Photo © Fabrice Schiff
Par Benjamin Solly
Candidate aux primaires UMP, l’ex-secrétaire d’Etat à la Santé a dévoilé neuf axes programmatiques majeurs pour les municipales lyonnaises de 2014.
« Rendre le pouvoir aux Lyonnais. » L’ambition portée par Nora Berra émane d’un constat simple. « La qualité de vie et l’art de vivre à la Lyonnaise ont été sacrifiés. » Le grand sacrificateur de Lyon s’appelle évidemment Gérard Collomb. « Il est avant tout l’homme d’un camp, d’un parti, d’un clan », glisse-t-elle. Le sénateur-maire, pourtant brocardé pour ses libertés prises avec le PS, est ramené à son affiliation militante. Un déplacement de la campagne des municipales lyonnaises sur le terrain national dont Berra use à charge et à décharge. « J’ai la capacité de rassembler les compétences et les énergies, j’ai l’ai apprise auprès de Nicolas Sarkozy qui m’a nommée deux fois ministre », place-t-elle habilement.
Rebondissant toutefois sur sa trajectoire essentiellement lyonnaise, de sa naissance à l’Hôtel-Dieu à la pratique de la médecine à Edouard Herriot, Nora Berra s’arroge « une fidélité assumée à [s]a ville. » « Tout le monde ne peut pas en dire autant », griffe-t-elle, sans le nommer, le député de Givors Georges Fenech. Et qu’importe si Berra a commencé sa carrière politique comme conseillère municipale de Neuville. Elle qui assurait pourtant ne pas être intéressée par le fauteuil de Collomb justifie aujourd’hui sa candidature par son « expérience » et sa « loyauté. » « Je veux éviter à la droite une troisième défaite à Lyon », explique-t-elle.
Une posture de responsabilité servie par une base programmatique qu’elle a dévoilée lors d’une conférence de presse mardi 21 mai 2013. Autour de neuf axes thématiques, la Lyonnaise a déroulé plusieurs propositions pour se démarquer de ses quatre challengers. Avec notamment le projet de muter la ligne de bus C3 en tramway. « Avec 55 000 voyageurs par jour, la ligne la plus utilisée de Lyon arrive à saturation. Le tramway, c’est 100 000 voyageurs par jour. » La création d’un grand circuit piétonnier de la Confluence à l’Hôtel de Ville et la réhabilitation du site de Gerland autour d’un grand Campus du sport réunissant sport universitaire et sport-loisir viennent ajouter aux grands projets de ville portés par l’ancienne ministre.
La Lyonnaise ne croit pas à la création d’une nouvelle ligne de métro. « C’est intenable financièrement », prévient-elle. Un tacle à l’attention de Michel Havard et son projet de ligne transversale entre Saint-Paul et l’Hôpital Mère-Enfant via La Part-Dieu. Elle s’installe pourtant dans les traces de ce dernier lorsqu’elle propose d’appréhender la ville à l’échelle de ses quartiers, en organisant par exemple des « Points quartiers » qui déclineraient des services municipaux de proximité. Les problématiques intergénérationnelles, de la petite enfance aux séniors, seront incluses à un audit plus général des dépenses de la Ville pour déterminer les marges de manœuvres. « Je ne vais pas annoncer 1500 places en crèches de plus », attaque-t-elle sans préserver Emmanuel Hamelin qui porte ce projet.
C’est plus largement la gouvernance de la Ville que Nora Berra veut rendre aux Lyonnais. Notamment en instaurant mensuellement des questions d’actualités municipales, ouvertes à tous les Lyonnais, qui se dérouleraient les matins précédant les conseils municipaux. A l’échelle municipale, la mise en place d’une commission de transparence et de déontologie, contraignante pour les élus mais également les « membres des cabinets et les hauts fonctionnaires en charge des services de la Ville », et d’un médiateur municipal sur le modèle des médiateurs de la République est également dans les cartons de l’eurodéputée.
Fer de lance de la communication municipale de Gérard Collomb, le concept de Smart City a fait florès chez Berra. « Je veux que Lyon devienne LA Smart City », ambitionne-t-elle. Notamment par des actions de confort du quotidien, comme le paiement des horodateurs par smartphones ou des plateformes de réservation des stationnements réservés aux livraisons. « Un bon moyen de désengorger la ville de ses bouchons matinaux », assure-t-elle. Pour le reste, comme le cadencement optimisé des feux de circulation, la manœuvre à déjà été réalisée par le sénateur-maire. Plus ambitieuse, la Lyonnaise souhaite également obtneir la labellisation par l’Etat d’un nouveau pôle de compétitivité, en priorité dans le domaine de l’ « e-santé », des biotechnologies médiacales à la télémédecine.
Nora Berra botte en touche sur l’augmentation des impôts
Pour servir son ambitieux programme, Berra assure qu’elle travaillera à budget constant. « L’enveloppe dédiée aux investissements restera la même et si nous sommes excédentaires, il faudra redistribuer du pouvoir d’achat aux Lyonnais », juge-t-elle. Au regard de la baisse des dotations d’Etat et de la faible marge d’augmentation des recettes, cette perspective semble irréalisable. « S’il y a moins de rentrées fiscales, il faudra faire en sorte de rester à budget constant », continue-t-elle. Une façon habile de dire qu’il faudra, le cas échéant, trouver des leviers de pression fiscale. Par l’augmentation des taux d’imposition ? Berra restera muette, se contentant d’assurer qu’elle travaillerait à budget constant.
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