La place Bellecour recouverte d’arbres et de végétation, voici le nouveau fantasme des nouveaux élus verts venus de Paris. Une fausse bonne idée issue des cerveaux surchauffés des climatodolatres. Pour Lyon People, l’historien Jean Etevenaux démonte, pièce par pièce, le projet « souk Bellecour » de l’éphé(maire) de Lyon qui vise à dénaturer cette iconique place d’armes. MP
Texte : Jean Étèvenaux, historien – D’après le petit Grégory, les Lyonnais n’attendaient que cela : « Vous en avez rêvé : la place Bellecour sera végétalisée ! », a-t-il déclaré le 12 novembre 2024 en présentant à la presse « la première étape dans l’adaptation de ce lieu chargé d’histoire avec un parcours ombragé » aux allures de souk. Un projet, estimé à 1,6 million d’euros.
Il s’agit selon Grégory Doucet, « de travailler à la révision des contraintes historiques de la place qui ne répondent plus aux enjeux actuels ». Rien que ça ! Dans ce contexte de révisionnisme, il convient de rappeler à cet élu, élevé en banlieue parisienne, l’histoire de la place royale. La voici !
Monument historique
Les Lyonnais sont généralement très fiers de leur place centrale et en exagèrent même les proportions alors qu’elle ne tient le premier rang ni en Europe ni même en France, où elle se trouve en cinquième position. Ils adorent la montrer aux visiteurs depuis l’esplanade de Fourvière et ils sont familiers de ce lieu chargé d’Histoire qui se traverse aisément. Ses belles façades, bien plus régulières et proportionnées que celles de la place des Terreaux, lui confèrent un caractère majestueux renforcé par la statue équestre de Louis XIV en empereur romain.
Alors, pourquoi vouloir désacraliser cette place en la réduisant à un rôle de jardin ou de parc public ?
Là, on ne se trouve plus dans le cas d’une aire de jeux aménagée pour les enfants à côté de l’office du tourisme, à l’instar, d’ailleurs, de ce qui existe un peu partout dans les parcs de la ville. Il s’agit d’un lieu historique, comparable à la place parisienne de la Concorde, l’une et l’autre ayant, de surcroît, abrité la guillotine révolutionnaire. Les arbres n’y sont certes pas aussi nombreux que sur la place bordelaise des Quinconces mais elle présente une antériorité d’un bon siècle par rapport à celle tracée en l’honneur des girondins victimes des jacobins.
On ne peut, en effet, pas faire n’importe quoi avec un tel monument historique, témoin et acteur des grandes heures de la capitale des Gaules.
Le simple ancien pré où était implantée la vigne médiévale de Belle-Cour (Bella Curtis) devient une place d’armes lorsque, en 1562, le baron des Adrets (1513-1587) gouverne la ville au nom des protestants puis lorsque, en 1600, Henri IV (1589-1610) demande à la municipalité de l’utiliser à cette fin. La fonction militaire se trouve vite supplantée par le rôle politique qu’elle doit tenir, symbole du pouvoir royal qui a définitivement supplanté tous les autres.
Dénommée Bellecour en 1658 par ordonnance de Louis XIV (1643-1715), la place Royale sert d’écrin à la statue du Roi-Soleil en 1713 ; mais elle aurait dû aussi accueillir une véritable cité administrative afin que soient regroupés tous les organes locaux de la monarchie. Une végétalisation partielle est établie en sa partie méridionale afin de cacher des irrégularités de terrain. Le percement des rues adjacentes témoigne en tout cas d’une nouvelle étape de l’urbanisation lyonnaise qui voit le quartier d’Ainay perdre son caractère marécageux.
Sa renaissance grâce à Napoléon
La place Louis-le-Grand est transformée par la Révolution en place de la Fédération puis de l’Égalité. La statue de Louis XIV est fondue alors que, à ses pieds, les deux fleuves magnifiés de façon très genrée par Nicolas (1658-1733) et Guillaume Coustou (1677-1746) sont prudemment transférés dans l’hôtel de ville ; cela prélude à leur exil au Musée des Beaux-Arts en mars 2021 pour les « protéger ».
Quant aux trois rangées de tilleuls du côté sud, elles sont témoins, dès 1792, du massacre de huit militaires du Royal-Pologne et de trois prêtres réfractaires — la tête, la langue et les mains de l’un d’entre eux furent accrochés à un des arbres —, avant d’être remplacés par des marronniers qui seront abattus en 2010 pour des tilleuls et des merisiers ; les autres marronniers, qui ont donné leur nom à la petite rue parallèle au Rhône, avaient été abattus dès le XVIIIème siècle lors de la construction des immeubles de la façade orientale.
Enfin, les bâtiments des trois autres côtés, considérés par les ancêtres des wokes déconstructeurs d’aujourd’hui comme des manifestations de « tout ce que le vice et le crime avaient élevé », sont promis en 1793 à la disparition — « tout ce fut habité par le riche sera démoli » — au cours d’une cérémonie où les « orgueilleuses façades », « ces habitations du crime », sont frappées d’un petit maillet en argent ; heureusement, le chantier de démolition coûta trop cher pour être effectivement mené à son terme.
Il faudra néanmoins des années pour que les destructions du siège de la ville et la répression qui entraîna la condamnation à mort de quelque 1 800 personnes soient oubliées grâce à la reprise économique lancée par le Consulat et à la bienveillance personnelle de Napoléon : il vint lui-même lancer la reconstruction au lendemain de la victoire de Marengo en 1800, ainsi que le rappelle toujours une plaque sur l’immeuble du 2 de la rue du Colonel Chambonnet, à l’angle de la rue du Plat ; on comprend que la place prenne alors le nom de Bonaparte.
En fait, Bellecour avait tenu, sous l’Ancien Régime, le rôle d’un forum romain, ou d’une agora grecque, mais pas au sens politique. On s’y rencontrait pour papoter, discuter affaires ou simplement se montrer. L’aspect culturel n’était pas négligé comme en témoignent ces vers ironiques du savant jésuite Claude-François Ménestrier (1631-1705) :
« On y voit abonder mille faiseurs de vers,
De sonnets, de rondeaux et d’ouvrages divers
Que toute la place en est pleine.
Après eux, faiseurs de romans,
Assez sujets à la migraine,
Viennent, accompagnés d’une troupe d’amants. »
On y rencontrait aussi toutes sortes d’activités inattendues, tel ce Théâtre lugdunensien des puces savantes qui aurait sûrement suscité l’ire des animalistes d’aujourd’hui soucieux de préserver le bien-être des animaux « liminaires »…
On ne peut non plus oublier que la mémoire de cette place inclut sur sa face nord le souvenir des cinq résistants fusillés en 1944 et à l’angle sud-est l’évocation d’Antoine de Saint-Exupéry. Dans un numéro collector, Lyon People a détaillé les bâtiments en bordure qui rattachent ce coin d’entre Saône et Rhône aux siècles du passé lyonnais.
Rappelons aussi que sa taille a permis de réunir plus de 20 000 personnes lors de la retransmission du match de la coupe du monde football France-Croatie en 2018. Parfois trop colonisée lors de manifestations diverses, elle n’en offre pas moins un vaste déambulatoire dont les contours ont déjà accueilli, depuis une dizaine d’années, le renouvellement des aires de jeux, des bassins, des kiosques et des végétaux.
Tout au long de sa vie, la place Bellecour a hésité entre plusieurs vocations. Celle de jardin d’agrément n’apparaît certainement pas la plus assurée. Certes, on a prétendu que, depuis plusieurs années, des voix s’élèvent nombreuses pour réclamer plus d’arbres et de verdure dans la cité, plus particulièrement, paraît-il, sur les places Bellecour et des Terreaux, vite qualifiées d’« immenses étendues de béton et de gore ».
Mais on disait que la présence d’un parking et du métro sous Bellecour et des colonnes de Buren sur les Terreaux empêcherait toute plantation.
Il apparaît pourtant nécessaire de ne pas mélanger les genres.
Une place n’est ni un jardin ni un parc, surtout quand elle est définie comme monumentale. Ce n’est parce que le quart des personnes consultées, soit 1 500 sur 6 000, promeut la végétalisation que celle-ci doit être imposée. On n’oubliera pas que, en ce qui concerne les Terreaux, il y a le très agréable cloître du palais Saint-Pierre juste à côté ; pour Bellecour, la place Antonin-Poncet, contiguë, offre arbres, pelouses et jets d’eau.
L’urbanisme du XXIe siècle et le bien-être des citoyens n’exigent pas de tout bouleverser.
- L’histoire de la place Bellecour et de ses 45 immeubles est à retrouver dans le numéro spécial de Lyon People (10 euros port compris)
A commander auprès de Marie au 04 72 82 97 78
Je suis totalement contre ce projet ! Mais c’est uniquement parce que je suis contre les écolos à la mairie. À part ça, je n’ai aucune objection.
Pour défendre la réhabilitation de la place Bellecour et de la place du Terreaux, il est essentiel de mettre en avant l’importance de réhumaniser ces espaces publics qui, actuellement, manquent de chaleur et d’attrait.
1. **Amélioration de la qualité de vie** : En ajoutant des éléments naturels tels que des arbres, des plantes et des espaces verts, nous pouvons créer des environnements plus agréables et accueillants. La présence de la nature a un impact positif sur le bien-être mental des citoyens, favorisant la détente et le plaisir de se retrouver en plein air.
2. **Favoriser les interactions sociales** : Des espaces réaménagés de manière conviviale encouragent les rencontres et les échanges entre les habitants. Des zones de repos, des bancs, et des installations pour les enfants peuvent transformer ces places en véritables lieux de vie communautaire.
3. **Dynamiser l’économie locale** : En rendant ces espaces plus attrayants, nous incitons les visiteurs à s’y arrêter, ce qui peut bénéficier aux commerces locaux. Une place vivante et animée attire non seulement les habitants, mais aussi les touristes, contribuant ainsi à l’essor économique de la région.
4. **Valoriser le patrimoine** : La réhabilitation de ces places peut également être l’occasion de mettre en valeur leur histoire et leur architecture. En intégrant des éléments de design moderne tout en respectant le patrimoine existant, nous créons un équilibre harmonieux qui enrichit l’identité de notre ville.
5. **Promouvoir un urbanisme durable** : En réhumanisant ces espaces, nous adoptons une approche d’urbanisme durable qui tient compte des besoins des générations futures. Cela implique de penser à la gestion des eaux pluviales, à l’isolation acoustique, et à la qualité de l’air, tout en intégrant des solutions innovantes pour un aménagement durable.
En somme, réhumaniser la place Bellecour et la place du Terreaux, c’est investir dans un avenir où les espaces publics sont des lieux de rencontre, de détente et de bien-être, contribuant ainsi à une ville plus vivante et accueillante pour tous.
on s’en fou de ton blabla, on vient à la place pour y venir et c tout
c facile de mettre des jolis mots en dépensant l’argent du contribuable pour n’importe quoi !!
Arrêtons de vandaliser Lyon avec tous ces travaux inutiles !!
Une place d’armes est une place d’armes, elle a trop de souvenirs heureux et malheureux. Respectons la en tant que t’elle.
et bien cette place à une histoire et l’histoire se perd peut être des gros bacs avec des arbustes et fleurs pour ne pas abîmer la place et que l’on puisse les déplacer facilement ? et quelques assises ce qui manque
Il me semble que le maire de Lyon a oublié que cette place fait partie de la zone du centre de Lyon classée au patrimoine mondial de L’UNESCO depuis le 05/12/1998. Le projet retenu pour le classement souligne le développement urbain de la ville d’ouest en est au fil du temps : de l’antiquité romaine au 20ème siècle.
J’espère que les associations de sauvegarde du patrimoine sont toujours actives et réactives sur Lyon pour préserver la place historique de Bellecour chère à beaucoup de Lyonnais et Lyonnaises.
Rassurez-vous. Vos cerveaux aussi vont très bientôt surchauffer… d’ailleurs, si le climat était le seul problème cela serait plutôt une bonne nouvelle. Or, ce n’est hélas que la partie émergée de l’iceberg… qui fond… Je ne vais pas détailler ici ces faits qui nécessitent simplement un brin de recherche et qui sont scientifiquement avérés. Toutefois, indépendamment de savoir si la végétalisation est une bonne chose dans ce cas, il va falloir imaginer et que vous le veuillez ou non défaire les fondations d’une histoire qui à l’échelle géologique ne laissera absolument rien d’autre traces que celle d’avoir absolument tout tuer sur sa propre planète dans des échelles de temps extraordinairement courtes. Alors la politique s’avère souvent bien maladroite lorsqu’elle s’approprie des idées mais la réalité scientifique et factuelle ne doit plus se heurter au déni.
je pense qu’il y a des priorités pour investir dans un projet et pour moi celui-ci n’est pas utile. Mais chaque élu veut marquer son passage dans la ville ou il a été élu par des réalisations pas toujours justifiées et sans concertation bien sûr. Pour Doucet ce sont les pistes cyclables en long, en large et en travers, et meme dans les sens uniques. Tout ça génère moultes travaux pas toujours utiles mais vraiment merdiques pour la circulation et source d’accidents prévisibles.
très belle initiative que ce projet de vegetalisation d’un espace qui au final de sert actuellement pas à grand chose. si on peut en faire 1 poumon vert et un îlot de fraîcheur, de type parc urbain, ce sera bienvenue. les rageux d’aujourd’hui seront ceux qui en profiteront demain sans reconnaître l’intérêt de l’initiative.
Projet d’une grande laideur voire de mauvais goût et surtout inefficace et bien trop cher pour une installation a vocation éphémère .Et d comme d’habitude avec cette municipalite ,un semblant de concertation non représentative .?Quand auront ils fini d’ enlaidir et dénaturer notre ville
je suis profondément opposé a toute modification de ce site symbolique de la ville , dans la configuration prônée par les verts ..
une nouvelle rangée d’arbres aurait été souhaitable effectivement et n’aurait pas défiguré le site . alors que ces espèces de voiles prévues sont grotesques !!et que dire de leur résistance en cas de coup de vent !!