Texte : Morgan Couturier – Averti par des proches de la suppression de places de stationnement devant son restaurant établi à Francheville, le chef de la Chopinette espère convaincre la Métropole de Lyon de revenir sur sa décision.
Au-dessus de son bar où les clients aiment encore s’éterniser pour conter leurs journées, flotte encore aujourd’hui, une ribambelle de billets, collectionnés tels des souvenirs de repas heureux. Mais depuis quelques jours, Yannis Rousseau pourrait bien être tenté de les récupérer.
Bien sûr, si ces derniers ont perdu leur valeur, au gré des dédicaces qui ont été griffonnées, le propriétaire de La Chopinette aurait sûrement aimé compter sur cette jolie cagnotte. En cause, une activité désormais menacée par la Métropole de Lyon, dont la politique d’expansion des modes doux, tend à se déployer devant son restaurant.
À la clé, l’instauration d’une piste cyclable en lieu et place d’espaces de stationnement et la suppression d’une bande de terre, habituellement utilisée par ses voisins et ses clients, au profit d’un large trottoir pour les piétons.
« Il y en a déjà un en face. Hormis les personnes qui descendent du bus et qui traversent, il n’y a personne qui passe à pied ici », décrit l’ancien résident des Halles de Lyon, inquiet à juste titre des répercussions de cette décision. Le terrible exemple d’Argenson, brasserie emblématique de Gerland, est dans toutes les têtes.
Sa pétition grimpe à plus de 4 000 signatures
D’autant que la surprise fut grande, lorsque la nouvelle lui fut apprise par un proche. « Personne du Grand Lyon ne s’est déplacée. Personne ne m’a appelé », regrette-t-il, alors que ces aménagements devraient lui supprimer une dizaine de places, soit « 40 à 50 personnes en moins le midi », au gré des roulements.
« Si c’est le cas, je devrais enlever une personne en cuisine. Je ne pourrais pas garder neuf salariés », poursuit-il. Yannis Rousseau a donc choisi de contre-attaquer. D’abord pacifiquement, au fil d’une pétition ayant déjà recueilli plus de 4000 signatures.
« J’ai eu un doute au moment de la lancer. Je me demandais si les clients allaient bien réagir. Et ce qui me réconforte, c’est qu’il y a une vraie solidarité », témoigne le cuisinier, à la tête de La Chopinette depuis 2017, après son rachat à la barre du tribunal.
« On me disait, tu as eu le nez creux de partir de Lyon », rigole-t-il, rapidement repris par la réalité de la situation. Malgré le soutien de la maire fraîchement élue, Claire Pouzin, le gastronome craint de payer à son tour, l’entêtement des écologistes. D’où son « gentil bordel », organisé ce mercredi 12 février, avec à la clé, une « barbecue convivial », aménagé à même la route du Bruissin.
Une piste cyclable, mais pas un cycliste à l’horizon
« Une opération coup de poing », là encore soutenue par ses confrères restaurateurs et de nombreux élus (dont la candidate LR aux élections métropolitaines de 2026, Véronique Sarselli). « Si les gens ne peuvent plus venir, on leur donnera à manger sur la route », plaisante-t-il.
Une manière détournée de réagir aux incohérentes réponses des élus de la Métropole. Y compris sur l’absence de cyclistes sur les axes incriminés. « La candidate écologiste à la mairie de Francheville Hélène Dromain Duvivier (humiliée au second tour avec 17% des voix ), m’a même dit que c’était normal, s’il n’y a pas de pistes cyclables, il n’y a pas de vélo qui passe », raconte l’intéressé.
Conséquence immédiate, ses clients sont contraints de stationner plus loin, quitte à garer leur voiture dans les lotissements environnants, au nez et à la barbe des résidents. « Des gens se sont déjà fait engueuler », expose-t-il encore, craignant des altercations. Ou plus simplement, un rejet de son restaurant.
« Des personnes m’ont dit : si on ne peut plus se garer, on ne viendra plus. C’est pareil, j’ai beaucoup de clients qui sont des personnes âgées, PMR. Elles ne pourront plus se garer », regrette-t-il. Autant de raison de se battre et d’essayer de faire fléchir ses opposants. Hélas, la bataille est loin d’être gagnée.
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