Pascale Marthine Tayou adulé, puis agressé

4 mai, 2011 | LES EXPOS | 0 commentaires

pascale-marthine.jpg Par Alain Vollerin

Ce n’est pas la première fois que Thierry Raspail présente l’œuvre de ce Camerounais né en 1967, qui vit aujourd’hui à Gand, ville natale de Jan Hoet qui fut  concepteur du musée d’art contemporain (le SMAK), et commissaire de la Documenta.

 

Pascale Martine Tayou a compris que le monde hors de l’Europe allait exploser. Notre entrée dans le XXIe siècle impliquait à terme toutes les révolutions auxquelles nous assistons aux quatre coins de la planète. Tout comme il avait traité du troc dans sa première participation à la Biennale d’art contemporain, son œuvre annonce et accompagne les incontournables mutations qui forgeront inévitablement nos destins et ceux de nos enfants. Il y a un peu plus de dix ans, nous étions encore peu nombreux à penser qu’il était nécessaire de sortir de nos vieux clivages sociétaux pour entreprendre un vaste dialogue fondamental à propos de l’avenir de nos sociétés. Comment vivre ensemble ? Comment jeter les bases d’un autre système ? Je méprise tous ceux qui se bourrent les poches en payant en France des ouvriers immigrés largement au-dessous du smic. Facile de faire fortune avec ces méthodes de voyous. Je n’ai pas d’admiration pour ces self-made men, menteurs et tricheurs. Je suis assez fier de compter parmi les premiers esprits qui réclamèrent de vastes assises refondatrices de nos conditions de vie sur nos territoires en périls. Pascale Marthine Tayou vous propose de vous retrouver autour de ses œuvres pour échanger des analyses. Pour vous démontrer que vous n’êtes pas seul à ressentir les injustices d’un système. Pas question de vous encarter. Nous savons bien qu’aucun parti ne détient les clefs des problèmes posés. Les hommes, les femmes librement détiennent une partie des solutions par l’ouverture d’un dialogue planétaire.

 

Pascale Marthine Tayou, s’il aborde de nombreux sujets, n’impose rien. Ainsi, son œuvre vient d’être victime d’une agression très violente à l’intérieur du sanctuaire Saint-Bonaventure où elle était installée à la demande du curé de la paroisse. Je savais depuis quelques jours qu’un rejet du projet était manifesté par certains à l’intérieur de la communauté chrétienne, et notamment, par le père Durand, en charge des affaires culturelles du diocèse. Thierry Raspail, au nom du Mac de Lyon, a déposé une plainte légitime. Nous devons admettre que l’Art contemporain correspond totalement à notre époque dans tous les pays. Déjà incapables de rendre hommage aux artistes qui firent la richesse de notre passé culturel, nous devrions à Lyon, nous montrer plus modestes et plus ouverts face à ce qui nous apparaît différent, ce qui nous surprend. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut faire, dire, et entendre n’importe quoi. Dans cette affaire, nous bénéficions des choix d’une structure qui démontra très souvent la haute qualité de ses orientations. Après ces péripéties, l’œuvre est remise en place en l’état, selon le souhait de l’artiste. Mais revenons à l’exposition. Une des œuvres les plus fortes selon moi, descend du plafond, ce sont des pics acérés qui réveillent chez nous une profonde angoisse née de nos souvenirs, de l’imaginaire développé par une Afrique capable de se défendre. Sensations garanties. Je les conseille à notre ami Marco qui pourrait revêtir à l’occasion son costume d’Indiana Jones. L’autre mise en œuvre efficace est constituée par une ascension (Plastic bags, 2010). On monte les marches d’un échafaudage. Devant nous, un vide rouge contenant ses ignobles sacs qui polluent sols, mers et océans. Deux frayeurs en une. Ici, la Nature n’a pas peur du vide. Nous si. Encore une belle émotion pour le camarade Indiana Marco-Jones. D’autres installations vous arracheront des cris de surprise. Saluons le pouvoir de réalisation de l’équipe du Mac de Lyon, capable de présenter dans le même temps deux expositions magistrales. N’hésitez pas à téléphoner au musée pour connaître le programme des visites commentées. Pascale Marthine Tayou sera présent le 12 mai à 19 h dans la salle de conférences. Il est prudent de réserver.

 

Pascale Marthine Tayou

Always all ways

Musée d’Art Contemporain

81, quai Charles De Gaulle – Lyon 6eme

Jusqu’au 15 mai 2011

 

 

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