Texte : Morgan Couturier – Plongé dans le bain du sport automobile depuis sa jeunesse, Christophe d’Indy affiche aujourd’hui deux Dakar Classic et une quinzaine de participations au Rallye de Monte-Carlo historique à son compteur. Propriétaire de sa propre écurie, Indyracing, le grand ami d’Olivier Ginon détonne par sa fièvre contagieuse pour les voitures de collection.
Quand il part sur les chemins, il est souvent accompagné de quelques bons copains. Ce jour-là, y’avait Pierre Santos-Gottin, y’avait Jean-Marie Mathon, y’avait Christophe Borel et Christophe Sapet. Et puis l’Opel. Ils étaient tous amoureux d’elle, mais lui se sentait pousser des ailes. À bicyclette ? Non ! Mais en Opel GT. Un trésor de course comme Christophe d’Indy a l’habitude de piloter. Et de partager.
Alors quand le soleil à l’horizon, profile sur les buissons la silhouette musclée de la belle allemande, tout le monde revient fourbus contents. Il faut dire que l’instant est rare, rouler dans un tel carrosse, embelli de ses stickers aux couleurs du rallye de Monte-Carlo, n’étant pas l’apanage de tous les jours.
Seul Christophe d’Indy est à son aise. L’homme est rompu à l’exercice, comme à ce bolide qu’il eut longtemps pour propriété, aujourd’hui abandonnée à son ami, Jean-Marie Mathon. Mais surtout, l’Ardéchois en a vu d’autres. Conduire de belles autos est sa spécialité. Les pousser dans leur retranchement aussi.
Le pilote tient pour lui une quinzaine de participation sur les routes de la principauté, faisant ainsi des routes menant au Château de Janzé (à Marcilly d’Azergues) une simple balade champêtre. Une escapade printanière propice à d’autres discussions. À l’exploration de certains souvenirs et d’autres épreuves.
Vainqueur du rallye Stuttgart-Lyon-Charbonnières 2022
Car comme Yves Montand en son temps, sur les chemins de terre, Christophe d’Indy a souvent vécu l’enfer. Ceux du Dakar Classic en l’occurrence, qu’il s’évertue à affronter depuis deux ans, au volant d’une Peugeot 504 coupé. « Une bagnole inappropriée pour ce genre de défi : une voiture basse, deux roues motrices, faites pour la piste. Je l’adore, ce fut l’une de mes premières voitures quand j’étais jeune. Mais à la base, je pensais faire le Monte-Carlo avec elle. Et un jour, François-Xavier (Bourgois) me dit, ‘‘j’ai bien réfléchi, on va faire le Dakar, il n’y a pas de raison, dans les premières éditions du Dakar, il y avait plein de petites voitures qui participaient’’. Et on est parti », explique-t-il au sujet de cette perle à quatre roues, dénichée auprès de l’ancien pilote, Jean-Pierre Nicolas.
Une manière d’allier la course à une passion profonde pour les voitures de collection, tout en s’essayant à une épreuve idolâtrée. « J’ai toujours rêvé de m’afficher un jour au départ », soutient-il, veste de l’épreuve à l’appui. Hélas, la réputation du Dakar n’est pas usurpée. Sa course est rude. Le duo l’a appris à ses dépens. En abandonnant au matin de la 8e étape, en 2021. Puis en accrochant miraculeusement… la dernière place, au cours de l’édition 2022.
« La pire galère de tout le Dakar, c’était nous. C’est un exploit d’avoir fini. C’est simple, même si on avait renforcé la voiture, tout ce qui marchait l’année d’avant, a lâché. À la fin, on avait plus que deux vitesses, la 2 et la 5 », souligne-t-il gardant toutefois la satisfaction d’avoir bouclé l’épreuve. Une libération, autant qu’une fierté après quinze jours éreintants.
Une enfance passée à rouler sur le circuit Paul Ricard,
coaché par les légendes de la F1
« On ne dort jamais sur le Dakar. Si tu ressens le besoin de dormir, tu es mort. Dormir une heure correctement, c’est déjà un miracle, tu es content. À la fin de l’épreuve, j’avais perdu 10% de mon poids. J’étais carbonisé », relate-t-il, conquis par l’ambiance d’une épreuve qu’il se verrait bien aborder dans sa version traditionnelle. À condition de trouver les fonds, le sempiternel problème d’un tel désir (Le Dakar Classic coûte 150 000€. 3 ou 4 fois plus dans sa version principale, ndlr).
« On me proposerait la voiture de Sébastien Loeb, pourquoi pas ! Mais on ne m’a rien proposé », plaisante-t-il du haut de ses 65 années. Un âge encore propice à la course, entre cinq et six par millésime. De quoi entretenir une idylle vielle de nombreuses années, Christophe d’Indy ayant longtemps profité de la proximité entre Paul Ricard et son père Jacques, pour multiplier les tours sur le circuit de l’entrepreneur varois.
« Mon père avait une entreprise de cognac, qu’il avait vendu à Paul Ricard. Ils se sont bien entendus et mon père a été nommé directeur régional. Il était dingue de voitures. Alors quand Paul (Ricard) a fait construire son circuit, il a dit à mon père de s’en occuper. Et moi, j’ai eu la chance d’être formé à piloter des petites formules par des pilotes de renom, comme Emerson Fittipaldi ou Ronnie Peterson. J’ai adoré », relate l’intéressé.
Mais si une telle formation dessina un certain talent, l’homme dut se résoudre « à faire des études ». « Nous n’étions pas de ce monde », justifie-t-il. Du moins hier. Propriétaire de la bien nommée écurie, Indyracing et d’une seconde structure, Métronome Race, Christophe d’Indy vit désormais au gré des courses. Derrière le volant ou au travers de la quarantaine de voitures historiques qu’il cède à d’autres confrères. À des copains. Ils se disent tous, c’est pour demain. Alors ils oseront, ils oseront demain, quand ils iront à fond… sur les chemins !
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