Par Jean Marc Requien
Victime d'une insuffisance rénale et d'un problème cardiaque, l'ancien maire de Lyon s'est éteint samedi 25 août à l'hôpital du Val de Grâce (Paris) où il était hospitalisé depuis le mois d'avril.
Il ne faut jamais dire du mal des journalistes. Ou même s'en moquer. Ça les rend fous. Raymond Barre qui méprisait la plupart d'entre eux n'a jamais caché son manque de considération pour ceux qu'il appelait « plumitifs » ou « scribouillards ». Il ne fut pas tendre à plusieurs reprises pour Anne Sinclair et Jean-Pierre Elkabbach qu'il renvoyait volontiers dans leurs vingt-deux mètres. Il le paya très cher quand il fut pourtant un excellent et courageux Premier ministre chahuté par les Chiraquiens d'un côté et la presse de l'autre. Idem lorsqu'il se présenta aux élections présidentielles. Il accepta, sans grande envie, de devenir maire de Lyon. Là encore, il se trouva confronté à la haine de Chabert et à l'incompréhension de la presse Lyonnaise et notamment de Lyon Cap dont l'un des actionnaires était la belle fille de Chabert. Quant à Chaslot, il était fou de Noir. Raymond Barre à néanmoins réussi à nettoyer les écuries d'Augias des « années Noir ». Si avec la presse nationale les choses s'arrangèrent quelque peu, il ne ménagea pas les « scribouillards » lyonnais, notamment Florent Dessus, baptisé Zozo (ce qui est plutôt gentil pour le sosie de Simone Signoret sur la fin) et le couple Chaslot-Arfeuillère qu'il traitait volontiers de « plumitifs » inconséquents. Il refusait même d'être interviewé par les zigotos de TLM et n'en revenait pas de ce qu'était devenu Le Progrès. Le temps montrera tout ce que Lyon devra à Raymond Barre qui devint grâce à lui une métropole européenne en vue. Son entregent permit d'abord d'accueillir de grandes écoles puis le G7 et surtout de faire inscrire la ville au Patrimoine de l'Humanité. Incompris de la plupart des politiques lyonnais à l'exception notable de quelques-uns (Gérard Collomb l'a toujours admiré), il partit sans regret après son unique mandat. Il faut dire que notre personnel politique ne vaut pas tripette. Quand on se souvient des misères que ce pauvre Etienne Tête a faites à Raymond Barre, on se pince.
Il revenait de temps en temps à Lyon, notamment pour les entretiens Jacques Cartier de son ami Alain Bideau. Ses dernières prestations montraient que si le corps avait de plus en plus de mal à suivre, l'esprit et l'humour étaient toujours en forme. Je l'ai un peu connu lors de ses campagnes électorales. C'est vrai qu'il avait une haute idée de lui-même, et supportait difficilement les conseils des « conseilleurs-non-payeurs » mais il était le plus attentionné et le plus charmant des hommes dans les « rapports privés ». C'était un véritable homme d'Etat qui refusait les idées fumeuses. Nous nous croisions quelques fois dans les petits restos de Lyon. Il appréciait particulièrement les endroits sans chichi authentiques comme le regretté Knox, où il venait autrefois tous les samedis à midi ou encore A ma vigne. En raison de son peu de goût pour les médias et la démagogie, il n'eut pas le destin qu'il méritait (en revanche, nous avons eu, avec Mitterrand et Chirac, les présidents que nous méritions) et ne fut malheureusement pas aussi populaire qu'il aurait dû l'être, mais faisons confiance à nos plumitifs capables de tous les retournements. Ils finiront bien par lui rendre hommage. Enfin ! On a beaucoup plaisanté sur les célèbres endormissements de l'ancien Premier Ministre, on est triste aujourd'hui qu'il est entré dans son dernier sommeil : le sommeil du juste.
BIO EXPRESS
NAISSANCE
le 12 avril 1924 à Saint Denis (La Réunion)
MARIAGE
le 19 novembre 1954 à Eva Hegedus
ENFANTS
Olivier, directeur de société et Nicolas
CARRIERE
Professeur à la faculté de Caen et de Paris (Chaire d'économie politique)
POLTIQUE
1959 Chef de cabinet du ministre de l'Industrie
1967 Vice-président de la Commission européenne
1976 Ministre du Commerce extérieur
1976 Premier Ministre de Valéry Giscard d'Estaing
1978 Député du Rhône
1988 Candidat à l'élection présidentielle
1995 Maire de Lyon
2002 Retrait de la vie politique
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