Lyon. 15 millions d’euros pour transformer l’École des Beaux-Arts en ZAD

14 mars, 2025 | Actualités Culturelles / patrimoine | 0 commentaires

Texte : Grégory Bruno et MSE – Quand la terre était plate – avant les élections municipales de juin 2020 – le maire de Lyon, un certain Gérard Collomb avait décidé, avec raison, de se débarrasser de cet étron architectural qu’est l’ancienne école des Beaux-arts (ENBA) sise sur les pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er).

De quoi bâtir au moins une centaine de petits appartements accessibles à toutes les bourses. Evidemment, la municipalité écolo, considérant qu’il y a pléthore de logements à Lyon, a tout arrêté. Pour prendre le machin à sa charge (la nôtre) : 15 millions d’euros !

Quand Herriot commençait à sucrer les fraises

L’un des plus beaux sites de Lyon, le versant plein Sud des pentes de la Croix-Rousse, un panorama somptueux et là, en surplomb de l’amphithéâtre des Trois Gaules et de la montée de la Grande-côte, depuis 1960, ce que certains appellent « un bâtiment emblématique de la Ville de Lyon », dont Le Progrès du 9 octobre 2024 relève « l’allure faite d’élégance et de simplicité » et que j’appelle, moi, une verrue.

Énorme, la verrue ! Quelle laideur !

Et dire que des étudiants y ont appris les beaux-arts ! L’auteur, un certain Bellemain, portant bien son nom, n’y est pas allé de main morte. Il a érigé une façade colossale vaguement mussolinienne, comme pour planquer 7 000 mètres carrés de salles de classe et d’ateliers à hurler de banalité. Avec, en son centre, une manière d’obélisque clairement « genré », véritable provocation à l’actuelle gent écolo-féministe.

Le tout commandité par un Edouard Herriot qui devait sérieusement commencer à sucrer les fraises à force d’andouillettes source moutarde et de gibier faisandé façon Léontine. Il est vrai que son successeur n’aura rien à lui envier ; Louis Pradel n’osera-t-il pas le centre d’échanges de Perrache – massacre du cours de Verdun en hommage, peut-être, au désastre du même nom – et, entre autres, l’annexe de l’Hôtel de Ville, à moins de 15 mètres du monument historique de Simon Maupin et Jules Hardouin-Mansart.

Mais là n’est pas la question… Dans l’édition de mars 2023 de notre confrère Tribune de Lyon, un article signé Romain Desgrand nous en apprenait de belles sur le projet de reconversion de l’ancienne ENBA. « On parle ici, reconnaît Sylvain Godinot, adjoint à la Transition écologique et au patrimoine, d’un bâtiment qui a « souffert de l’absence d’entretien depuis de nombreuses décennies.

Sachant que dans ce bâtiment campe tant que bien que mal le Service archéologique de la Ville de Lyon qui n’en demandait pas tant, de milliers de mètres carrés inutilisables, et qui doit en avoir ras le bol d’être relégué dans ce no man’s land (seul avantage : il est rarement dérangé pendant la pause-café) comme si on ne voulait de lui nulle part ailleurs !?

La Ville de Lyon n’est pas à 6 millions près

Outre 600 000 euros d’études pour étudier la ruine, Sylvain Godinot précise que « le montant total de l’opération est porté de six à neuf millions d’euros en raison notamment de l’insuffisance de portance des dalles du bâtiment, construites à une époque où les normes n’étaient pas les mêmes »… Fichtre !

Je n’étais même pas au courant des 6 millions annoncés précédemment. Mais enfin, admettons. Mais ça, c’était il y a un an et demi. Aujourd’hui, on est passé de 9 à 15 millions d’euros. Une paille, me direz-vous… alors que Grégory Doucet ne parvient pas à boucler son budget.

Et que va-t-il faire de ce bâtiment « rénové » pour 15 millions d’euros prélevés dans la poche des contribuables lyonnais ?  » Le site Neyret (du nom de la rue où se trouve le bâtiment) devrait accueillir un tiers-lieu de la transition écologique dont le contenu exact reste à définir ».

Une usine à gaz non identifiée

« L’idée, poursuit ce cher Godinot, est de faire un lieu qui résonne (fastoche, les locaux sont immenses, vides et hauts de plafond) avec le Service archéologique : que l’on soit dans une logique de promotion de la culture scientifique et technique à la fois avec un regard tourné vers le passé, l’histoire de Lyon mais aussi le futur ».

D’accord, on voit bien l’usine à gaz : le changement dans la continuité, ni pour ni contre, bien au contraire. La maire de l’arrondissement, Yasmine Bouagga nous traduit le bazar en clair pour se mettre à notre portée : il s’agira d' »un lieu d’activités multiples dans lequel les initiatives et les propositions citoyennes font partie intégrante de la démarche ».

Comme ça on comprend. Fallait le dire tout de suite. On est content de mettre 15 millions d’euros dans le pot. Depuis lors, le projet se serait affiné : les écologistes ont rajouté une « école de la résilience » ; ok pour moi : je résilie tout de suite !

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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