Texte : Jocelyne Vidal – Plus de 100 licenciements sont envisagés à Monplaisir où les boutiques commencent à mettre la clé sous la porte. Dans la plus grande indifférence des écologistes qui poursuivent le saccage de l’avenue entamé l’été dernier.
Tandis que la « canopée » annoncée vire à la peau de chagrin à Bellecour, l’avenue des Frères Lumière se désertifie jour après jour. Fermée pour trois mois, l’artère principale de Monplaisir fait les frais d’une frénésie de travaux maintenus contre vents -soufflant le 25 novembre à 120km/heure- et marée de mécontentement.
Coincés entre passerelles de tôles, tranchées et engins de chantier, les commerces de l’avenue des Frères Lumière paient cher sa transformation en Vélorue. Perdre chaque jour 30% de chiffre d’affaires aboutira fatalement à la fermeture des boutiques les plus impactées par les trois mois de fermeture de l’avenue, à la hauteur de la Manufacture des Tabacs.
« Plus de cent licenciements sont envisagés », déplore Gwenaël Belbeoch, président de l’UCAM (Union des Commerçants et Artisans de Monplaisir) qui regroupe 80 adhérents parmi les 220 commerçants d’un quartier-village sinistré.
A deux pas des bureaux de Meileurtaux, dont 80% de la clientèle venue de l’extérieur, bataille entre bouchons et déviations pour rejoindre l’avenue des Frères Lumière, un salon de thé ouvert il y a deux ans, a déjà fermé ses portes.
Rideau baissé également pour l’Opticien Gumii, face à la place Ambroise Courtois. A l’angle de la rue Antoine Lumière, Jeff de Bruges a tiré sa révérence, sans trouver de successeur. Même désert commercial à l’emplacement de l’ancien supermarché Casino, maculé de tags.
Incompréhension et colère
« La Métropole s’obstine à répéter que moins de dix pour cent des achats du quartier sont effectués avec leur véhicule personnel, par des personnes extérieures au quartier, alors que les fichiers clients des commerçants, membres des deux associations UCAM et J’Aime Monplaisir attestent qu’un pourcentage de 30% de la consommation est le fait d’une clientèle venue en voiture, des quatre coins de l’agglomération ».
Un manque de communication et d’anticipation des déviations, à la veille des fêtes où se réalise 25% du chiffre d’affaires, suscite l’incompréhension et la colère des commerçants. Lesquels n’en ont pas moins préparé dès la fin du Festival Lumière, les illuminations et animations du 8 décembre, avec le concours de Mathilde Mouchet, chargée de mission de l’UCAM.
Une association déterminée « à défendre les intérêts du quartier et à dynamiser un pôle économique de plusieurs milliers de salariés. » Aux effectifs de 400 collaborateurs des boutiques, s’ajoutent en effet ceux des HCL, des hôpitaux Léon Bérard et d’ONG, telle Handicap International…
Il y a deux ans, Grégory Doucet avait ses habitudes à la Villa Marguerite. Sur fond de tractopelles et marteaux-piqueurs, la baisse de fréquentation d’un fleuron des Maisons Bocuse lui donne bizarrement l’impression de ne plus être le bienvenu.
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