Texte : Philippe Lecoq – Il y a là-bas, au fin fond de Gerland, entre le stade et la plaine des jeux, et donc juste avant le fleuve-Rhône, une pépite si discrète, une brasserie si bourgeoise dans le sens Lyonnais du terme, qu’on finirait par l’oublier dans notre livret de recommandations.
Et pourtant. Que de souvenirs dans ce lieu préservé mais menacé par la faute des écologistes (lire ici l’interview des patrons en colère) ! Des déjeuners à rallonge sur cette belle terrasse couverte de platanes – l’une des plus belles de Lyon, allez voir ! – sans autre vis-à-vis qu’un petit chalet de bois, un parking sécurisé de 80 places réservé à la clientèle habilement dissimulé, et la salle du restaurant Argenson qui s’avance avec sa véranda jusqu’aux arbres…
Il faut dire que cette brasserie-là fut la seule étape gourmande sérieuse de ce bout de Gerland pendant des lustres. Du temps de Suzanne Argenson d’abord, qui ne fut pas la première restauratrice ici mais lui donna son nom actuel et son statut ; puis d’Isabelle kébé qui le débaptisa en Seven’th et fit entrer le patron de l’OL dans le tour de table avant de lui céder pour partir vers d’autres cieux, laissant orphelins une belle flopée de noceurs…
Jusqu’à Paul Bocuse et Jean Fleury qui mirent des billes dans l’affaire aux côtés d’Aulas mais aussi de Christophe Michelon et du chef Olivier Sauzon. Nous sommes en 2002. Quatre mois de travaux. « Nous l’avons rebaptisé « Argenson » parce que c’était une institution lyonnaise » se souvient Christophe, un ancien de Collonges qui a fait l’ouverture du Nord en 1994. « Nous faisions partie des brasseries Bocuse sans vraiment en être avec notre tour de table un peu différent. Mais côté cuisine, nous proposions le même style que Le Nord ou L’Est ».
Olivier Sauzon, déjà chef du temps de Kébé, a d’ailleurs été se former dans les brasseries du Boss. Mais bref, Christophe fait évoluer la maison, joue à fond la carte OL – le club devient le patron du foot français – en organisant des soirées d’avant et après matches… Le bon temps.
Une fois l’Olympique Lyonnais installé à Décines, 30% du CA s’enfuit à l’Est de Lyon
Christophe en profite pour reprendre les actions du navire avec le chef et un associé extérieur. Paul Bocuse lui avait promis, c’est fait. Nouvelle histoire. Et depuis, malgré les longs travaux du métro, l’arrivée de la Brasserie du Lou et de La Maison dont la terrasse rivalise, Argenson tient son cap. Quinze personnes pour une capacité de 150 couverts, ouverture 7j/7, une carte solide et diablement bien ficelée par Olivier qui conjugue lyonnaiseries et plats de brasserie, le fameux pâté-croute maison, foie gras, saumon mariné, tartares, morue fraiche en aïoli, viandes rôties…
On en passe, les suggestions sont légion. Aujourd’hui, derrières les magnifiques verrières, les tons sont chaleureux, marrons et jaunes pour les dossiers confortables des assises. Le bar de l’entrée, monumental est toujours là, si Christophe est bien luné et la salle pleine, il doit être possible d’y déjeuner à deux sur le pouce et sur un mange-debout. Mais uniquement par temps pluvieux. Sinon, terrasse obligatoire.
Argenson
40, allée Pierre de Coubertin – Lyon Gerland
Tel : 04 72 73 72 73
0 commentaires