Michel Havard garde la main mais il doit gagner en consistance – Photo © Marco
Par Jacques Boucaud
La victoire de l’UMP dans le Rhône (50,65% des électeurs) est réelle et en même temps toute relative. Absolue dans les circonscriptions rurales, elle est contrebalancée par de contre-performances en milieu urbain.
Sa déroute, à Lyon notamment, étouffe les vivas qu’aurait dû susciter son succès rhodanien dans une France devenue majoritairement rose. Car la perte de la 1ere circonscription n’est pas un incident de parcours. Il est le dernier signe d’une « gauchisation » de Lyon, ville jusqu’ici réputée de centre-droit.
Après les municipales de 2001 et 2008, les cantonales de 2008 et 2011, après la présidentielle qui, pour la première fois sous la Ve République a voté majoritairement pour un candidat de gauche, après les législatives de 2007 où elle a perdu deux circonscriptions, celles de 2012 confirment une poussée de l’électorat réformateur.
Avec plus de 54% des votants en faveur d’un candidat de gauche (Braillard dans la 1ere, Muet dans la 2e et Touraine dans la 3e), Gérard Collomb peut dormir sur ses deux oreilles. Certes, on l’a constaté dans son soutien à Thierry Braillard, ça n’est pas le genre de la maison. Mais face à une droite complètement déboussolée, le PS et ses alliés peuvent tout envisager aux municipales de 2014, y compris un grand chelem. A moins qu’en deux ans l’oiseau rare capable d’entraîner l’UMP ne se révèle.
Le chef de file de l’opposition à Lyon Michel Havard était tout désigné. Il en a toujours envie, mais sa défaite aux législatives, quoiqu’il en pense, est un sérieux handicap. Cela dit l’initiative qu’il a prise le 21 juin de primaires à droite à un an du scrutin, pourrait donner le signal du retour du printemps de la droite lyonnaise. Ce qu’attendent avec impatiences les militants, lassés des divisions internes.
Les outsiders d’Havard, Emmanuel Hamelin (UMP) et Denis Broliquier (Lyon divers droite), candidats déclarés à la Mairie de Lyon mais défaits l’un et l’autre aux législatives, voient leur espace se réduire comme peau de chagrin. La situation de Nora Berra n’est guère plus enviable : absente des législatives, la seule tribune de l’ancienne secrétaire d’Etat à la santé est aujourd’hui celle du club « Esprit Neuf » qu’elle a lancé en novembre 2011.
« Ce qui s’est passé aux législatives n’est pas plus mal. Cela permettra sans doute à une nouvelle génération d’émerger» commente Patrice Schoendorff, ancien des listes Perben et animateur du courant sarkozyste de l’ancien ministre Jean-Marie Bockel, « La Gauche moderne ».
L’hypothèse François-Noël Buffet est aussi émise dans certains milieux issus du gaullisme social, avec acuité, depuis les défaites d’Havard, Hamelin et Broliquier aux législatives. Mais le sénateur-maire d’Oullins, par ailleurs président du groupe d’opposition au Grand Lyon, prendra-t-il le risque que lui soit collée l’image du « parachuté » ?
On le voit, l’idée émise par Michel Havard de primaires à droite en vue des municipales, à l’image de celles qu’organisa le PS avant la présidentielle, est sans doute la meilleure idée que l’opposition lyonnaise a eu depuis bien longtemps. Ce serait une première en France.
Cette idée a deux défauts majeurs : 1- il s’agit de tout ce qu’a trouvé un loser d’une circonscription qui lui avait été donnée mais qu’il a été incapable de conserver et 2- elle est inadaptée, d’abord il y a 220 candidats aux municipales de Lyon et non un seul (par exemple, Perben aurait sûrement gagné une primaire…), ensuite dans une élection à deux tours la primaire existe naturellement. ainsi en 2001, les deux listes de droite totalisaient 47,5 % des voix face aux 32 % de Collomb et si cette UMP minable n’avait pas refusé la fusion, jamais la ville ne serait passée à gauche !