Texte : Morgan Couturier – Alors que le contrat d’exploitation du domaine skiable des Crêtes arrive à son terme, le choix du futur délégataire suscite des crispations. Megève et Saint-Gervais se reprochant mutuellement d’agir dans leur seul intérêt, les deux communes se sont engagées dans un conflit qui pourrait parasiter l’hiver 2025.
L’hiver est rude à Megève, sur ses pistes comme en-dehors. Si la neige joue déjà avec les nerfs des stations, cette nervosité semble aller plus loin, jusqu’à s’intensifier en coulisses. Et pour cause, alors que le réchauffement climatique apporte de trop fortes chaleurs pour espérer skier allégrement, les relations, elles se sont tristement refroidies, entre Megève et sa voisine de Saint-Gervais. En cause, la délégation de service public pour le domaine des Crêtes, dont le contrat d’exploitation arrive à son terme le 15 avril 2024.
Problème, la désignation du prochain délégataire tend à irriter les communes concernées, lesquelles avaient pourtant soumis l’idée de s’unir, de façon à harmoniser la gestion de ce secteur, passant à la fois sur Megève, Saint-Gervais et Demi-quartier. Longtemps gérée chacun de son côté, cette désignation devait ainsi être simplifiée. Du moins sur le papier. Car depuis quelques jours, le sujet découle sur une véritable guerre ouverte.
Le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex, a ainsi lancé les hostilités, reprochant à sa consœur, Catherine Jullien-Brèche de « ne pas poursuivre la procédure de recherche d’un nouveau délégataire », au profit d’un supposé favoritisme pour l’actuel exploitant, SRMM (Société des Remontées Mécaniques de Megève). Le tout, sans prendre en considération, la candidature du challenger saint-gervolain, STBMA. Une hérésie pour Saint-Gervais.
D’une union avantageuse à une séparation conflictuelle
« Le Conseil municipal de Saint-Gervais a décidé de reprendre sa liberté pour essayer de sauver ce qui pouvait l’être et éviter que les télécabines du mont d’Arbois de Megève et de la Princesse ne soient fermées l’an prochain », a ainsi communiqué la mairie, convaincue que cette « décision unilatérale du maire de Megève » sonne « le glas et enterre le projet ».
Mise devant le fait accompli, sans échange préalable, la mairie de Megève n’aura pas mis longtemps à réagir. Dans un communiqué en date du 15 mars dernier, Catherine Jullien-Brèche et ses élus ont ainsi renvoyé leur homologue sexagénaire à ses méfaits.
« Contrairement aux affirmations mensongères du communiqué de Saint-Gervais, l’interruption de la procédure ne peut être aucunement à charge de la commune de Megève qui n’a, ni écrit, ni délibéré, sur une position avec son instance délibérative », écrit ainsi l’édile mégevane.
Avant de poursuivre : « La posture unilatérale d’un seul homme ne peut pas dicter l’avenir d’un domaine pour les vingt prochaines années, il est de ma responsabilité de résister à ces méthodes d’un autre temps et d’informer dans les meilleurs délais M. Le préfet de la Haute-Savoie ».
Devant ce contexte ultra-tendu, reste à connaître la conclusion de ce conflit, alors que la prochaine saison hivernale se joue déjà maintenant. En jeu, le confort des skieurs et l’attractivité d’un domaine skiable soumis aux contraintes capricieuses de la météo.
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