Texte : Morgan Couturier. Deuxième plus gros foyer de dépense derrière l’achat de logement, la voiture tient une importance particulière aux yeux des particuliers. Forte de ce constat, la la start-up Proovstation est en mesure de scanner en 3D tous les véhicules, de manière à déceler la moindre imperfection. Tout cela, en trois secondes.
Chaque matin depuis près de trois ans, la prophétie est en route. Elle est même dessinée à même les murs, rappelant quotidiennement aux dirigeants et aux employés les ambitions de la maison. « Soyez légendaire », ni plus, ni moins, telles sont les aspirations de Proovstation, jeune pousse créée en septembre 2018, dont les inspirations américaines poussent à rêver avec un grand R, en se laissant bercer par l’idée qu’il est possible de chevaucher la route du succès à bord d’une mythique Ford Mustang.
Les modèles réduits de la bête sont là pour le rappeler, postés à côté d’une pensée tout aussi encourageante. « Si vous ne voulez jamais être critiqué, ne faites rien de nouveau », peut-on lire. Ce n’est pourtant pas le genre de la maison, Cédric Bernard, 30 ans, et Gabriel Tissandier, 28 ans, partageant l’envie de créer autant que l’audace de la jeunesse. À côté, la passion de l’automobile n’est jamais bien loin, le premier nommé baignant depuis tout petit dans l’huile des garages éponymes, quand son associé lui, s’essayait déjà à l’inspection automobile… par téléphone.
Des débuts dans un local à pneus de 15m2
« On a décidé d’aller plus loin, d’industrialiser et d’automatiser l’inspection automobile, ce que nous avons réussi à faire avec le produit Proovstation », expose Cédric Bernard, dont la connaissance du métier lui avait permis de pointer certains manques. Une « contrainte globale, liée à tous les secteurs de l’automobile », que le fondateur impute à un manque flagrant d’innovations. « Jusqu’à présent, l’inspection se faisait toujours comme mon grand-père la faisait. C’est un métier qui n’a jamais évolué, qui est toujours resté manuel, donc chronophage, cher et partiel, puisqu’il était difficile d’avoir toujours le même niveau de précision », détaille-t-il.
Un constat aujourd’hui révolu, les portiques de l’enseigne scannant le véhicule en moins de trois secondes, pour finalement livrer un bilan précis en 45 secondes, là où les méthodes les plus archaïques nécessitent à minima une demi-heure. « Nous nous sommes concentrés sur ce qui était contre-productif, à savoir les dégâts et les impacts présents sur toute la partie extérieure ou en dessous. Nos portiques permettent ainsi d’avoir un outil qui peut tout faire de manière automatisée », détaille Cédric Bernard.
9 millions d’inspections réalisées à l’année
Le temps étant de l’argent, à plus forte raison dans un univers où la « notion de responsabilité est importante », Proovstation vient apporter de l’efficacité, une plus-value non-négligeable pour tous les acteurs de la chaîne automobile, qu’il s’agisse du constructeur (pour le contrôle qualité en bout de chaîne, ndlr), des métiers de la logistique, ou des groupes de distribution-réparation. « La voiture, c’est le seul produit fini qui est livré sans être emballé. Quand il y a un dommage dessus, ça chiffre vite. Alors dès que la voiture se déplace d’un point A à un point B, il faut savoir qui potentiellement a fait le dommage », livre l’entité lyonnaise, dont les connaissances sont quémandées un peu partout dans le monde, et ce, malgré une commercialisation officialisée aux prémices de l’année 2020. En plein Covid…
Une levée de fonds de 10 M€ prévue
Qu’importe, Proovstation a réussi ses débuts, avec pas moins de 80 portiques installés aux quatre coins du monde, dont 6 ont trouvé place dans l’Hexagone (le groupe Charles André en détient un à Corbas). À raison de neuf millions d’inspections effectuées à l’année, voilà donc la société lyonnaise assise sur une mine d’or, tout portique étant facturé 5000€ par mois. Un montant conséquent, que Proovstation pourrait être amenée à abaisser, histoire d’alpaguer quelques clients supplémentaires. À commencer par les garages. « On aimerait sortir un modèle plus light (facturé entre 2000 et 2500€ par mois) », estime Cédric Bernard.
Une promesse ingénieuse pour laquelle Proovstation se dit prête à miser quelques jetons, le but étant de consolider un leadership européen parfois contesté. Ceci fait, la start-up pourrait alors renouer avec ses plus beaux rêves américains. Un marché prolifique, où la demande se fait chaque jour plus importante. « Ils viennent nous chercher », garantit-on. Un oiseau de bon augure, alors que les Américains restent attachés à un principe : « l’ambition n’obéit à aucune loi ».
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