Texte : Philippe Lecoq – Ils ont eu le nez fin… Interpol et sa cohorte de policiers, un musée, le Transbo pas loin, des hôtels pour plus de 300 chambres, un centre de congrès et donc des congressistes, des salles de cinéma et leur public affamé, 500 appartements privés et plutôt chics dont les occupants rechignent parfois à prendre la voiture pour aller diner en ville, et puis des sièges sociaux comme s’il en pleuvait…
Un parking souterrain quasi infini, une vue interminable et imprenable sur le parc à la Tête d’Or voisin, avec une porte juste devant pour s’y rendre en promenade digestive… Inutile de refaire mille fois le coup de l’emplacement, la litanie introductive est limpide, Christophe Marguin, Frédéric Berthod et Mathieu Viannayont eu le nez fin. C’était en 2007, Christophe – il faut rendre à César… – a vent d’une opportunité de création de restaurant dans la dernière tranche de travaux de la Cité. L’architecte Renzo Piano a prévu que ce soit un restaurant à cet endroit-là, face à l’amphithéâtre, ce sera une brasserie.
Christophe embarque ses deux compères dans le projet, et les voilà à Paris, dans les bureaux de la star lui-même. A l’époque Christophe est aux Échets, le MOF Mathieu avenue Foch avec sa première étoile et Frédéric dans une des trois brasseries Bocuse dont il a fait l’ouverture, sans doute à l’Ouest. Renzo Piano hors de prix, le trio signe avec l’un de ses élèves, Pier Luigi Copat, qui propose la cuisine ouverte, le « mur vitré de cave », les hautes baies donnant sur le parc, et surtout ce long ruban rouge qui se mue en escalier jusqu’à la mezzanine après avoir dessiné le bar central.
Rien ou presque n’a été retouché depuis Renzo Piano. Du bon boulot.
L’homme du 33 ce sera Frédéric. Avec deux idées force : tout ce qui sera servi sera fabriqué et produit ici, quenelles comprises. Pâté-croûte aussi. Et tout ce qui sera proposé à boire sera le fruit de leur passion commune pour le vin, les vins, avec un nombre de références inimaginable pour l’époque. « Notre idée, au-delà de partager notre passion, a été de proposer des vins méconnus mais aussi de rendre accessibles les grandes maisons qu’on ne trouve que dans les gastros » explique Frédéric.
« La première à nous faire confiance a été le domaine de la Romanée-Conti. Les autres ont suivi… Nous avons aujourd’hui 700 références de Bourgogne, Beaujolais, vallée du Rhône, Savoie aussi région d’où je viens ». 120 couverts dedans, 120 dehors, sur la belle terrasse qui donne sur l’esplanade de l’amphi… et donc le parc. Soit douze personnes en cuisine et autant en salle pour répondre à l’exigence de la patientèle du déjeuner qui manque souvent… de patience.
La carte ? Plutôt simple, « avec des grands classiques qu’on ne parvient pas enlever sinon on se fait reprendre par les habitués », des suggestions en fonction des saisons, et une offre du jour, deux entrées-deux plats-deux desserts… Belle offre de poissons, ça change du tartare-frites, même maison. 2007-2024. Dans cette Cité Internationale où les enseignes vont et viennent, il est rassurant de trouver cette belle brasserie contemporaine toujours gouvernée par les mêmes. Bientôt vingt ans. Déjà.
33 Cité
33, quai Charles de Gaulle – Lyon 6
Tel : 04 37 45 45 45
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