Texte : Marco Polisson – (Article mis à jour avec la réaction du Président de l’UNIS) La guerre que mènent les écologistes et leurs alliés d’extrême gauche contre l’automobile ne saurait faire oublier l’offensive constante, plus discrète et plus sournoise qu’ils entretiennent contre les professionnels de l’immobilier. Un nouvel épisode de la série beauf #Lyon écolo.
Personne, dans ce secteur d’activité, n’a oublié les décisions idéologiques, en matière de préemption, prises en dépit du bons sens (notamment rue Bugeaud) pour empêcher les marchands de biens de travailler, ni l’encadrement des loyers qui met dans le rouge, tous les mois, les petits investisseurs dont les remboursements de prêts sont désormais supérieurs aux loyers encaissés.
L’aversion des élus écologistes pour les acteurs de l’immobilier est en constante progression. En catimini, avec les élus métropolitains, la Ville de Lyon a décidé d’instaurer une taxe d’aménagement majorée (+20%) sur tous les terrains vendus à la petite Guille* et à Gerland de façon à freiner « l’enrichissement sans cause des propriétaires fonciers de ces quartiers et stopper le far-west foncier par un développement organisé et socialement juste » dixit Raphaël Michaud, lors du conseil municipal du jeudi 10 novembre 2022. Dans l’esprit de l’adjoint à l’urbanisme de Grégory Doucet, les promoteurs sont donc des cowboys…
« Le magot est sous nos yeux ! » Raphael Michaud, adjoint à l’urbanisme
« Chaque mètre carré privé construit nécessite 400 euros du m2 d’investissements publics dans ces quartiers. Comment financer ces investissements municipaux massifs ? s’interroge l’adjoint écologiste dans sa petite veste grise étriquée. Et d’employer, en guise de réponse, les expressions les plus caricaturales, tout droit sorties du petit livre rouge du camarade Jean-Luc Mélenchon et notamment celle-ci : « Le magot est sous nos yeux ! » Sous-entendu : Et nous comptons bien nous servir !
Le commissaire politique Raphael Michaud, adjoint à l’urbanisme de l’éphé(maire) de Lyon
De retour au crachoir après les protestations de l’opposition (lire plus bas), l’adjoint à l’urbanisme dit « assumer pleinement l’absence de transparence appliquée sur cette mesure. Il ne s’agit pas d’afficher une fausse candeur, on est face à un marché immobilier relativement impitoyable et si on avait eu une transparence totale sur les éléments de calcul qui allaient être votés par la Métropole puis par la Ville, on aurait clairement un effet d’aubaine et un effet d’évitement qui aurait pu être déclenché.(…)
« Sur ce volet transparence, face à des acteurs de l’immobilier qui sont vraiment sans aucun scrupule, nous assumons ce besoin de réguler le marché. » poursuit l’élu écologiste.
Des professionnels sans scrupules assis sur un magot, telle est la vision que porte l’adjoint à l’urbanisme de la Ville de Lyon sur les promoteurs, premiers visés par cette insulte, tout comme les agents immobiliers et in fine les propriétaires des terrains. Ils apprécieront être traités de la sorte, une grande et triste première !
Mis en difficulté durant toute la séance du conseil municipal, notamment sur leur projet de piétonnisation de l’avenue des Frères Lumière et du dîner de Laurent Wauquiez au sujet duquel Pierre Oliver a mouché la socialiste Sandrine Runel, (comme le rapportent nos confrères de Lyon Mag), les écologistes en sont réduits aux invectives et à la caricature.
L’opposition n’est pas restée sans réagir à cette nouvelle polémique. « Cette délibération est déjà passée au conseil métropolitain en septembre, c’est donc devant le fait accompli que se retrouve le conseil municipal de Lyon » a déploré Samira Bacha Himeur pour le Groupe Tout Lyon.
« Si le conseil municipal avait été invité à donner un avis avant la décision de la Métropole, il aurait été effectivement intéressant de débattre, mais tel n’est pas le cas. Nous sommes donc là dans l’éloge de l’inutilité. Voilà typiquement une occasion manquée de sobriété.» Intervenant en 4 minutes chrono, pour le groupe de la Droite et du Centre, Béatrice de Montille (photo ci-dessus) a démonté, point par point, cette nouvelle contrainte qui ne sera pas sans conséquence sur le marché de l’immobilier.
« Sur la Petite Guille, secteur loin d’être les plus « huppés » de Lyon, où les prix de l’immobilier restent parmi les plus bas de la ville – ce qui donne une petite chance aux jeunes d’accéder à la propriété – vous allez faire supporter à chaque logement un surcoût minimum de 4 000 € (ce sont les 4,3 millions de recettes réparties sur les 1 030 logements). Cette somme peut paraître faible mais dans un contexte de tension forte sur les prix de l’immobilier et d’augmentation des taux d’intérêts, je pense les ménages concernés apprécieront énormément ! Le sujet de l’équité de cette mesure se pose !
Enfin, je ne peux pas terminer cette intervention sans m’arrêter quelques secondes sur l’argument surréaliste qui nous est servi : ce surcoût n’aura pas d’impact dans le coût final des logements mais sera pris en charge par les propriétaires fonciers. Il y a une telle disproportion entre l’offre de fonciers et la demande qu’il y a aucune chance que la charge foncière baisse. Le Cecim, observatoire de l’immobilier de notre agglomération, pointe la hausse de la taxe d’aménagement comme un facteur de hausse du prix des logements neufs.
Cette délibération est malheureusement une pierre de plus dans le marécage de votre politique du logement qui avec un empilement de contraintes va à l’encontre de l’objectif annoncé. » a conclu la conseillère municipale du 3ème arrondissement.
L’ensemble de l’opposition a voté contre ce rapport.
*Ce quartier de Lyon 8ème comprend les quartiers du Grand trou et Moulin à vent
Mise à jour du jeudi 17 novembre 2022
LA REACTION DE l’UNIS*
« Ce dérapage n’est pas acceptable de la part d’un élu local, qui se met à dos l’ensemble des acteurs économiques de l’immobilier.
Difficile dans ses conditions de parler de partenaires engagés.
Les professionnels de l’immobilier sont inquiets et les propos tenus par l’élu ne va pas les rassurer. »
Patrick Lozano
Président UNIS Lyon-Rhône
*L’Union des syndicats de l’immobilier (UNIS), est la première organisation professionnelle de l’immobilier par la diversité des métiers qu’elle représente : administrateurs de biens, syndics de copropriété, agents immobiliers, promoteurs-rénovateurs, experts immobiliers, gestionnaires locatifs, immobilier d’entreprise, mandataires indépendants…
Elles sont où les insultes ? « Sans scrupules » C’est ça tout le sujet de l’article ? 😀
Bonjour Toto,
Sans vous prendre la tête, si l’on s’en tient aux synonymes de « sans scrupules » données par le dictionnaire : malhonnêtes, sans foi ni loi, et sans morale, il s’agit bien d’une insulte.
Cordialement,
MP
Autant les écolos font n’importe quoi, autant le fait d’écrire que les petits investisseurs n’auront plus d’autofinancement par la perception de loyers me choque.
J’aimerais savoir où est l’investissement lorsque celui qui accède à la propriété se contente de percevoir une somme couvrant son « investissement », qui n’est finalement que la mise à disposition d’un pouvoir d’emprunt.
A méditer.
Hello Marco,
L’expression est péjorative oui, elle donne un sens défavorable… mais ce n’est pas insultant, c’est défavorable quoi :p
Un exemple d’insultes a été proposé par Hanouna dernièrement ^^
Perso ca me choque pas
ils sont fous et dangereux …..
C’est vrai que les immobiliers se gavent depuis des années à Lyon et ailleurs.
Une petite usine delabree achetée 60000 euros à Villeurbanne il y a 20 ans a été rachetée par un promoteur il y a 2 ans 2 millions d’euros .Combien va t’il gagner en vendant ses appartements ,?
Des cabinets d’immobilier s’ouvrent à tous les coins de rue .
Ce n’est pas pour rien .
Le pouvoir public a délaissé son rôle d’investisseur et de constructeur depuis de nombreuses années, préférant mettre les moyens ailleurs. Pire, il demande aux constructeurs privés de le faire à sa place en imposant une part de logement social dans les constructions neuves.
Et maintenant, il s’étonne que les prix flambent et réclame sa part du gâteau.
Tout investissement est une prise de risque: si c’était si facile, pourquoi est-ce que les entités publics ne le font pas alors? ou chacun au niveau individuel?
C’est très facile de critiquer quand on reste dans un bureau en attendant que son salaire, ou son indemnité d’élu tombe bien tranquillement chaque mois. Mais pour que cela existe, il y a des gens qui prennent des risques: ils investissent gros pour essayer de gagner très gros, rien de plus normal.