Texte : Morgan Couturier – Pilote Renault officiel, Julien Saunier brille sur les rallyes depuis ses débuts en 2004, au fil d’une conduite bien à lui. Dans l’intimité de son garage, basé à Lentilly, le driver lyonnais en profite pour aborder une passion dévorante, bordé d’innombrables voitures prêtes à chasser le chrono.
Ceux qui le suivent ont pris pour habitude de l’imaginer au volant de sa sublime Alpine A110, teintée d’orange. Sa couleur préférée. Alors à le voir se présenter, dépourvu de sa plus proche compagnie, une pointe de déception vient facilement se faire ressentir. Reste que la belle est excusée. Véritable étendard de la marque tricolore, l’intéressée s’avère être réquisitionnée le temps d’une exposition. Qu’à cela ne tienne, Julien Saunier a plus d’un tour dans son sac. Ou plus d’une voiture à son compteur.
Cela tombe bien, toutes ont une histoire. Et le pilote se dit ouvert à leur récit, autant qu’à son histoire. L’homme et sa voiture, point de départ d’un rallye autobiographique, où le rallyman doit aborder les différents virages de sa carrière. Sans note. Mais pied au plancher. Le Lyonnais connaît le terrain depuis l’enfance, dessiné autour des exploits de son oncle Jean Saunier ou son cousin, piqués tous les deux par l’adrénaline du sport automobile. Forcément, le trentenaire ne put s’empêcher d’en respirer le parfum.
« J’ai toujours su allier le résultat et le spectacle »
« Petit, ma mère me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais pilote. Je voulais faire ça et rien d’autre. Alors elle me disait que ce n’était pas un métier », s’en amuse-t-il. Bien des années plus tard, le Lyonnais brille pourtant de mille feux, le A d’Alpine, piqué sur sa combinaison. Une juste récompense pour ce dernier, nourri par la vitesse, au point d’avoir exploité en d’autres temps, la voiture de ses parents pour tester ses aptitudes mains sur le volant.
« Je prenais leur voiture pour aller en boîte de nuit. Pour s’y rendre, il fallait remonter les lacets du Mont Verdun. La route était magnifique. Alors pour moi, se rendre en discothèque, c’était presque une excuse », plaisante-t-il, expliquant à qui veut l’entendre, qu’il ne cassa jamais de voiture. Une démonstration par la force que le jeune homme tient pour lui, un certain talent. Et des aptitudes très vite remarquées. Par Peugeot d’abord, la marque au lion succombant aux prestations du Rhodanien, vainqueur pour ses débuts, d’un rallye jeune organisé par le constructeur.
Auréolé du statut de pilote officiel, Julien Saunier put alors passer la première. Las, la course au succès est sinueuse. Et plus encore, lorsque la compétition l’exhorte à se mesurer, pour ses débuts officiels, aux routes enneigées du Rallye Terre d’Auvergne 2004. « Dès la première spéciale, il y avait des voitures cassées dans tous les sens. C’était impressionnant ». Pas assez néanmoins, pour freiner la fougue d’un driver au « style spectaculaire ».
Un style tout en glisse, peu vénéré des managers, mais très prisé des spectateurs. De fait, si le team Peugeot finit par freiner sa progression, Julien Saunier sut se démarquer, au fil de performances accomplies au volant de sa propre Clio puis de sa fameuse Alpine (lauréate du trophée Alpine ELF Rally 2021, 4e au rallye de Charbonnières 2022). Une manière de toucher les cœurs et les légendes, dont l’illustre Jean Ragnotti, rencontré en 2012. « Il avait vu mes vidéos », glisse celui que « Jeannot » adouba rapidement, au point de l’ériger en parfait héritier à ses démonstrations sportives pour Renault Classic.
Ambassadeur et pilote du Rallye du Coeur
De quoi lui ouvrir l’accès à toutes les voitures de la maison, des F1 d’époque à la Renault 11 en passant par la R5 Maxi Turbo de son prédécesseur, victorieuse du Rallye de Corse 1985. « Pour un pilote, c’est un aboutissement. C’est une vraie reconnaissance », glisse cet ambassadeur de l’APPEL, une association lyonnaise dédiée aux enfants atteints de Leucémie. Une source de motivation supplémentaire, à l’heure d’aborder les prochains virages de sa carrière.
À la clé, une participation au prochain Rallye des Vins Mâcon (du 2 au 4 juin 2023) face à Sébastien Loeb ou Thierry Neuville, avant de basculer sur de nouveaux défis. En Rallye 2, dès l’an prochain. Dans les dunes du Dakar, très prochainement. « Ce serait bien de se préparer sur une autre épreuve avant », soutient-il, se gardant encore le bénéfice de la réflexion. Une rare prudence pour un homme habitué à chasser le chrono. Fast, mais pas Furious, c’est aussi, le secret du succès !
0 commentaires