Texte : Christophe Magnette – “Un clin d’œil à mon orphelin de fils, qui perd son chef.” Paul Bocuse vient de mourir. Depuis l’océan Indien, un père envoie une pensée (émue), à son fils. Qui plusieurs années après, en conserve une émotion intacte.
Ce père, garagiste à La Réunion, avec lequel, Charles déjeune un jour à midi – discrètement -, “à la table quinze”, sur injonction de Monsieur Paul. De ce temps suspendu père & fils, reste un cliché pour l’éternité : aujourd’hui, fixé au mur du garage paternel. M. Charles est ainsi, sans filtre, animé par un engagement inextinguible pour un homme et une Maison, “Bocuse est comme une flamme, comme la flamme olympique, elle ne doit jamais s’éteindre.”
Alors Charles Orboin attise les braises, celles de la passion. Qu’il découvre au contact de Paul Bocuse, sous le soleil monégasque, à l’occasion d’un déjeuner, donné au restaurant Louis XV d’Alain Ducasse. Une séduction mutuelle. “Monsieur Paul m’invite à venir le voir à Collonges. Davantage qu’un entretien, nous discutons, de manière courtoise. À la fin de notre entrevue, sur le parking, il me lance : « Allez Charly [sic], viens faire une photo avec moi, comme ça, si tu ne reviens pas, tu auras au moins ça comme souvenir ! »”
Nous sommes en septembre 2007. Charly est toujours là. Chef de rang, puis maître d’hôtel – seulement quatre mois plus tard (!) – sur décision de Paul Bocuse, s’il vous plaît ! Pas mal pour un îlien – fils d’une directrice d’école maternelle – qui, alors collégien de onze ans – découvre la métropole – et la neige -, à l’occasion d’un séjour à Gap. La suite ? Un retour dans l’océan Indien, puis le lycée hôtelier de Boulazac, en Dordogne. Un constat : ce métier est fait pour lui.
Il lui manque juste quelque chose, un peu de chez lui. Alors, au bout d’un an et demi, direction la Côte d’Azur. Il s’inscrit au Greta de Nice. Il se rapproche de sa sœur, aussi, Géraldine qui, après des études chez Vatel, œuvre dans un grand hôtel monégasque. En ce qui le concerne, l’audace paie : les portes de Monaco s’ouvrent à lui. Sur la plage du Larvotto, ou à Fontvieille, il joue au beach-volley avec le futur Albert II de Monaco.
Charles prend de l’assurance : il œuvre au Louis XV, prestigieux restaurant de la Principauté, appelé à jouer la partition d’Alain Ducasse. Vous connaissez la suite. “Je suis Bocusien avec des racines ducassiennes”, s’amuse t’il. “Charly” est à fleur de peau, “tout m’atteint dans mon être profond.” Bocuse, une émotion…
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