Jean-Jacques Renaud devant les oeuvres de Joannès Veimberg – Photo © Mémoire des Arts
Par Alain Vollerin
Il y a déjà trente ans que Joannès Veimberg nous a quittés. En 1992, j’eus l’idée de lui rendre hommage en demandant à quelques-uns de ses amis : Jean-Jacques Renaud, René Deroudille, Myriam Bros, Alice Gaillard, André Mure, Geneviève Böhmer, Denise Mermillon, Michel Charpentier, Régis Bernard, Louis Saillet, Louis Tricaud, Suzanne Reyne-Sabathé, de témoigner devant ma caméra.
Quelle bonne idée que la production de ce document audiovisuel qui a permis d’honorer Veimberg tout en retrouvant nos amis dont beaucoup trop sont désormais à ses côtés au paradis des artistes. Après la mort de Veimberg, sa famille fit don d’une large partie de son atelier à la Fondation Renaud, qui a dorénavant en charge d’animer le souvenir de cet artiste singulier, ami de Paul Clair qui l’encouragea à dessiner, et des membres du groupe des Sanzistes, avec lesquels, il partageait une ardente jeunesse. Veimberg est un autodidacte. La peinture donna incontestablement un sens à sa vie. Au départ, il regarda du côté de certains maîtres hollandais, puis, il fut passionné par la puissance de Van Gogh. Il suivit un temps les cours du soir du Petit-Collège, où enseignait Antoine Chartres, figure emblématique de la Modernité Lyonnaise, membre du groupe des Nouveaux avec Carlotti, Vieilly, Couty, Aynard, etc… Faisant confiance à son instinct, Veimberg devint, exprimant avec force toute l’originalité de sa personnalité, un singulier de l’art obsédé par l’horreur du vide qui le poussait à couvrir sa toile de formes et de couleurs, sans oublier le moindre espace.
J’eus la chance de lui rendre plusieurs fois, le dimanche après-midi, visite dans son atelier de la rue Bugeaud avec mes amis Charvelin et Colson. Quelle chance ! Quel souvenir ! Dans les dernières années, il avait rejoint sa tante à Nice. Il supportait mal, lui qui adorait Lyon, ce déracinement incongru. Il revenait régulièrement pour retrouver ses amis, et surtout Serge et Jean-Jacques Renaud. Je me souviens d’un vernissage à la galerie Saint-Georges, chez Denise Mermillon, et d’André Mure, pas encore adjoint à la Culture qui faisait des effets d’écharpe devant Veimberg, en le couvrant de compliments, et celui-ci souvent enclos dans le silence qui répondait : « Oui ! Oui ! Oh, oui ! Oui ! Oui ! » C’était cocasse, comme l’eut dit notre regrettée Myriam Bros. La peinture de Veimberg est habitée par des thèmes. Il y eut celui des bateaux soviétiques, à l’époque de la guerre froide. Les corbeaux, comme autant de signes obscurs, envahirent ses toiles. Je me souviens avoir vu chez Paul Mouradian un cimetière sous la neige décrit par Veimberg, une pièce qui faisait écumer de désir les véritables collectionneurs de cette œuvre étrange. Veimberg était sans égard pour son matériel, seul comptait un objectif, servir ses émotions, les souvenirs qu’il en conservait vus et modifiés par le prisme de son esprit différent. Félicitons une fois encore les membres de la Fondation réunis autour de Jean-Jacques Renaud : Arlette Dissard, Vincent Banssillon, Alice Gaillard, Rino Maccacaro, Suzie Ortiz, etc… Je vous recommande, très vivement, la visite de cette exposition.
Jusqu’au 12 février 2012 Exposition Joannès Veimberg Fondation Renaud Fort de Vaise – 27, Bd Saint-Exupéry – Lyon 9e
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