Texte : Morgan Couturier – Loin des fourneaux parisiens, le chef étoilé, Yannick Alléno s’est illustré sur un tout autre domaine, ce mercredi 11 septembre 2024. Via son association Antoine Alléno, le gastronome venait ainsi à Lyon, à la rencontre de ces familles endeuillées par des accidents de la route, qu’il souhaite rebaptiser « homicides routiers ».
Le sujet lui revient inlassablement au visage, comme une mauvaise série que l’on lui suggérerait depuis deux ans. À une différence près, mais de taille, les victimes accompagnant son quotidien, sont bien réelles. Au grand dam de l’intéressé, Yannick Alléno ayant connu la souffrance de perdre son fils, Antoine, percuté par une voiture, le 8 mai 2022.
Alors depuis, le chef étoilé a appris à conter l’histoire autrement. Ou plutôt à boire les paroles de ces autres victimes indirectes, qu’il prend soin d’écouter et réconforter, au travers de son association Antoine Alléno.
« On laisse les enfants mourir sur le trottoir »
De passage à l’Hôtel Royal, sur la place Bellecour, le chef étoilé en a encore fait la démonstration, ce mercredi 11 septembre, sa veste blanche, laissée au placard, au profit d’un costume noir, de meilleures circonstances. Car si le rendez-vous avait vocation à immortaliser le visage de ces familles et amis endeuillés par la perte d’un proche, Yannick Alléno sut surtout tirer parti de son amère aventure, pour apporter une oreille attentive.
« On doit considérer les gens », expliqua-t-il, regrettant que les pouvoirs publics, comme la justice, « laisse mourir les enfants sur le trottoir ». Pour preuve, l’ignorance de la Métropole de Lyon à l’égard de l’association des accidentés de la voie publique, venue jusqu’au siège de l’institution, pour quémander un soutien financier. « Monsieur (Pascal) Blanchard nous a dit que les gens n’avaient pas besoin de nous, ils ont un téléphone, ils se débrouillent », relate son président, Romain Peltre, également ignoré par la Ville de Lyon.
L’association des accidentés de la voie publique rejetée par les élus de la Métropole
« À un moment, il faut dire qu’il y en a trop. Personne n’est à l’abri », s’émut Yannick Alléno, au sujet de ces accidents meurtriers. Un mot à bannir selon lui. Car s’il lui arrive de fauter, en employant ce terme maudit, le chef aux 17 étoiles ne tarde pas à réagir, suppliant d’utiliser l’expression « d’homicides routiers ».
« Le statut d’homicide va permettre un accompagnement plus précis des familles, parce qu’il faut prêter attention à ceux qui restent. Cela permettrait à la Justice de faire un tri. Les gens font de plus en plus n’importe quoi. C’est un massacre. Rendez vous compte, pour les victimes de moins de 25 ans, c’est sept fois le Bataclan en termes de masse », expose-t-il, fier de porter secours aux Lyonnais présents pour l’occasion.
À commencer par Laure Cédat et Jessica Souchit, dont le combat contre l’ambulancier responsable de la disparition de leur enfant, Iris et Warren, trouve un écho supplémentaire auprès du chef. « On va beaucoup pleurer aujourd’hui », glissa d’ailleurs la maman d’Iris, à l’heure d’inscrire son portrait, parmi les 2912 visages qui recouvriront le pont de l’Alma, à Paris, au printemps prochain.
« Le problème, c’est qu’aujourd’hui, en France, c’est un non sujet. C’est une non-considération, alors que c’est important pour les familles. Regardez, pour qualifier les victimes, il n’y a même pas un mot qui existe », regretta Yannick Alléno. L’air grave, le gastronome le sait, le combat n’est pas gagné. Mais en prêtant main-forte à ces familles et ces enfants, endeuillés, celui-ci s’offre déjà une petite victoire…
Bravo félicitations pour cette initiative.
Bravo au Chef Alléno.