Par Alain Vollerin

Le président Nicolas Kouzoupis parvient à maintenir « Regain » dans l’actualité artistique avec une bonne humeur capable de cimenter des liens entre les quatre-vingt artistes et plus qui proposent leurs œuvres récentes.

L’adjoint à la culture était là tout en ayant l’air d’être ailleurs. Il fit honneur au surnom que je lui donne dans le cadre de ses fonctions Képé le néant. Je le félicite. Il n’a pas trahi son image. D’une voix imperceptible, il a susurré quelques informations sur ses activités, mais rien sur les artistes présents. Ils étaient déçus. Très mauvais résultat politique. D’habitude on ne le voyait pas. Là, il est passé inaperçu. Il n’en va pas de même pour Alexandrine Pesson qui n’a pas besoin de porte-voix, ni de micro. Avec un nom comme le sien, elle pouvait prétendre à un poste de speakerine télé, c’était dans les années soixante-dix. Actuellement, elle est maire du 5e arrondissement. A chacun sa destinée qui ne rend pas toujours modeste. L’humour serait-il la qualité la plus mal partagée dans le monde politique ? Alexandrine portait un corsage rose. Je lui dis que depuis quelques temps mon appareil, pourtant un Nikon, refusait d’enregistrer cette couleur. Je vous laisse imaginer la suite. Le vernissage du samedi après-midi était pour les salons une institution lyonnaise. Dorénavant, ils se feront le vendredi soir, avec tous les inconvénients inhérents.

L’art de l’icône russe orthodoxe fait des émules ainsi Régine Deweerdt et Viviane Vinay. Deux sculpteurs, installés en Calade à la Grange Botton, Marc da Costa et Dominique Sagnard bénéficiaient des Pleins Feux. Avec la  présence de créateurs russes, « Regain » s’inscrivait un peu plus dans l’année France-Russie. On pouvait apercevoir le nouveau consul Philippe Bordier. Macha Belsky vêtue aux couleurs du soleil de plein été et qui partage avec le photographe Gérard Pélisson l’art de déformer les paysages occupait les cimaises centrales avec ses compatriotes : Diana Belaya et ses compositions abstraites inspirées, Serge Cheviakoff qui soliloque à l’infini en utilisant des encres délicates pour servir ses dessins d’initié, Galla mérite notre attention par ses références à la mythologie slave populaire et son évocation de Baba la dorée, de Yarilo dieu de la fertilité, etc., Svetlana Arefiev s’engage dans la quête du spirituel en revisitant l’esprit des icônes, Feodor Tamarsky communie avec l’impératrice japonaise et guerrière Jungu entre peinture et dessin, le stéphanois Serge Tziganov fait dans la tendresse au féminin, Oksana Vlassenko adepte de la photographie sur bois traduit la violence qui déchire la Russie depuis la mort des Romanov, l’irruption du communisme et la tension permanente régnant depuis entre église et pouvoir politique. Tout ceci en musique, puisque Macha Belsky avait invité un duo constitué de Rouslan chanteur et violoniste et de Serguei guitariste qui installèrent l’ambiance appropriée.

L’incoercible Mario Gurrieri dédicaçait une fois encore le formidable document composé de ses meilleures photos sur ce lieu cultissime que fut le Palais d’Hiver. Signalons la présence de l’œuvre du Paul-Denis Fayard (1927-2008) auquel la mairie du 8e rendra les honneurs qu’il mérite à partir du 16 novembre 2010. Auparavant une plaque commémorative sera apposée sur son domicile-atelier. Comment oublier un autre disparu talentueux, Shingai Tanaka (1942-2007)? Ce calligraphe japonais porta au niveau supérieur ce langage érudit et initiatique. Il fit à Lyon quelques disciples : Christel Basset, Danielle Boisselier, Patrick Chomier, Maya Vincent, Eishin, etc. Citons encore Danielle Lassia qui poursuit opiniâtrement son engagement dans l’art singulier depuis son entrée à la Fabuloserie et tente d’enrichir notre connaissance du zodiaque des indiens d’Amérique du Nord ; Odile Daventure fidèle à son vocabulaire d’artiste singulière, Danielle Dehoux-Grafmeyer et ses adorablement déliquescentes constructions poétiques proches de la perfection, Claude Couteau et son lumineux tableau « l’Ange aux poissons », Laura Julien heureuse depuis que les Archives Municipales ont organisé une exposition des études architecturales de son père, Danielle Perge qui nous fait entrer dans un bar décoré comme un bouchon lyonnais, le souvenir de René Maria Burlet renaît dans les spirales colorées de Serge Preher, Claude Leclercq désormais acteur de l’art chrétien qui fit l’an dernier un chemin de croix remarquable célèbre cette année la vierge Marie et les moines de Thibérine, Janine Rimet sacrifie avec ses flamboyants blasons au culte de ses villes symboles Lyon, Lucenay et puis Villefranche où elle exposera pendant le 70e groupement des artistes beaujolais à partir du samedi 23 octobre 2010, jour de vernissage à la salle des échevins. Gilles Darnaud, maire de Lucenay lui offre une rétrospective à partir du 30 octobre.

Je ne veux pas oublier : Elise Palmiagiani, Daniel Aubonnet, Lucy Bardel Keller, Guy Bonetto, Isabelle Braemer, Manina Duhamel-Herz, Gérard Elefteriou, Laurence Fillod, Georges Gaillard, Xavier Moulin, et Diana Radut. Nos pensées vont aussi vers une absente momentanée la vice-présidente Odile Rivat-Turillo. Regain attribua une médaille à quatre anciens présidents : Daniel Darnas, orfèvre et artisan déterminé à la différence, comme son père le sculpteur Robert Darnas, Brice Elly, Jean Baudoin et Patrick Galante. Claude Laurence Casoli et Gabriel Ohayon (prix Regain en 1960) furent aussi récompensés.

Jusqu’au 21 octobre 2010

Regain – Rencontre des Arts 2010

Palais des expositions

20 quai de Bondy – Lyon Saint Paul