Par Nadine Fageol
11 déménagements en 13 ans. Le dernier en 2001 pour un charming loft à côté du Flatiron Building. La fille de Colette Sibilia, Marie-Laure élève une tribu de mâles cosmopolites et Xavier, le père, voit singulièrement vert… Manhattan transfert.
À deux pas du Flatiron building, un loft blanc au typique plafond constitué de carreaux d'étain (tin ceiling) qui fait dire aux Français de passage, « mais, vous n'avez pas refait le plafond ? » raconte Marie-Laure très vite cernée par trois paires d'yeux joyeux. Il y a Baptiste, douze ans, Martin, neuf ans et Achille, lumineux diablotin de trois ans. Dans le clan très soudé des cinq filles Sibilia, Marie-Laure a fait dissidence. Elle a zappé les lyonnaiseries de la maison mère pour un diplôme de neuropsychologie, puis remisé son métier et tout le reste pour suivre Xavier, un temps surnommé par ses amis « le Pierre Bond de l'emploi ». Pour Saint Gobain, Xavier Adnet va faire ses armes de « mercenaire » en Afrique, puis en Amérique Latine et en Asie. « Je ne peux pas, il faut que je vende quelque chose. Si le produit est fabriqué, il est vendu. La France est la seule culture à galvauder la fonction de commercial. En revanche les anglo-saxons ont la notion de delivering, c'est le résultat immédiat qui prime !», clame cet hyperactif survoltant l'entretien d'une tonitruante franchise qui laisse à penser que l'homme peut envisager une reconversion manu militari dans l'écriture de séries à répliques corrosives. Évidemment, pour Saint Gobain, ils ont transité par Londres, « le super compromis » pour Marie-Laure. Seulement en 2001, une opportunité les conduit directement à New- York, « quinze jours après l'attentat ; c'était vraiment la débandade ». Xavier a intégré Bormioli Rocco, concurrent de Saint Gobain, à la tête de la « division container US ».
Concrètement, il fabrique à la demande des flacons de parfum pour les plus grandes marques de cosmétiques. « Tout est décuplé car vous êtes dans une ville de compétition. La France à côté, c'est le club Med, vous savez où vous serez le 15 juillet. Ici vous n'avez plus d'argent, vous partez ! ». Lever à cinq heures pour des journées harassantes, ce marathonien élimine le stress en avalant 100 km de footing hebdomadaire. La crise a rendu les négociations plus âpres, mais il aime à ferrailler et n'a pas hésité à produire le flacon du parfum de Paris Hilton, sur qui personne n'aurait misé un kopeck. On connaît la suite, des millions de pièces vendues. Halte là, le week-end est réservé aux enfants à qui il s'adresse en anglais. Les trois garçons sont bilingues et seul Achille apprend le chinois et l'espagnol à la crèche. « On est là pour avancer. Offrir quelque chose d'autre aux enfants comme le fait d'être multiculturel ». La belle Marie-Laure qui consacre ses mâtinés à une association de sans abris et reprend en main la tribu dès 14h30 à la sortie de l'école, a réussi un coup de maître en montant avant la crise un solide dossier pour acheter le loft dans le quartier des restaurants et des galeries aux prémices de Chelsea. Le couple qui s'est fait des amis via le Lycée Français, ne jure que par la famille, « le noyau dur quand on vit à l'étranger ». Quand Christophe Marguin déboule, il ne cuisine pas, le patron des « Toques Blanches » embarque la Chelsea family tester les nouveaux spots sans oublier le break chez l'ex Lyonnais Daniel Boulud « meilleur rapport qualité prix de la ville » et ami de Colette Sibilia. « New York, c'est bien quand les enfants sont callés et que votre femme a le sourire », s'exclame Xavier pour qui, « New York, c'est l'anonymat, vous n'êtes pas jugé, une seule couleur importe ici c'est le vert dollar ». Cela dit, « passé NY City, c'est Chalon-sur-Saône », soit le New Djeuuuuuuuursey !
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