Par Alain Vollerin
Ou, de Puvis de Chavannes à Fantin-Latour (1880-1920). Le premier n’avait de noble que la volonté de son épouse la princesse Cantacuzène de le voir porter une particule. Il fit toute sa carrière à Paris, quelques-unes de ses plus belles œuvres se trouvent dans la ville d’Amiens.
Il n’a pas fait l’école des Beaux-arts de Lyon (il était autodidacte), hors de laquelle, il n’y avait pas de carrière possible à son époque, à moins d’être extraordinairement mondain et salonnard. Cessons de brandir ses mannes comme un étendard. Cette exposition part d’un bon sentiment, voici souvent l’origine des plus grands naufrages. On ne fait rien en Art avec de bons sentiments. Je regrette qu’on expose sans en signaler la provenance, un monotype tiré de la série des 20 planches publiées en 1917 par les éditions de la Sirène sous le titre « Images pour un Baudelaire ». Dommage, car il faut probablement voir là les débuts de la part de l’œuvre de Pierre Combet-Descombes tournée vers la description du corps de la femme, à l’origine de cette obsession qu’il déclinera abondamment, se plaisant dans l’ajout à ses monotypes de couleurs : rouge sur les lèvres, bleu autour des yeux. Dommage ! Par contre, nous félicitons Sylvie Carlier pour la mise en œuvre des travaux de graveur de Marcel Roux. Souvenons-nous de Mme Colette E. Bidon, historienne de l’art, qui écrivit un texte sans égal dans la revue « Les Nouvelles de l’Estampe » en 1989, sur ce marginal hanté par des cauchemars épouvantables où la mort rôde attendant un faux pas, une faiblesse de l’être humain, comme dans le « Démon du Suicide » de 1902.
Cela ne pouvait concerner ni nos bourgeois, ni nos aristocrates régicides. Beaucoup de gravures sont présentées dans des corridors très sombres. Je sais qu’il faut des conditions strictes d’intensité lumineuse pour ne pas nuire aux œuvres, mais manquerait-on au musée Dini d’investissements financiers ? Quand on veut montrer de la gravure à un public payant, il faut mettre des moyens. La municipalité doit combler cette lacune, et ne pas laisser les visiteurs se frotter les yeux contre les vitres, victimes d’éclairages indignes d’un théâtre amateur. Marcel Roux, comme Claude Dalbanne (ci-dessus), fut incontestablement influencé par Fernand Khnopff et par Félicien Rops. Encore un regret, l’oubli de Fernand Mitifiot de Belair. Autre chose, difficile de montrer de la sculpture à Lyon où se distinguèrent peu de maîtres, Joseph Bernard ne remonte pas le niveau. Heureusement, il y a les masques envoûtants de Jean Carriès dont la présentation témoigne d’un intense travail de recherches, tout comme l’ensemble des compositions d’Alexandre Séon, les études oubliées d’Auguste Morisot pour son triptyque « Ombre et Lumière », les lithographies enflammées de Fantin-Latour. Si, vous ne les connaissiez pas, voici l’occasion de voir les travaux préparatoires de Puvis de Chavannes pour la décoration du Grand Escalier du musée des Beaux-arts de Lyon. Vous verrez d’admirables toiles de Pierre Combet-Descombes. On ne comprend pas bien la présence de Maurice Chabas, ni lyonnais, ni rhônalpin. Je vous recommande vivement l’acquisition du catalogue, il demeurera comme un indispensable document pour tous les amateurs d’art, et vous verrez mieux les œuvres, particulièrement les gravures.
Jusqu’au 13 février 2011
« Le Symbolisme et Rhône-Alpes »
Peintures, sculptures, œuvres graphiques
Musée municipal Paul Dini
2, place Faubert – Villefranche-sur-Saône – 04 74 68 33 70
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