Propos recueillis par Eva Bourgin. La fondatrice de l’entreprise Merci Maman et conseillère municipale de Lyon Béatrice de Montille rend hommage à la reine Élisabeth II. L’occasion de revenir, avec elle, sur sa rencontre avec la souveraine lors des Queen’s Awards.
Lyon People : Comment avez-vous réagi face à l’annonce du décès de la reine Élizabeth II ?
Béatrice de Montille : J’ai vraiment ressenti une grande émotion, j’étais à Fourvière à ce moment-là. Je suis sortie du vœu des échevins quand je l’ai su, j’ai trouvé que c’était un endroit symbolique pour apprendre le décès de la Reine, elle qui s’est si engagée pour son pays. J’étais entourée des élus et des Lyonnais qui célébraient cette belle tradition. La reine est pour moi un symbole, le poids d’une histoire ancrée dans le présent pour préparer l’avenir. Le vœu des échevins est évènement à Lyon assez unique. Lorsque les gens l’ont su la programmation a été changée, le ciel était couvert et André Manoukian a interprété « Amazing Grace ». C’était un moment hors du temps, j’étais très heureuse de l’avoir appris dans ces conditions.
Comment avez-vous appris la nouvelle ?
Je l’ai appris par mes équipes de Londres. Ils attendaient avant de l’annoncer dans les médias apparemment. La nouvelle est tombée à la sortie de la messe des échevins. J’étais entourée de gens qui étaient engagés dans la vie lyonnaise et qui sont tous engagés dans le présent.
En 2017, vous remportez le trophée Queen’s Awards dans la catégorie commerce international. Vous avez pu rencontrer la reine Elizabeth. Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’est un souvenir inoubliable. Je suis très émue d’en reparler et de revivre ce moment. On a échangé sur notre parcours entrepreneurial avec mon mari Arnaud. Ce qui m’a le plus touché c’est qu’une femme est venue me voir lors du cocktail et m’a parlé de mon entreprise. La reine lui avait raconté mon histoire, que nous faisions des bijoux personnalisés et que deux de ses petites-filles portaient ces bijoux. Elle était attentive et avait une écoute très active. Elle avait déjà 92 ans. Le Queen’s Awards permet d’apporter une vitalité dans le monde économique anglais. On a eu pas mal de retombées presse et ça a apporté une certaine légitimité à mon entreprise.
Comment était-elle ?
Quand je l’ai vu arriver en face, j’avais l’impression de la connaître. Peut-être parce que j’ai vu son visage de nombreuses fois. Je sentais déjà une proximité. Elle dégageait un immense respect, de la solidité et une force tranquille. Après il y avait une certaine distance qui s’imposait physiquement. On réalise vraiment qu’on est en face d’elle. Je me rappelle encore son rouge à lèvre impeccable.
Est-ce que cette rencontre vous a ouvert des portes par la suite ?
Quand on gagne ce trophée, on a le droit de mettre le logo Queen’s Awards partout sur notre packaging et sur notre communication. C’est un gage de solidité qui conforte votre business, et c’est très fort en termes d’esprit d’équipe.
Après la soirée, on a récupéré notre équipe dans un bus à double étage dans une bonne ambiance. Elle sortait d’un pub, on s’est déguisé et on a fini la soirée dans l’est londonien. On a aussi eu la visite d’un représentant de la reine dans nos bureaux. Il venait nous remettre le trophée physiquement. Ce sont des bénévoles investis par la reine qui sont chargés de la représenter. Il a échangé avec nous sur le monde économique du pays avec notre équipe. C’était un deuxième moment fort. Trois ans après, on a repostulé, et on a remporté une deuxième fois le trophée, c’est là qu’on a rencontré le roi de Charles III.
Que pensez-vous du successeur de la Reine ?
Ce sera différent, ce sont des personnes avec deux caractères distincts. Je pense qu’il s’est préparé depuis longtemps. La reine laisse derrière elle une situation très apaisée. Quand j’étais plus jeune, je me souviens qu’il était assez avant-gardiste sur les questions écologiques. Je pense qu’aujourd’hui, il a envie de tenir ce rôle de roi. La reine part en connaissant le roi suivant. Je trouve ça fabuleux de la voir partir comme ça, c’est une belle révérence. Elle laisse derrière elle une situation qui est préparée. Cette monarchie apporte au pays une unité, une confiance en soi et une sérénité.
Vous avez eu l’honneur de rencontrer le prince Charles, quelle impression vous a-t-il laissée ?
Il était extrêmement sympathique, j’ai pu lui dire que les Lyonnais avaient été ravis de l’accueillir en 2018. Il avait été bon vivant avec les commerçants des halles. Je lui ai dit aussi que j’étais très reconnaissante de l’Angleterre, là où j’étais devenue auto-entrepreneur. Recevoir une 2e fois ce trophée était porteur de sens.
Quels changements peut-il apporter ?
La reine était si emblématique, forcément le fait d’être roi sera différent. Je ne peux pas me prononcer sur les changements mais je suis certaine qu’il a réussi à prendre sa place. Dans la série The Crown, le Roi lorsqu’il était plus jeune doutait de sa capacité. Mais actuellement, je suis sûre qu’il va réussir.
Vous avez encore des attaches à Londres, où vous avez vécu 15 ans. Pensez-vous que le pays va réussir à tourner la page ?
Je trouve que tout le protocole est fait d’une manière à ancrer les choses et à institutionnaliser les choses. Il permet de se projeter dans une nouvelle ère. C’est assez fluide et ça permet au nouveau roi Charles III d’être très bien introduit.
Allez-vous assister aux funérailles de la Reine Elisabeth ?
Je ne serai pas à Londres mais je serai de tout cœur avec la famille.
Allez-vous voir sa dépouille ?
Je ne vais pas y aller, mais je penserai très fort à la famille royale.
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