Texte : Bernard Gouttenoire – Jean-Philippe Raine est d’abord un poète belge (on ne se refait pas), né de Romaine Delhaye et de Louis Geenen.
Il naît le 24 janvier 1927 à Schaerbeek (Bruxelles), bien avant de s’établir définitivement en France. Il passera par Paris, San Francisco, puis Rochetaillée-sur-Saône, à côté de Lyon, où il mourra le 30 juin 1986 à l’âge de 59 ans. Il passe les années de guerre difficilement sur le plan financier, d’autant que son père meurt en 1935. En 1941, sa mère est forcée de vendre la maison de famille.

Il rencontre en études (en 6ᵉ) Luc de Heusch, Hubert Juin, Jean-Pierre Stroot, Louis Boxus, et quelques autres avec lesquels il collaborera pour de nombreux projets, déjà dans l’esprit de CO.BR.A, avec les bases du surréalisme acquises grâce à ses amitiés avec René Magritte, Louis Scutenaire, Marcel Mariën, Marcel Lecomte, etc. En 1941-42, il s’associe aux Jeunesses Musicales à Bruxelles et lit tout le théâtre de Michel de Ghelderode qu’il rencontre. Élève surdoué, dès 1943, il se passionne pour la sociologie, l’histoire, la philosophie, les sciences et la poésie.

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Il lit tous les poètes importants : Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Vitrac et Artaud. À la Taverne du Musée des Beaux-Arts, il rencontre René Magritte, Marcel Lecomte, et Louis Scutenaire. En parallèle, il crée la revue « La Lanterne » avec Hubert Juin et Luc de Heusch. C’est en 1945, alors qu’il travaille pour les éditions du Fresne, qu’il rencontre Paul Delvaux, Pierre Alechinsky et Christian Dotremont.

 En 1946, il visite les musées hollandais pour préparer des articles sur Vincent Van Gogh. Il réalise aussi des textes sur Karel Appel, Corneille, Constant et Wolvekamp. En 1947, il participe au décor de la pièce « Victor ou les enfants au pouvoir » mise en scène par Michel de Ré, il fait connaissance avec Juliette Gréco et rencontre sa future femme, l’actrice Nadine Bellaigue, qu’il épouse le 24 janvier 1949 (dont il se séparera en 1951).

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Il participe au seul film CO.BR.A « Perséphone » avec Luc de Heusch. Il se lie avec les grands peintres Robert Matta et Victor Brauner. En 1949, il travaille sur la filmographie de Marcel L’Herbier et envisage de projeter avec René Char le petit film-poème « Sur les hauteurs ». Il rejoint en 1946 Henri Langlois, (fondateur de la cinémathèque française) une amitié solide se noue qui le marque durablement. En 1944, il fait la connaissance de Pierre Alechinsky qui l’embarquera plus tard dans l’aventure du groupe CO.BR.A, (initiales de COpenhague, BRuxelles et Amsterdam) de 1949 à 1951.

Jean Raine poursuit les contacts, notamment avec un certain André Breton qui lui fait connaître Pierre Mabille avec lequel il réalise son premier film. En parallèle, par nécessité financière, il devient vendeur en électroménager, plombier et peintre en bâtiment. Alors qu’il dessine beaucoup depuis 1944, il fait une longue pause de 8 années pour se dédier au cinéma, puis se remet à peindre régulièrement à partir de 1957. Entre-temps, il se lie avec Antoinette Pétrov qu’il épousera en 1954, pour divorcer en 1958.

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C’est parce que les mots ne suffisent plus à exprimer ses idées qu’il commence à peindre très « sérieusement » et se jette corps et âme dans la matière. C’est, encore une fois, grâce à Pierre Alechinsky et Marcel Broodthaers qu’il fait la connaissance du galeriste Philippe Toussaint qui lui propose une première exposition, en solo, à Bruxelles en 1962. La même année, il fonde avec sa future épouse Sankisha le club Antonin Artaud qui s’intéresse aux principes de la « déshospitalisation psychiatrique » grâce à l’art. S’ensuivra leur mariage en 1965, et la naissance de Pierre-François, puis c’est le départ pour la Californie (États-Unis). Il exposera à de nombreuses reprises à San Francisco et plusieurs musées achèteront des pièces de grands formats. C’est durant cette période qu’il découvre « l’Action Painting » si chère à Jackson Pollock.

Retour en France en 1969, installation à Rochetaillée et achat d’une maison en Italie à Calice Ligure, haut lieu des avant-garde dans les années 70 où il réalisera de nombreuses séries de tableaux. Il présentera son travail un peu partout, de l’Italie à l’Amérique, en passant par Bruxelles, Paris et aux cimaises des galeries lyonnaises : l’Œil Écoute, L’Élysée, Verrière, l’Ollave, Gérard Chomarat, Michel Descours.

Jean Raine-1984-Atelier-Rochetaillée

Des lectures sont notamment ponctuées par la voix de Michael Lonsdale et des textes sont édités, comme par exemple « l’enfer de la phobie » aux éditions Michel Chomarat de Lyon et une anthologie de la poésie publiée aux Éditions de la différence. Il est en permanence à la galerie Loeve&co, qui le représente à Paris, à la galerie Quadri-Ben Durant, à Bruxelles, et à la galerie Jacques Fabry-Art Praye, à Fareins (01), qui a conçu cet événement qui correspond à la sortie d’une importante biographie aux Éditions des Cahiers Dessinés : « Jean Raine, vivre en peinture », signée Jean-Noël Orengo.

EXPOSITION : JEAN RAINE, COMME AU FOND DES ÂGES
Du 16 septembre au 15 octobre 2023
(Samedi & dimanche de 15h à 19h – les autres jours sur rendez-vous)
Collection de la Praye – 16, chemin du Gourlas – 01480 Fareins
(Via l’A6 – 33 min – 38 km de Lyon)

3 MOMENTS FORTS

VERNISSAGE, TÉMOIGNAGE ET FILMS
Samedi 16 septembre 2023 de 16h à 20h

AUJOURD’HUI, JEAN RAINE
Samedi 30 septembre de 17h à 18h
Jean-Noël ORENGO et Pierre GEENEN s’entretiendront de l’œuvre de Jean Raine et signature de l’ouvrage Jean Raine Vivre en peinture – Éditions des Cahiers Dessinés – 2023

LECTURE DE POÈMES DE JEAN RAINE
Dimanche 15 octobre 17h – 18h
par Mohammed El AMRAOUI