Texte : Morgan Couturier – Ancien enseignant à l’INSA et magistrat administratif sous Raymond Barre, Patrick Martin-Genier s’est élevé au rang d’expert des relations internationales. Propulsé chroniqueur récurrent pour LCI, où il côtoie une certaine Alla Poédie, le Lyonnais voit son quotidien alimenté par la guerre en Ukraine, dont il épie les moindres avancées.

Les pincements au cœur sont bien moins prononcés et les revendications bien moins profondes, et pourtant, dans les artères de la chaîne LCI, Patrick Martin-Genier et Alla Poédie se plaisent à se retrouver sur les mêmes débats. Alors forcément, au détour de conversations à l’intérieur desquelles la Capitale des Gaules apporte des parenthèses de gaieté, l’intérêt commun pour l’Ukraine revient inexorablement sur la table, tels ces bombardements alimentant chaque jour, un conflit avec la Russie vieux de deux années.

« On se croise régulièrement sur les plateaux. C’est quelqu’un qui a beaucoup de convictions », expose Patrick Martin-Genier, en hommage à cette Lyonnaise d’adoption, dont le cœur ne cesse de s’emballer, devant la destruction de son pays. Bien moins impacté personnellement, le nouvel officier de la Légion d’honneur (de la promotion du 1^erjanvier 2024), s’en désole pourtant presque tout autant, à mesure que l’actualité lui rapporte de nouvelles horreurs à conter à l’antenne, trois à quatre fois par semaine. Et notamment le week-end, sous l’égide de l’animateur et journaliste, Darius Rochebin.

Une expertise appréciée des plateaux télés

De quoi faire écho aux nombreux ouvrages du professeur. À commencer par cette couverture, avec laquelle l’ancien résident de la rue Émile Zola, questionne son public, sur cette problématique actuelle : « L’Europe a-t-elle un avenir ? ». Un sujet on ne peut plus profond, que le conflit russo-ukrainien ne cesse de ramener à la surface, avec pertes, et de nombreux fracas.

Et si les conséquences sont nombreuses en ces terres, celles-ci ont tout aussi bien chamboulé le quotidien du Lyonnais, aujourd’hui bercé par les allées parisiennes après vingt années passées entre Rhône et Saône. « J’ai un lien tout particulier avec cette ville. J’y ai encore mon frère, qui réside place Carnot et quelques activités professionnelles », expose-t-il, ses pensées orientées le temps d’un instant, vers un passé esquissé à la Communauté Urbaine ou par les instructions de Raymond Barre.

Reste qu’aujourd’hui, son expertise de l’Europe invite à plus de résonnances. Après TV5 Monde, BFM TV ou Europe 1, Patrick Martin-Genier s’est lié à LCI, où sa maîtrise du dossier lui permet de tenir la dragée haute aux ambassadeurs, diplomates et autres experts. « C’est passionnant. On entame un vrai dialogue. Tout le monde n’a pas la même vision, alors on confronte nos points de vue. C’est un vrai carrefour d’échanges », expose-t-il encore, son attention portée bien plus sur la situation politique de l’Ukraine, que sa course à l’armement.

« Une guerre de tranchées, où les Russes ne gagnent pas et ne perdent pas »

Dans un conflit, que l’affrontement Israélo-palestinien range parfois au second rang, le Lyonnais se plaît dès lors, à lui redonner de l’importance. À évoquer aussi la question du soutien financier des pays européens, dont les promesses semblaient doucement se déliter. « Il va y avoir un vrai débat dans l’opinion publique », assurait-il, en janvier dernier, en écho à ces déclarations d’Emmanuel Macron faisant état d’une intervention militaire française, avec les conséquences que celle-ci pourrait engendrer.

« Même s’il a eu raison d’évoquer la question d’une éventuelle intervention militaire, les propos du chef de l’État ont montré au moins une chose : personne en Europe n’a envie de partir en guerre pour l’Ukraine. Vu les réactions internationales, Poutine peut se frotter les mains », réagit aujourd’hui le consultant, persuadé qu’un effondrement de l’Ukraine remettrait le désormais célèbre « il ne faut rien exclure », sur le devant de l’actualité. Preuve en est, sa participation, ce jeudi 30 mai, à une conférence au cercle Philo Decrypte, sur la thématique inquiétante d’une « Europe mortelle », sur fond d’élections européennes.

En attendant, quel sort pour l’Ukraine, dont la figure même de Zelensky se trouve petit à petit dégradée ? « Zelensky est peu contesté. On lui reproche l’exercice solitaire du pouvoir. La preuve, il a demandé l’adhésion à l’OTAN, mais on lui demande des garanties », poursuit Patrick Martin-Genier, attentif à cette évolution du pouvoir, alors que le président ukrainien a fermé la porte à de potentielles élections présidentielles (initialement prévues en mars 2024).

« Il y a aussi le cas de Vitali Klitschko, le maire de Kiev, qui aurait des ambitions pour occuper le poste de président », témoigne le chroniqueur. Autrefois partisan de son homologue, l’ancien champion du Monde de boxe semble, en effet, s’ouvrir aux critiques. Un fait qui n’a pas échappé à l’expert lyonnais, attentif à tous ces remous. À cette « guerre de tranchées, où les Russes ne gagnent pas et ne perdent pas ». Le conflit est donc parti pour durer. Patrick Martin-Genier s’en fera le témoin. Avec désolation, mais l’envie de nous informer. Une raison d’être pour ce Lyonnais, que l’Ukraine a propulsé en première ligne.

CONFERENCE
Patrick Martin-Genier est l’invité du cercle Philo Decrypte, ce jeudi 30 mai 2024, de 12h30 à 14h, au Collège Hôtel, 5 place Saint-Paul – Lyon 5^e. L’expert sera ainsi invité à débattre sur une thématique très actuelle : « l’Europe peut-elle mourir ? », à quelques jours seulement des élections européennes, prévues le 9 juin prochain. Déclin économique, montée des nationalistes, renforcement des frontières extérieures ou explosion de l’Union Européenne, autant de sujets que l’ancien juriste et européen convaincu, se fera un plaisir d’aborder.