Photos © Fabrice Schiff
Par Benjamin Solly
Depuis l’atrium de l’Hôtel de Ville, Gérard Collomb a dévoilé lundi 29 octobre 2012 le projet de Lyon pour la Cité de la Gastronomie. Entre couacs et omissions grossières, retour sur un exercice poussif qui n’a pas franchement rassuré.
Ils sont montés à la tribune comme on va au billot. Face à la presse, le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, Bertrand Vitiello (Eiffage), l’architecte en chef du projet Albert Constantin et le chef alti-ligérien Régis Marcon. Aux extrémités, l’adjoint de la Ville aux relations internationales Jean-Michel Daclin et la vice-présidente du Grand Lyon Nadine Gelas sont venus faire le nombre. Ils ne prendront pas la parole.
Il est 17h30 à l’Hôtel de Ville de Lyon et les 64 chefs rhônalpins, accompagnés de 220 représentants des métiers de bouche, viennent de satisfaire à la photo sur les marches de l’escalier d’honneur qui mène au salon Justin Godard. Sourires de rigueur. Et de façade. Quelques semaines plus tôt, ces mêmes chefs se retrouvaient place des Terreaux pour un exercice similaire, boudé par Collomb et ses adjoints sur ordre du sénateur-maire.
Paul Bocuse redescend alors les marches qui le séparent de l’atrium. Contre toute attente, il bifurque à droite dans la cour d’honneur de l’Hôtel de Ville. Direction la sortie pour Monsieur Paul, soutenu par son petit-fils, le chocolatier Philippe Bernachon. « Je reviens », lance-t-il à l’assistance, incrédule. « Quand il dit qu’il repasse, il ne repasse généralement pas », note un confrère qui regarde s’éloigner le plus grand chef français.
C’est Gérard Collomb le premier qui brise la glace en prenant la parole face aux 300 personnes présentes. Un laïus sur l’histoire culinaire de Lyon, sa géographie et ses infrastructures de transports avantageuses, et la Cité de la gastronomie devient dans la bouche du sénateur-maire une « évidence. » Qu’elle n’était pas un mois et demi plus tôt lors de la séance du Conseil municipal de septembre. « Il n’avait pas d’autre choix que de faire machine arrière », sourit Michel Havard.
Il est vrai qu’entre temps, le groupe Eiffage, déjà concepteur-constructeur du futur Hôtel Intercontinental sur le site du quai Jules Courmont, a (res)sorti le carnet de chèque. 18 millions d’euros d’investissement pour aménager les 15 000 m2 de l’Hôtel-Dieu où essaimera la Cité de la Gastronomie, répartis entre la Ville (3 millions au minimum), Eiffage et ses partenaires privés. « Plusieurs autres investisseurs sont très intéressés », assure Bertrand Vitiello, sans révéler les noms. Mais qu’importe, puisque de l’aveu même du directeur de projet de reconversion du Grand Hôtel-Dieu, Eiffage assurera, « quoiqu’il arrive, l’équilibre financier de l’établissement. »
Concernant les coûts d’exploitation, le groupe de BTP assure qu’ils seront financés par chaque activité de la Cité, des conférences aux sessions de formation en passant par le pôle muséal. Ces derniers ne sont toutefois pas chiffrés et semblent sciemment oubliés. Ils s’élèveront à cinq millions d’euros annuels. Il aura fallu que les journalistes s’invitent de leur propre initiative face à la tribune pour qu’ils puissent avoir des réponses, après un gros coup de gueule du chroniqueur gastronomique Alain Vollerin.
Régis Marcon, en charge de la dimension gastronomique du projet, a fait montre d’un enthousiasme feutré. Le chef étoilé a d’ailleurs commencé son propos en s’excusant presque de ne pas être lyonnais. « Je dois beaucoup à Lyon et aux Toques Blanches qui m’ont tendu la perche en 1995 pour participer au Bocuse d’Or », confesse-t-il dans un serment d’allégeance à ses confrères. « On a confié le sérail à l’eunuque pour ne pas risquer une guerre des égos des chefs lyonnais », souffle amusé mon coquin voisin.
Une crispation palpable tout au long de cette présentation du projet lyonnais. En concurrence avec Chevilly-Larue, Tours, Dijon et Beaune pour accueillir le futur établissement, la capitale des Gaules devrait être fixée avant la fin de l’année. « Rechercher les plaisirs, cela sera le message de la future Cité de la Gastronomie lyonnaise. » Espérons que l’impératif catégorique de Collomb se conjugue au futur. Cela n’a pas été le cas jusqu’à présent.
Si avec tout ça, Lyon remporte le dossier, cela tiendra du miracle !
On pourra faire un voeux à la vierge Marie…!!!