Photo © Fabrice Schiff
Par Benjamin Solly
« Seul on va plus vite, à deux on va plus loin. » En proposant de transférer au Grand Lyon les compétences du Conseil général sur le territoire du la communauté urbaine, Gérard Collomb et Michel Mercier ont donné du sens à l’adage populaire. A tous les niveaux.
« Plus loin », car le projet de faire du Grand Lyon une métropole d’intérêt européen (MIEU) est précurseur et revêt par bien des aspects une vraie fonctionnalité du point de vue d‘un partage plus efficace des compétences. En particulier sur les questions du logement. Le Grand Lyon, délégataire des aides à la pierre, aurait désormais voix au chapitre sur les questions de l’hébergement d’urgence et du social. Il en va de même pour la petite enfance. Actuellement, le Grand Lyon gère les crèches, le Conseil général les assistantes maternelles. « Nous créerons un service articulant tous les modes de garde », se réjouit déjà Collomb. Minoré du territoire communautaire (58 communes pour 1,3 millions d’habitants), le Conseil général continuera d’exercer de son côté ses compétences obligatoires – aide sociale, voirie et transports, éducation, culture, développement local, gestion des services d’incendie et de secours – sur le reste du département (400 000 habitants).
« Plus vite », car les présidents de deux exécutifs ont agi sous le boisseau. Sans en informer les membres respectifs de leurs assemblées, mis devant le fait accompli en début de semaine. « Si on s’englue dans les débats, cela ne finira par jamais se faire », explique Collomb. « En juin 2013, il faut que tout soit terminé », embraye Mercier. A cet effet, une loi sera votée par le Parlement français l’été prochain, pour une application effective en 2014. La méthode a provoqué l’ire du président du groupe d’opposition Ensemble pour le Grand Lyon, François-Noël Buffet. «Est-il normal dans une démocratie où les instituions sont représentées par les élus du peuple que l’avenir d’un territoire se décide sans les consulter ? », s’interroge-t-il. Du côté des Verts, on déplore que « le temps de la concertation locale préalable à toute décision de cette importance manque cruellement. »
Un autre enjeu suscite au mieux la circonspection, au pire une profonde inquiétude. Il s’agit de la répartition des dépenses et des dettes de l’institution départementale qui doit faire l’objet d’une concertation entre représentants des deux institutions. « Le Grand Lyon, grâce à son président, va hériter de nombreuses charges financières dont la garantie d’emprunt donnée à la Foncière du Montout (40 millions d’euros), le Musée des Confluences, Rhônexpress, les emprunts toxiques du Conseil général, le TOP », peste sans discontinuer le sénateur-maire d’Oullins, pourfendeur de la gouvernance Collomb à la communauté urbaine. Un mariage « pour le meilleur et pour le pire », balaie ce dernier, qui verra tomber dans l’escarcelle communautaire la part d’impôts locaux et de taxes indirectes perçus habituellement par le Département sur le territoire du Grand Lyon. Mais également ses dépenses obligatoires, l’aide sociale en particulier qui représentait plus de 860 millions d’euros inscrits au budget 2012 du Département.
Cette dynamique territoriale, proprement révolutionnaire, a été validée par Marylise Lebranchu, ministre de la décentralisation. Elle a reçu un écho positif du Premier ministre Jean-Marc Ayrault et du Président de la république François Hollande, que Michel Mercier et Gérard Collomb ont rencontrés en marge du sommet franco-italien à Lyon lundi dernier.
Maman ! Maman ! Au secours !… T’as vu comme il a l’air méchant le monsieur ?…
Monsieur Hamelin a raison dans son communiqué très argumenté de dénoncer cette opération menée par le maire avec une méthode sectaire et au détriment de l’intérêt général …
Hamelin a raison, les manoeuvres de Collomb et Mercier sont inacceptables tant pour les élus que les électeurs. Le millefeuille administratif avance et la démocratie s’en va…