De notre envoyé spécial Marco Polisson – Le président écologiste de la Métropole de Lyon s’est rendu la semaine dernière à Dakar et rien n’a filtré de ce déplacement hautement stratégique et diplomatique. Vous ne trouvez pas ça étrange ?
Un communiqué et puis (presque) plus rien. Bruno Bernard et sa vice-présidente aux relations internationales Hélène Dromain ont passé 4 jours à Dakar, dans le cadre de la 18e conférence de l’association de Coopération pour le développement et l’amélioration des transports urbains et périurbains. Ce voyage a fait l’objet d’une communication minimaliste, à savoir un communiqué, et puis basta. On se demande bien pourquoi…
Dans le texte écrit par l’attaché de presse Régis Guillet, et envoyé aux rédactions lundi 3 octobre à 9h17, on apprend que le président de la Métropole « est arrivé à Dakar, capitale du Sénégal, pour participer aux travaux de la dix-huitième conférence de la CODATU. Organisée du 3 au 7 octobre, cette Semaine de la Mobilité Durable et du Climat rassemble les acteurs africains de la mobilité et du climat et des experts internationaux. » Dont fait bien entendu partie Bruno Bernard… qui a installé le chaos automobile dans toute la métropole.
Nous avons essayé d’en savoir plus sur ce voyage de la plus haute importance pour les relations diplomatiques entre la France et le Sénégal. Nous avons donc envoyé un mail à notre ancien confrère* pour connaitre les modalités de cette escapade : nos questions d’une simplicité enfantine n’ont sans doute pas été comprises par le cabinet du président de la Métropole, car aucune réponse n’est arrivée dans notre boite mail. On va donc les publier ici-même pour que vous puissiez vous faire une idée de la complexité de la tâche :
Notre mail ayant directement atterri dans la poubelle verte, nous avons reconstitué le bilan (carbone) du voyage présidentiel.
On peut d’ores et déjà exclure que nos deux pèlerins de l’apocalypse climatique soient partis en train de nuit, en vélo ou en cargo. Ne reste donc que l’avion, pourtant honni des écolos. Il n’y a pas de vol direct entre Lyon et Dakar. Selon toute vraisemblance, ils ont donc embarqué depuis Roissy CDG. Le vol qui dure 5h40 coûte, à cette période, 1 200 euros en classe éco et 2 814 euros en business. Quelle que soit l’option choisie, le bilan carbone reste le même : 332 litres de kérozène et 699 kg CO2 par passager… Pas très green tout ça…
Sur place, où sont-ils descendus ? Mystère ! Qu’ont-ils fait pendant trois jours ? Mystère ! Le jeudi 6 octobre à 11h52, Bruno Bernard poste un tweet mentionnant – à posteriori – sa présence à la conférence où il a pu « exprimer la stratégie de la Métropole de Lyon et du SYTRAL mobilités pour améliorer les mobilités durables. » On n’imagine pas à quel point que son intervention a dû impressionner les congressistes ! Il est amusant de constater qu’à aucun moment, dans ce tweet, Bruno Bernard ne mentionne qu’il est à Dakar…
Notre expert international était de retour jeudi dans la capitale des Gaules. On l’a aperçu vendredi soir au Groupama Stadium, trônant en tribune présidentielle à côté de Jean-Michel Aulas, pour le match de OL – Toulouse où sa présence n’a visiblement pas porté chance aux joueurs de l’OL, ni au coach Peter Bosz qui s’est retrouvé au chômage le surlendemain. Sur injonction du cabinet, sa vice-présidente s’est, quant à elle, abstenue de toute communication sur ses réseaux sociaux…, ce qui est totalement inhabituel. Alors ?
LE SYNDROME GREGORY DOUCET
Si les écologistes se sont montrés aussi peu diserts sur ce voyage, c’est en raison de la jurisprudence Doucet. Mi-août, l’éphémaire de Lyon avait abondamment communiqué sur son voyage à Kiev et sa vigoureuse poignée de mains avec Vladimir Zelenski. On avait alors appris qu’il s’était rendu sur place en avion, alors que quelques jours plus tôt, il avait fustigé sur RTL les voyageurs empruntant ce mode de transport ultra carboné, selon lui.
Son crash sur le tarmac de l’aéroport Saint Exupéry à son retour, raconté sur notre antenne, avait ému (aux larmes) les internautes et contraint Sonia Zdorovtzoff, son adjointe aux relations internationales à un csc mémorable. Un traumatisme que n’avait aucune envie de vivre à son tour Bruno Bernard, l’Africain… Ce qui est à Dakar restera à Dakar…
* Avant de passer de l’autre côté du miroir et de travailler pour le Grand Lyon, Régis Guillet était journaliste, notamment à TLM
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