Propos recueillis par Marco Polisson – (Mis à jour) Deux militantes écologistes du groupuscule « Just Stop Oil » ont dégradé « Les Tournesols », une œuvre exposée à la National Gallery de Londres. Lyon People a recueilli les réactions de plusieurs personnalités de bord politique opposé.

S’attaquer à une œuvre d’art pour faire passer un message est une escalade de plus dans la surenchère en mode buzz. Ce vandalisme est-il délibérément encouragé par les écologistes au pouvoir à Lyon ? C’est oui pour Rémi Zinck, le maire EELV de la Croix-Rousse qui a, ce samedi 15 octobre 2022 à 7h47, posté un tweet sans ambiguïté : « Chacun s’émeut de l’acte choquant de jeunes militants aspergeant de soupe un chef-d’œuvre de la peinture muni d’une vitre, alors que le vivant est quotidiennement massacré par nos modes de production et de consommation. Chacun ses indignations. »

A l’heure où nous publions cet article, 68 twittos lui ont (vertement) répondu sur la toile, et à une exception près, il est loin de faire l’unanimité, surtout dans son propre camp. Et s’il ne faut en garder qu’un, ce sera celui de Thomas Scuderi : « On n’est pas non plus obligé de faire un acte débile juste pour le buzz. Nos combats écologistes ont tout à gagner lorsqu’ils sont portés avec intelligence. » La question que pose ensuite MdeConf63 est fort sensée : « Et c’est quoi la prochaine fois ? On brule les tableaux, les musées, les bibliothèques ? C’est ce qui se cache derrière ces activistes, ils veulent casser la société et passer en mode survivaliste. »

Rémi Zinck, qui s’était fait remarquer en début de mandature en accueillant .dans son équipe un écolo en tong le jour de leur investiture, est dans le même lignée que Sandrine Rousseau, plus caricaturale qu’une caricature. Elle-même justifie la dégradation de l’œuvre de Van Gogh ;  » L’action de ces jeunes avec de la soupe est hyper intéressante parce que très dérangeante. La colère monte chez les jeunes contre l’inaction climatique. Et ils ont raison d’être en colère. Vraiment » écrit-elle sur Twitter.  Issu de la société civile et devenu l’ayatollah du vélo, Fabien Bagnon – dont il est intéressant d’observer la radicalisation – est également dans cette mouvance .

L’adjointe à la culture du maire de Lyon se désolidarise du maire de la Croix-Rousse

Alors que la menace d’actions similaires pèse sur les musées lyonnais, Nathalie Perrin Gilbert se désolidarise clairement de Rémi Zinck. Interrogée par Lyon People au sujet de ce tweet, l’adjointe à la Culture du maire de Lyon (photo ci-dessus) nous a adressé une réponse sans équivoque. La voici, in extenso :
« Vous dire que :
– je ne partage pas le point de vue du maire du 4e. Cet acte « militant » est gratuit et ne résout rien.
– l’usage abusif des réseaux sociaux favorise les réactions à l’emporte-pièce. »
Les fans de l’ancienne maire de Lyon 1^er ne seront pas étonnés de cette liberté de ton. Une liberté dont a, en son temps, beaucoup souffert Gérard Collomb, qui avait mis sur orbite cet ovni de la politique lyonnaise, tombée, pour des raisons électoralistes dans le camp des Verts lors des élections municipales de 2020. Leurs relations sont toujours loin d’être apaisées.

A la différence des autres adjoints (Audrey Hénocque exceptée), il faut reconnaitre à NPG le mérite d’avoir pleinement investi sa délégation à la Culture après des débuts chaotiques placés sous le sceau du copinage subventionné (notamment en faveur de l’hebdomadaire Le Petit Bulletin). A la différence de Grégory Doucet (élu avec 17% des inscrits) qui n’a jamais su se départir de ses haillons de militant pour endosser le costume de maire de tous les Lyonnais, comme ses adjoints le touriste Mohamed Chichi (sécurité) ou l’arrogant Valentin Lungenstrass (mobilité), NPG est en train de marquer son territoire… en n’hésitant pas à prendre ses distances avec les khmers verts.

Patrice Béghain parle de « réaction débile »

Restera-t-elle dans nos mémoires aux cotés des grands adjoints à la culture de Lyon que furent André Mure, Denis Trouxe, ou Patrice Beghain ? Il est encore trop tôt pour le dire car il n’est pas sûr que l’éphémaire de Lyon lui prête vie. Néanmoins, elle s’inscrit parfaitement dans les pas de Patrice Beghain (photo ci-dessus), interrogé cet après-midi par Lyon People à propos de l’action des deux militantes écolos.

« Cette réaction (celle de Rémi Zinck, ndlr) est aussi débile que l’acte de ces jeunes sottes. Elle est surtout indigne d’un élu qui appartient à un exécutif qui a, entre autres, pour mission de sauvegarder et de transmettre les collections d’art de la Ville de Lyon. Comment réagira-t-il lorsqu’on s’en prendra à un des chefs-d’œuvre du musée des Beaux-arts. Quel témoignage de mépris pour tous les fonctionnaires qui prennent soin du patrimoine artistique de Lyon. » assure, depuis son refuge du sud-ouest, celui fut l’adjoint à la Culture de Gérard Collomb de 2001 à 2008.

Chef de file de l’opposition lyonnaise, le maire de Lyon 2ème, se dit « indigné par le comportement du Maire du 4e. Il légitime cet acte de violence contre la culture. Cela peut encourager certain militants écologistes à avoir un comportement identique en France. Nous devons protéger la culture et non la combattre. » dénonce Pierre Oliver, interrogé par Lyon People.