Photos © Fabrice Schiff
Par Alain Vollerin
Comme chaque année depuis la déconfiture de Charles Millon, puis de Dominique Perben, ce furent Gégé et Quéqué qui se livrèrent à des numéros de bonimenteurs de foire capables de vous vendre des onguents qui font repousser les cheveux ou des pommades à faire sourire les grincheux (comme moi…), et autres poudres de perlimpinpin.
Quéqué alias Jean-Jack Queyranne, président du Régional Conseil est ce monomane qui fit construire ce mégalomaniaque carton à chapeau qui servira désormais de siège au Conseil Régional. Un gigantesque furoncle, beau comme un camion renversé sur une autoroute un jour de gadoue. C’est l’impression générale que nous laisse la Confluence, du n’importe quoi architectural à tous les niveaux. Une gabegie, un sinistre handicap pour les générations futures que laisseront ces deux manipulateurs après leur départ. On recouvre les immeubles d’une "peau" – attitude germée dans l’esprit de Renzo Piano qu’on voit reprise par tous les suiveurs en mal d’inspiration. Quéqué et Gégé voulurent faire du Chabert (Henri) et se mettre bien avec les architectes régionaux. C’est raté. On a recherché des noms Portzamparc et Cie pour un massacre organisé avec une ridicule frisette de camping sur toutes les façades, alors qu’on ne sait plus les protéger. Elles seront hideuses et noires à cause de la pluie et de la neige, à la fin du prochain hiver. Une véritable cata, un naufrage. Gégé et Quéqué sont des enfonceurs de portes ouvertes. Ils approchent la Mondialisation "à partir de leur propre culture". Bravo ! Et comment faire autrement. Ah ! Ces intellos… Quéqué se voit bientôt ministre de la culture. Grand sinistre !… Il parle comme il cause, comme aurait dit Frédéric Dard. On a envie d’ajouter : "Tais-toi quand tu parles".
Toutes ces interventions démagogiques furent jugées miteuses par un large public venu (toujours des promesses) pour ripailler. La Biennale, ils s’en foutent. C’est de la bière et du casse-croûte qu’ils voulaient. Hélas ! Il n’y en avait pas assez. Serait-ce la Crise ? Pas pour tout le monde, Quéqué est dispendieux avec les deniers publics. Il a dépensé sans compter pour son blockhaus, et pour l’exposition "Les Enfants Terribles" actuellement dans les locaux du Conseil. Prochain invité, le peintre Jacques Truphémus. Le prix du catalogue. Je vous le dis pas. Si Quéqué était au gouvernement avec Titine Aubriette, je vous passe les déficits abyssaux. Dans la salle, il y avait des visages sympathiques du genre qu’on voudrait pas croiser la nuit, des fonctionnaires aux premières places, à se congratuler en gloussant comme des poules d’eau (il y en a énormément dans la ville aux deux fleuves). Sylvie Burgat directrice des Biennales, l’autosatisfaction incarnée, toujours souriante, Nadine Gelas la modiste habillée des vêtements de Belphégor, comme sa copine Laurence Renaudin qui, elle, ajoute le maquillage approprié. Au fait, quel est le dément qui eut l’idée d’inaugurer au 4eme étage ? Et ces odieux escaliers métalliques obséquieux, grotesques et onéreux. Le ministre dénoncera d’ailleurs "l’inquiétante familiarité de la ville". Après un passage à la Sucrière, on comprend. Bernard Rivalta qui avait l’air de sortir de table à 18h 50. Un coutumier du fait, un vrai gastronome, toujours dans les meilleurs estaminets. Mais qui paie les notes de frais ? Abraham Bengio (ex-Drac, mais qui se souvient ?) et sa fausse allure de philosophe et de pâtre grec. Elisabeth Queyranne excellente conférencière, dont on lit sur les traits la profondeur de son intériorisation. Cela ne s’invente pas.
Rien à dire sur Képé (attention aux charmes de la gastronomie lyonnaise !…) tenu au silence par le bavard Gégé. A un moment, il discutait avec un revenant (ils pullulaient ce soir-là) Patrice Béghain qui avait l’air de lui donner des conseils, et peut-être même des leçons. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Parmi eux, le peintre au blanc, Christian Lhopital. Qui fut longtemps au banc dans la marge. Pas le petit blanc, mais le grand blanc, comme les meilleures ménagères. Toujours admirable et hiératique, le temps semble ne pas avoir de prise sur ce jeune homme. Jean-Pierre Michaux qui sait toujours donner le change, provisoirement revenu de Suisse, c’est un grand voyageur, Gilles Blanckaert le collectionneur sans collection, et Vincent Dargent le photographe savant actuellement honoré avec Charles Delfante, surnommé le : "je sais tout sur l’urbanisme dans le monde, mais heureusement pour vous, je suis en retraite". Il a beaucoup sévit sous Pradel. Quel bonheur de rencontrer des minois si accueillants ! Ces beaux messieurs, toujours très complices évoquèrent la "démonstration culturelle à l’œuvre dans l’agglomération". On en voit la preuve par neuf à la Confluence. Parfois, il serait préférable d’être inculte, et de le rester.
Puis, ce fut le tour du ministre (le vrai, cette fois) Frédéric Mitterrand qui tenta de faire de l’éclat dans son costume inspiré par le père des fils Guérini, Mémé le résistant. Pourquoi les hommes politiques de droite et de gauche s’habillent-ils comme Al Capone ? Y aurait-il un lien ? L’habit fait-il le moine ? Mais, non… Frédo évoqua une Biennale d’auteurs, sans recherche d’effets médiatiques. C’est incontestable. Il cita le regretté Harald Szeemann qui fut entre autres compétences, commissaire d’une Biennale de Lyon (L’Autre) qui disait qu’il fallait "modifier les règles de la Connaissance". Avant de céder la place à la grande et brune Victoria Noorthorne, Thierry Raspail, directeur artistique, nous promit "un futur harmonieux, si la beauté est terrible" après avoir beaucoup développé sur le parcours intitulé Véduta, auquel il est très attaché. Victoria insista sur le respect fondamental des artistes qui règne au bureau de la Biennale (c’est exact) et nous confia qu’elle était heureuse. Nous en fûmes tous ravis. Quelle bonne nouvelle ! Elle remercia son mari, très attentionné. Encore un vrai bonheur. Et, toute l’équipe de la 11e Biennale si agréable et prévenante. Que du plaisir ! C’est merveilleux !…
Ensuite, nous vîmes surgir Erick Roux de Bézieux, la culture faite homme, rayonnant derrière sa barbiche. Avec Gégé et Frédo, ils honorèrent Dominique Petitgand (spécialiste de l’écoute sonore. Quand on pense à la récente affaire entre le Monde et Claude Guéant ça fait peur) le récipiendaire du prix de l’artiste francophone conçu par la Maison de la Francophonie (Mondialisation quand tu nous tiens…). Un absent remarqué, Bruno Vernay dont on est sans nouvelles. Si vous en avez, envoyez un petit mail. Michel Havard assistait en souriant à toutes ces truculentes congratulations. Tout comme Emmanuel Hamelin dont on dit, peut-être injustement, qu’il est trop gentil pour faire un bon candidat à la mairie de Lyon. Le sculpteur Alain Lovato qui fut serrurier (il n’y a pas de sot métier) représentait la Mapra. Les galeries lyonnaises de qualité étaient symbolisées par Yves Combet et Pascal Laguerre. A deux pas, sous la tente, Docks Art Fair rendait hommage au monde des marchands. Peu de Lyonnais, sont-ils trop médiocres ? On vit aussi Franck Ponsonnet qui ne manque pas de bonne volonté, mais l’apprentissage est long. Dame, il y a tant à connaître. J’ai même croisé un véritable faux-frère, Yves Casile l’ex-styliste talentueux, et son épouse Nathalie, pour laquelle, il se sacrifia vaillamment. Tous deux animent une boutique chic rue Bonaparte à Paris. Avec eux, l’authentique et très sympathique neveu de Jean-Michel Daclin, Jean-Charles. Gilles Chavassieux (les Ateliers) était venu prendre une leçon de mise en scène. Jean-Christophe Larose, l’un des promoteurs de la Confluence dont on a beaucoup parlé sur certains supports de presse à scandales, était ravi.
J’ai visité cette 11e Biennale avec Bernard Clarisse, l’artiste dont j’expose les œuvres (les mégalos) à la Galerie Nouvelle Echelle d’Or, et sa ravissante épouse Pascale. Dès l’entrée, il me dit avec un large sourire rassuré : "Y’a des œuvres !". Comprenne qui pourra. Ceci me rappelle Jean-Louis Manoa le maître cuisinier du Mercière, dégustant un beaujolais de chez Dutraive à Fleurie, et déclarant : " y’a du vin !…" Je vous recommande un passage à la librairie de la Biennale où sévit efficacement une équipe soudée et intelligemment déjantée : Jean-Louis Musy, Nicolas Courty, Valérie Olive et Thierry Bonnan. Ils gèrent aussi la librairie du Mac. A ce propos, nous avons remarqué l’élégance d’Isabelle Bertolotti complice de Thierry Raspail. A voir, l’œuvre débordante d’Eduardo Basualdo qui fait référence à un anus monumental, selon les explications que m’apporta une collectionneuse vivant à Buenos Aires, Patricia Vergez en présence de l’artiste et de Thierry Raspail. Un truc se dévide évacuant un liquide rougi. Titre de l’œuvre " le Silence de l’incidence ". Sublime ? Non !…
Plus loin, des zizis tous roses ou presque imaginés par Marina de Caro. Comment ne pas évoquer Tracey Rose que nous avions vue à Venise, en 2001 ? Incapable de la moindre concession, elle fait la chasse aux machos juchée sur un âne, un braquemart géant sur la tête. Une Biennale sexy, puisque Laura Lima effaroucha plus d’une jouvencelle et quelques douairières, par la nudité de ver de terre du performeur, sorte de DSK des arts plastiques qui tirait désespérément sur de longues attelles, ce qui avait pour résultat de développer exagérément ses attributs sexuels. Sylvain Gérard, un des nombreux gardiens, nous offrit une description de l’œuvre de Roberto Jacoby "le fil rouge de l’histoire". Il s’agit de 400 billets de 5€ posés sur une stèle qui iront à la Fondation des enfants d’Izieux à la fin de l’exposition. Imposante présence de Robert Kusmirowsky et son atelier, au-dessus duquel, on ne peut que se souvenir des travaux de Christian Boltanski. Bernard Clarisse en finira en me disant : "C’est une foire à tout… Un véritable Disney Land pour enfants bizarres." Oui ! L’Art contemporain est le reflet de notre époque. Folle, injuste, violente. Il s’offre aux regards des bourgeois, des ouvriers, des profs, des étudiants, des ecclésiastiques, des athées, des croyants, des membres du barreau (surtout eux…), etc… sans que les discours lénifiants de Gérard Collomb et Jean-Jack Queyranne ne parviennent jamais à les rassurer, bien au contraire. Ils les inquiètent, les angoissent à jamais.
Une légère critique : dommage que les vidéos ne soient pas toutes traduites en français. En descendant les escaliers, je vis François Hollande venu pour un meeting, serré de très près par Gégé et Quéqué, et cerné par une meute de journalistes avides (les chiens comme les nommait François Mitterrand). Je m’écriais : "Mes amis, les voici, les véritables artistes !… Admirez leur talent. Ils sont là ! Que croyez-vous que fit ce candidat à la candidature pour l’élection présidentielle ? Le coup du père François, bien entendu. Il s’élança sans retenue, comme le Titanic sur son iceberg, pour venir s’échouer sur ma modeste bedaine, prêt à m’embrasser. Je ne vous dirai rien des mots que nous avons échangés. Ils sont secrets. Vive la Corrèze !… Sur ce, nous filâmes chez Nicolas Le Bec plus présent que jamais dans sa bonne ville de Lyon qui finira par l’adopter totalement, et l’aimer, comme il le mérite… Pour conclure, ne manquez sous aucun prétexte la visite de cette 11e Biennale. Elle réserve toujours d’insoupçonnables aventures…
Merci Alain Vollerin, en deux minutes le tour de cette petite ville est fait.
Mouais, c’est pas terrible. Alain Vollerin, il est réduit à écrire pour Lyon People mdr ! Et se venge des autres médias lyonnais. Et des élus qui ne l’ont pas aidé. Sacré microcosme.