Photo © Fabrice Schiff
Par Alain Vollerin
Pour Séraphine de Senlis, le Douanier Rousseau, Bauchant, Bombois, Vivin Wilhem Uhde, le critique d'art ami de Picasso et de Kahnweiler inventa le terme de " primitifs modernes ". Peut-on pour Marc Josserand, fils de Louis Josserand (1897-1981), peintre et sculpteur influent au XXe, utiliser le terme de " primitifs contemporains" ?
Marc Josserand, né le 12 mai 1933, fut conservateur des hypothèques. Il occupa un bureau près de celui de Michel Debré, puis de Giscard d'Estaing, rue de Rivoli à Paris. J'en ai froid dans le dos. Curieux personnage que ce Marc Josserand protégé dans une bulle de silence, mais auteur de plusieurs romans dont un "l'Ombre d'Anubis" fut publié par les éditions du Rocher en 1992. Bernard Pivot lui fit l'honneur de citer ses deux premiers romans pendant une de ses apostrophes télévisées. En peinture, agit-il en naïf, en singulier de l'art ou comme un tenant de l'art brut ? En primitif contemporain ? Toujours est-il que Marc Josserand a inventé un style le "Transfiguratif " pour rendre la réalité plus acceptable… Il figure avec Ariel, Lassia, Favrène et Chevasson parmi les peintres hors-les-normes les plus passionnants œuvrant à Lyon en ce début de XXIe siècle. Comme Virginia Woolf, Marc Josserand décrit un monde très éloigné du nôtre dans sa perception de la réalité. Cherche-t-il à la fuir ? Oui, mais pas seulement. Marc Josserand, c'est incontestable, n'est pas à l'aise dans notre quotidien brutalement matérialiste, inculte et bêtement orgueilleux. Son œuvre n'exprime pas la fantaisie, malgré les apparences. Il y a peu ou pas de liens entre ses origines croix-roussiennes et les univers qu'il exprime. Marc Josserand s'oppose. Il s'interpose comme un révolté en opposant, les êtres protéiformes et multicolores qui peuplent ses toiles, à notre état social désespérément neutre et consensuel. Ne riez pas trop vite, au risque de pleurer bientôt. Cette exposition de près de cinquante toiles dont une grande partie n'a jamais été présentée, constitue sans aucun doute l'événement de cette fin d'année.
Jusqu'au 16 janvier 2009
Entrée libre du lundi au vendredi
Crédit Lyonnais
18, rue de la République – Lyon 2e
Métro et Parking Cordeliers
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