Texte : Morgan Couturier – L’émotion encore vive, deux ans après la perte de leurs enfants, les mamans d’Iris et Warren, organisaient ce samedi 31 août, un rassemblement en mémoire des deux disparus. Alors que la justice peine à livrer un verdict et que les élus écologistes se morfondent dans le silence, la mobilisation avait vocation à « remettre le dossier sur le haut de la pile », et à faire avancer la question des « homicides routiers ».

Elles s’étaient promis de ne pas craquer, de se tenir digne dans ce combat vieux de deux années. Mais à raviver les souvenirs du drame impliquant leurs enfants, Iris et Warren, Laure Cédat et Jessica Souchit, ont fini par exploser, les larmes remplaçant des mots encore difficiles à prononcer.

« Quand vous perdez votre enfant, vous prenez perpétuité », ont-elles fini par marteler, alors que le procès de l’ambulancier, auteur de l’accident, n’a toujours pas de date arrêtée. « Pourquoi nous n’avons aucune réponse ? Tous les six mois, on nous dit que l’on recevra le rapport d’expertise et ça fait deux ans que l’on attend. Ne serait-ce que pour avoir le kilométrage de la voiture qui a frappé nos enfants. À quel moment, on dit à une maman, on verra dans six mois », s’est insurgé Laure Cédat, à la veille d’un rassemblement programmé ce samedi 31 août, au cours duquel plusieurs centaines de Lyonnais se sont réunis sur le quai Joffre.

« On demande une peine exemplaire ! »

Une date symbolique pour les proches des deux adolescents, alors que le 31 août 2022 avait mobilisé plus de 1000 Lyonnais, à l’occasion d’une funeste cérémonie organisée à Saint-Jean. « C’est une date forte. C’était important de faire un point. Un point de colère, parce que deux ans après, il ne s’est rien passé », a appuyé Jessica Souchit, répétant à l’envi, que des responsables doivent être identifiés. À l’échelle de la justice donc, où la question des « homicides routiers » et des peines planchers, divise les camps politiques.

Mais aussi et surtout à l’échelle de Lyon, où les familles endeuillées sont confrontées au silence de la municipalité et de la Métropole de Lyon. « Si nous décidons de prendre la parole, c’est pour que ça change. Mais certains de nos élus ont oublié que la priorité, c’est la sécurité », n’a pas manqué de rappeler Laure Cédat, épaulée dans son action, par l’association « et 6 c’était vous », représentée par Serge Bensoussan et Éric Moreno, lui-même frappé par la mort de sa fille, Anne-Laure, en octobre 2016.

« Aucune nouvelle du maire de Lyon »

Consternées par ces ambulances roulant à vive allure, les deux mamans lyonnaises regrettent également la persistance de voies partagées entre vélos et transports en commun. « Des autoroutes de la mort », concèdent-elles, alors que des motards de la police municipale, comme les véhicules d’urgence, continuent d’emprunter ces voies à haute vitesse.

La disparition de Warren et Iris continue d’émouvoir les Lyonnais. Photo DR / Twitter France 3 Rhône-Alpes

« Aujourd’hui, on a l’impression que nos enfants sont morts pour rien. Quand ce sont les enfants des autres qui meurent, ça dérange beaucoup moins », ont ainsi déploré les principaux concernés. De quoi tordre le cou aux arguments des écologistes, lesquels se félicitent d’une « baisse de 35% des accidents à Lyon et 21% en territoire métropolitain », entre 2019 et 2023.

Des chiffres visiblement différents des données du Service statistique de la sécurité intérieure. En effet, dans son dernier numéro, l’hebdomadaire Valeurs Actuelles s’appuie sur ces mêmes données pour qualifier Lyon de cinquième ville la plus dangereuse de France. Et ce, pour la deuxième année consécutive. Une triste publicité, que les familles déchirées souhaiteraient effacer. Au détriment de certains dogmatismes.

> Une pétition a été ouverte au grand public souhaitant soutenir les familles : https://chng.it/DZRV6vWyYT