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Par Benjamin Solly
Dans la course aux primaires de l’UMP, Michel Havard a dévoilé une série de propositions chiffrées qui constitueront la trame de son action municipale s’il est élu maire de Lyon en mars 2014.
« La ville à vivre. » Le crédo de l’ex-député de la colline qui prie n’est pas qu’incantatoire. En dévoilant les fondations de son projet pour Lyon, Michel Havard n’a pas seulement collé à la roue de ses challengers municipaux. Il a lancé le sprint. Car, à la différence de ses concurrents, le leader de l’opposition municipale lyonnaise a présenté des propositions chiffrées. Un premier devis sans certitudes budgétaires. « L’objectif, c’est évidemment de ne pas augmenter la fiscalité », explique-t-il. Comprenez que le chef d’Ensemble pour Lyon ne peut pas, en l’état, claironner sur des taux d’imposition sanctuarisés pendant son mandat. Augmentera, augmentera pas ? Le transfert de charges autour de la réforme des rythmes scolaires, la baisse des dotations de l’État et les recettes aléatoires des droits de mutation incitent Havard à la plus grande prudence. « Je ne suis pas le candidat qui rase gratis. » Il assure toutefois qu’il n’augmenterait pas la pression fiscale sur sa première année de mandat.
Saint-Paul/Part-Dieu, un métro à 400 millions d’euros
Vilipendé par Nora Berra, qui estime que le creusement d’un nouveau tube pour le métro lyonnais est « intenable financièrement », Michel Havard ne lâche par sa ligne transversale Saint-Paul/Part-Dieu. « C’est un projet à 400 millions d’euros qui devra être amorti sur deux mandats. » Le Sytral, qui investi près d’un milliard d’euros par mandat, sera à la manœuvre. « Je prends cette décision pour les 150 années à venir. » Son projet n’est pas exhaustif en l’état, et cette future ligne pourra faire l’objet d’un prolongement jusqu’à l’hôpital Femme-Mère-Enfant de Bron, via Maison Neuves et Montchat. Il sera prioritaire sur tous les autres chantiers d’infrastructures de transports, notamment le prolongement de la ligne du métro B vers les hôpitaux Sud. Le prolongement de la ligne A jusqu’à La Confluence, souhaité par Emmanuel Hamelin, n’est pas envisageable est un doublon inutile pour Havard. « Le Sytral a déjà engagé 80 millions d’euros pour la prolongation du tramway jusqu’à Debourg et dans les conditions actuelles, je ne casserai pas cet investissement pour le réorienter hypothétiquement sur un métro. » Concernant la transformation de la ligne C3 en tramway, portée par Nora Berra, il avoue mal comprendre la manœuvre. « L’emprise foncière créerait des goulets d’étranglement sur certaines portions, notamment près des Terreaux et sur l’entrée du cours Lafayette. »
2000 logements étudiants à Gerland pour 50 millions d’euros
Quartier dédié à la recherche et à l’enseignement supérieur, Gerland fera l’objet d’un grand projet de logements étudiants. Objectif : réaménager 2000 containers du port Edouard Herriot. « C’est une méthode que j’ai découverte au Havre et à Amsterdam, très efficace et à moindre coût. Chaque container nécessite un investissement de base de 25 000 euros pour son aménagement, et pourra être loué entre 250 et 350 euros. » « A Lyon, sur le logement étudiant, il y a sept fois plus de demande que d’offre », précise-t-il. Gerland fait d’ailleurs l’objet d’un projet plus global, notamment du côté du Palais des Sports. L’ancien parlementaire ne souhaite pas le raser. Il le juge « obsolète mais utile », notamment au regard de son faible coût de location. « Si on le garde, il faudra renforcer sa pertinence. » Havard envisage de mutualiser le bâtiment entre le monde du sport, en attirant des sièges de fédérations, et celui de la musique. Quand on sait que des associations comme le Grrrnd Zero, fleuron de la culture musicale underground lyonnaise, a toutes les peines du monde à s’implanter durablement sur le site de Brossette, l’idée mérite d’être relevée.
9 millions d’euros réservés annuellement aux arrondissements
« La ville à vivre » portée par Michel Havard se déclinera dans chaque arrondissement. Une ambition servie par un outil : les États généraux des arrondissements. Le terme est vraisemblablement à la mode, Emmanuel Hamelin proposant des États généraux de la robotique quand Nora Berra prévoit des États généraux de la petite enfance. « Cela permettra efficacement de faire évoluer les politiques publiques en fonctions des besoins des habitants. » En plus d’un « tchat » annuel du maire avec les Lyonnais, Havard envisage de créer un poste d’adjoint dédié à ces relations avec les arrondissements, mais également d’investir un million d’euros par an et par arrondissement pour répondre aux problématiques locales. Un Lyon étudié à la loupe qui lui permet de relever certaines incohérences dans l’aménagement urbain. Notamment dans le traitement des déchets du quartier-vitrine de la Confluence. « Je m’engage à mettre en place une collecte pneumatique des déchets », annonce-t-il. Des collecteurs collectifs à évacuation pneumatique, qui existent déjà à Romainville. « Pour 2 600 logements à Romainville, le coût d’investissement représente 8 millions d’euros. » La jauge serait évidemment plus grande à l’échelle lyonnaise. Côté sécurité, Havard confirme vouloir armer les policiers municipaux et redéployer plus efficacement leur maillage sur le territoire lyonnais. La vidéoprotection s’invite également dans les débats. Havard souhaite en faire usage dans les quartiers commerçants, du cours Gambetta à l’avenue des Frères Lumières.
Collomb plagieur ?
Point saillant de son lancement de campagne en février dernier, le chèque premier logement fait l’objet d’un bras de fer en reconnaissance de paternité. « Gérard Collomb est entrain de me piquer l’idée », fulmine Havard. En effet, une délibération, présentée lundi 27 mai 2013, reprenant peu ou prou les contours du projet est à l’ordre du jour du prochain conseil communautaire. Le Grand Lyon lie toutefois l’éligibilité de ce coup de pouce aux primo-accédants à un revenu annuel maximum de 26 000 euros pour une personne seule. « Un primo-accédant tenu à ce plafond restrictif ne pourrait pas acheter autre chose qu’une chambre de bonne à Lyon », commente l’entourage de Havard. Le principal intéressé préfère d’ailleurs prendre la chose avec philosophie. « Collomb dira sans doute qu’il avait l’idée depuis 12 ans », ironise-t-il.
Michel Havard ne lorgne pas sur la présidence de la future Métropole
« Il y avait le modèle Collomb, il y aura le modèle de l’UMP », promet le Lyonnais. Comprendre que s’il est élu maire, Michel Havard ne combinera pas tous les pouvoirs locaux. Il disait déjà vouloir se consacrer uniquement au mandat de maire, il confirme qu’il ne vise pas la fonction de président de la future Métropole. « C’est impossible de tout mener de front. Prenez le sénateur Collomb, il touche une indemnité de 5 000 euros d’une institution où il ne met quasiment jamais les pieds. Vous connaissez beaucoup de Lyonnais dans ce cas de figure ? » Offensif, Havard promet une implication municipale exclusive et une gestion financière rigoureuse. « Nous n’aurons pas le choix, Collomb a déjà vendu tous les bijoux de famille. »
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