paye un loyer (entre 450 et 700€, ndlr) et à côté de ça, on fait des échanges. Mais c’est aussi intéressant pour eux d’avoir des jeunes à leurs côtés », évoque Simon Adjedj. « Il y a des synergies qui se créent. Grâce à eux, on va peut-être trouver des solutions pour s’agrandir.

En côtoyant ces gens, on comprend mieux la culture de la création d’une société », complète Sophie Anaf. Une concordance naturelle, perceptible à chaque rencontre, que les vents les optimistes nous laissent imaginer un déploiement plus profond. « On a plein de demandes, mais pour l’heure, on n’a pas la place pour accueillir de nouvelles entreprises », conclut le duo. L’idée glissée dans les turbines et les pensées du chocolatier, le Carré by Voisin y voit déjà une certaine forme d’épanouissement. Preuve que la gourmandise n’empêche rien. Après avoir goûté au succès, difficile de s’en passer.