Texte : Philippe Lecoq – Après quatre mois à combattre la maladie entre les hôpitaux Saint-Luc Saint-Joseph et Edouard Herriot, Jean-Yves Sécheresse, 72 ans, ancien adjoint à la sécurité de Gérard Collomb entre 2014 et 2020, est mort dans la nuit de lundi à mardi.
« Une forte personnalité, attachante, toujours loyal à la différence de certains qui se sont vus calife à la place du calife ». Ces quelques mots de Roland Bernard, élu socialiste emblématique du deuxième arrondissement, le plus fidèle des fidèles à Gérard Collomb, saluent la mémoire d’un autre fidèle, même si Jean-Yves Sécheresse, a parfois eu des mots sévères à l’encontre de l’ancien maire de Lyon.
« Il est véritablement entré en politique avec Gérard en 2001, comme conseiller municipal avant d’être nommé adjoint à la sécurité, poste où il fallait un fidèle », poursuit l’ancien patron du groupe hôtelier Axotel. « Il fallait surtout quelqu’un qui avait une autorité naturelle, et lui, avec son visage à la Jean Jaurès, a été le bon choix ».
« J’ai travaillé avec lui quand il était adjoint à la sécurité de la ville de Lyon », se souvient Simon Hoayek, PDG du groupe Byblos, expert en sécurité privée. « Un homme d’une sensibilité incroyable. Un grand Monsieur. Un amoureux de la musique, avec une culture générale incroyable ».
« Le SDIS transformé en SDMIS, le Scott, la halle Tony Garnier pendant une dizaine d’années, Gérard lui a ouvert des portes gratifiantes, et Jean-Yves a toujours respecté ses lettres de mission », précise Roland Bernard.
Craint à gauche et respecté à droite
« J’ai connu Jean-Yves quand il était président du SDMIS », confie Renaud Pfeffer, Vice-président de la Région AURA et maire de Mornant. « Nous étions très complices et à force de nous voir, d’évoquer d’autres choses que la politique, nous nous sommes liés d’amitié. Jean-Yves est quelqu’un qui crée du lien avec l’autre. Il ne parlait jamais de lui, jusqu’au bout d’ailleurs, il n’a jamais évoqué ses souffrances. Il était dans la transmission. Avec Serge Delaigue, et surtout son fils Vincent qui a été formidable, nous avons essayé de l’accompagner ces derniers mois ».
Erick Roux de Bezieux patron de l’agence Syntagme, a rédigé un joli post sur LinkedIn que nous reprenons ici en partie : « Il n’y a pas d’amitié en politique. Juste des combattants… » Ceux qui militent savent bien que cette affirmation est en grande partie fausse, et que bien souvent ses amis se trouvent dans le camp opposé ! Jean-Yves Sécheresse était un ami (…) Un ami, c’est celui qui décroche le téléphone quand il sonne et qui se met en quatre pour résoudre le problème…Un ami exigeant, socialiste, parfois vrai gauchiste et sale con (il adorait cette posture qui frôlait l’imposture), adversaire politique parfois rugueux au conseil municipal, mais un ami » conclut l’ancien conseiller municipal d’opposition.
Yann Cucherat, aujourd’hui conseiller municipal d’opposition ( ci-dessus) : « Jean-Yves a été pour nous un ami à l’humour cinglant et ravageur. Un mentor aussi. Son expérience, sa connaissance de Lyon et de son territoire, et ses recommandations ont toujours été infiniment précieuses. Il a été un amoureux de la chose publique, un bretteur redoutable dans les débats, au verbe leste et efficace (…)
Pour autant, il a rarement échoué à trouver et à valoriser un terrain d’entente avec ses opposants politiques. Il a également été un militant engagé et un élu attaché à l’intérêt de ses administrés. Son travail pour la sécurité de cette ville et de l’agglomération est reconnu par beaucoup. Au service des autres, Jean-Yves, par sa personnalité entière, n’a jamais entendu faire de concession sur ses principes, sur ce qu’il croyait juste ou nécessaire. Désintéressé de sa propre personne, son regard ne brillait que dans les contacts humains ».
Ancien professeur certifié, notamment au lycée horticole de Dardilly, Jean-Yves Sécheresse a également marqué les esprits par ses écrits musicaux et autres chroniques politiques écrite dans un style enlevé et sans concessions sur son blog « De Lyon et d’ailleurs ».
Passionné de foot et de musique (s), il a publié en début d’année « Pop Music », un abécédaire politique débridé, où « Il s’attache à examiner les relations entre la musique et la société avec la volonté de mettre à distance les légendes, soulignant l’engagement ou l’inconséquence de certains artistes et scrutant ceux qui avant Obama avaient fait de la pop une composante de leur stratégie politique », vante le pitch de son éditeur « Le Mot et le Reste ».
Jean-Yves Sécheresse a été élevé au grade de Chevalier de l’Ordre National du Mérite en 2018.
- La cérémonie funéraire aura lieu mardi 21 novembre 2023, salle Jean Couty (Lyon 9) entre 10h00 et 12h00. Elle sera suivie de son inhumatiion à l’ancien cimetière de Loyasse.
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