Texte : Marco Polisson – « Ne vous résignez jamais… » titre Hervé Legros dans un long message adressé à ses 13 000 abonnés sur Linkedin. Le post liké par ses derniers soutiens est assorti d’une photo noir et blanc du promoteur lyonnais en train d’écrire à son bureau ce qui ressemble fort à un courrier testamentaire.
Nous ne savons pas qui tient la plume et la main d’Hervé Legros, président du groupe immobilier Alila, mais on se doute que la prose auto-compassionnelle n’est pas uniquement de lui. Aucune faute d’orthographe, le style est léché, et ça sent fort la prise en main d’un nouveau communicant et un changement de cap radical, après un an d’affrontements stériles qui l’ont conduit dans une impasse.
Il faut dire que depuis la révélation de la perquisition de ses bureaux de la cité internationale, en janvier 2023, sa stratégie de communication s’est avérée calamiteuse. Tout comme ses attaques judiciaires contre la presse d’investigation, à coups de procès perdus – précisément contre Médiacités – se sont révélées totalement improductives. Il était temps d’en changer et d’opter pour un contre-feu.
Après avoir rangé les orgues de Staline, le promoteur lyonnais sort les violons
« Les moments de réconfort ont été rares depuis un an. Vos nombreux témoignages de soutien et de sympathie, les partages d’expériences de partenariats réussis avec ALILA au cours de ces si nombreuses années, les vécus heureux de fidèles collaborateurs, fiers d’appartenir à ce Groupe, m’ont redonné espoir en un autre atterrissage que celui prédit par ceux qui n’y croient plus. » écrit le jeune patron en préambule.
En lisant la suite, on comprend mieux ce qui motive ce retour sur le devant de la scène : un procès imminent. « J’ai décidé récemment de reprendre la parole après un long silence. Je dis sûrement encore trop ce que je pense, mais je pense toujours ce que je dis. Lorsque j’ai appris que, le 1er février, je devrais à nouveau être entendu pour coopérer dans le cadre de l’enquête dont je fais l’objet, j’ai eu en tête cette chanson de Cabrel :
« Dans les premiers moments
J’ai cru qu’il fallait seulement se défendre
Mais cette place est sans issue
Je commence à comprendre »
Hervé Legros, et la métaphore du taureau au centre de l’arène… l’image a du sens.
La corrida dont il est la vedette involontaire (sic) depuis plus d’un an attire un public avide de sang et d’adrénaline. Les arènes affichent complet et ça s’explique aisément : son insolente réussite dans un milieu professionnel d’ordinaire (cal)feutré en a fait une cible de choix. « Lui planter des piques dans le dos et le voir saigner fait jouir le microcosme de la promotion immobilière. Tout le monde attend maintenant la mise à mort. » nous confie, bandana rouge autour du cou, une grande gueule de la construction.
Comment en est-on arrivé là ? Parti dans la promo avec sa bite et son couteau, sans les codes et sans réseau, Hervé Legros a connu un succès fulgurant. Ivre de sa réussite, il a snobé le Landerneau et n’a pas su s’entourer des bonnes personnes. Ni écouter celles qui lui ont fait les poches pendant des années. « Tout le monde s’est gavé » se justifient-elles, prétextant que c’était la juste rançon « de ses coups de colères, de ses frasques et de son irrespect caractérisé ».
Ses conseils et ses communicants n’ont pas su le protéger… de lui-même, de sa mégalomanie, et des envieux qui le mataient. Sur la chaîne M6 et d’autres télé, il a continué de fanfaronner et de s’exposer en zone interdite alors que des centaines de fusils étaient pointés sur lui. Gambadant joyeusement à bord de sportives hors de prix, cigale cheveux au vent, nu comme un ver… le milieu attendait tranquillement qu’il morde la poussière.
« Un comportement de nouveau riche sans scrupules »
Les révélations de nos confrères de Médiacités sur la façon dont sa femme Géraldine et lui se sont comportés avec leur personnel de maison, corvéable à merci, ont scandalisé même ses plus proches soutiens. Un jugement de février 2023, dont Hervé Legros a fait appel, fait état de personnel de maison « noyé sous la charge de travail », d’une « pléthore de SMS » adressés à ses salariés à des horaires tardifs. Le tribunal a conclu que ce salarié « subissait des insultes, des humiliations et des pressions » rapporte Le Point. « Pas moins de 16 plaintes ont à ce jour été déposées par d’anciens salariés, selon nos informations, confirmées par le parquet de Lyon » complète Le Figaro.
Sans parler de son train de vie dispendieux, des parties fines dans la poudreuse de Courchevel, « où il ne manque que les épisodes jet privé et les concours de yacht » me glisse-ton à l’oreille – alors que dans le même temps il trainait ou ne payait pas les petits artisans engagés dans la restauration de « Chantegrillet », le château de la famille Saint Olive à Ecully (ci-dessus) à côté duquel il a construit un très laid appendice bétonné, ont mis à mal sa réputation. Le navire Allila prend l’eau de toute part.
Et, dans son post, modèle d’enfumage, Hervé Legros de poursuivre sa complainte en mode victimaire, sans un mot pour les personnes qui ont eu à subir son arrogance et ses mauvaises manières : « Seuls les entrepreneurs savent ce qui pèse sur les épaules d’un chef d’entreprise. Depuis 13 mois, beaucoup auraient pu sombrer ou envisager le pire pour mettre fin à ce calvaire. Je suis de même nature que le roseau ; je plie mais ne romps pas. »
« Je garde toute ma combativité pour continuer à construire ces logements dont notre pays a tant besoin. » poursuit-il sans vergogne. Quelle blague ! Au vu de l’affichage de son train de vie et de ses manières de nouveau riche, sa communication en faveur des pauvres Français sans logement est d’une totale hypocrisie. « Seuls quelques petits propriétaires de terrains ou petits maires ont pu tomber dans le panneau, méconnaissant sa véritable motivation : sortir de sa condition et s’enrichir par tous les moyens », analyse un de ses proches.
Pour le plombier de formation qu’il est, il devient urgent d’enfiler sa combinaison, un gilet pare-balles et de colmater les fuites.
Mais n’est-il pas trop tard ? Car à ses ennuis judiciaires et à sa perte de crédibilité, s’ajoute la crise de l’immobilier qui impacte tous les projets du groupe. Son entreprise survivra-t-elle en cas de condamnation ? Hervé Legros est bien conscient que ça va se jouer à quitte ou double alors même que nos confrères du Moniteur ont révélé le vrai chiffre d’affaires d’Alila, beaucoup plus faible qu’annoncé. D’où son extrême fragilité.
Dans un article publié le 9 décembre 2023, Le Moniteur est formel : « Alila se présente comme un membre « du top 10 des promoteurs français ». Mais l’est-il vraiment ? Le spécialiste lyonnais de la Vefa HLM communique un chiffre d’affaires (CA) supérieur à 600 M€ depuis 2019. Le rapport consolidé fait état, en 2017, d’un CA de 104 M€. Un ordre de grandeur conforme à ce qu’indique un document interne qui évoque un CA de 52 M€ au premier semestre. Or, pour cet exercice, le groupe prétend publiquement avoir atteint les 327 M€. »
Qui a laissé Hervé Legros s’enferrer ainsi dans le mensonge ?
Ivre de mots, il poursuit sur sa lancée : « Le sentiment de liberté est pour moi le moteur. Au cours de l’été 1957, l’entreprise d’Enzo Ferrari était au bord de la faillite. Le pilote et industriel italien décida alors de tout miser sur une seule course, la « Mille Miglia », qui laissa tant de morts dans son sillage. Cette nouvelle convocation sera ma « Mille Miglia » et j’assumerai les sacrifices nécessaires. » écrit-il en épilogue de ce post sans remord et sans regret.
Et comme Jésus sur la Croix s’en remettant à Dieu, le crucifié du logement social confie son sort à Thémis : « J’espère pouvoir avoir confiance en la justice de mon pays, en son sens du discernement. J’ai rêvé le Groupe ALILA, je ferai en sorte qu’il continue à vivre. L’honneur ou le déshonneur ne sont pas dans l’épée, mais dans la main qui l’empoigne. Il n’y aura jamais de différence à mes yeux entre vaincre et vivre. » Amen.
DROIT DE RÉPONSE
Note de la rédaction : cet article a fait l’objet d’un droit de réponse de Monsieur Hervé Legros, accessible ici
tiens on dirait quelqu’un d’autre .
Juste retour des choses ! Quand on est malhonnête et irrespectueux envers ses salaries.
Article très intéressant.
j’avais vu son post sur LinkedIn qui faisait tirer une larmichette. Beaucoup de personnes ont mis des commentaires élogieux sur LinkedIn suite à son post, mais on peut aussi se demander si ce n’était pas des commentaires de complaisance désormais.
Bien content de ne pas avoir eu à travailler pour lui. On peut lui reconnaître une belle réussite et un sens des affaires mais il n’est pas admissible que cela se fasse au détriment du bien-être de ses salariés ou de ses sous-traitants.
Chantier à l’arrêt complet, proche de 0 depuis maintenant 3 ans, aucun retour de Alila, beaucoup de primo accèdent bloqué par la faute d’une personne avide d’argent et n’ayant que très peu de scrupule sur les conséquences de ses actes. Très forte pour faire signer des contrats, très peu pour les respecter …
Herve Legros propose depuis la fin 2023 de vendre Alila à des promoteurs nationaux.
Prix d’appel : 100 M€.
Nexity a décliné fin 2023.
Il a réussi à monter un groupe de promotion immobilière avec un simple CAP plomberie.
Disons-le c’est tout spécifiquement stratosphérique et cela a du attiser la jalousie de certains.
Personnellement je pense que s’il a su creer une telle entreprise avec son lot de difficultés et d’obstacles, ce n’est pas un ou plusieurs procès qui vont l’abattre.
Je soutiens Hervé Legros
Entreprendre en France est quelque chose de très difficile.
Quand vous échouez, personne n’est là pour vous aider à remonter la pente (liquidation, huissier,etc)
Quand vous réussissez, tout le monde vous jalouse.
Et je ne parle pas du taux de prélèvement en matière de fiscalité et de cotisations sociales.
Partir de rien pour réussir à ce niveau, c’est difficile et c’est pas pour les bisounours. Par contre, c’est très facile de tirer sur l’ambulance et de se féliciter de la chute de quelqu’un.