Par Alain Vollerin
Apparaît comme un être rayonnant de bonheur. Le public conquit s’amuse de ses couleurs mobiles, comme un kaléidoscope forcené. Catherine Lesaffre régénère notre idée de lumière. Sans chercher à séduire, elle est en osmose avec les tribulations de notre société mondialisée.
Les plus humbles s’extasient à voix haute. Ils ne peuvent retenir leur joie. Elle éclate. Elle est communicative. Elle fait l’unanimité. Quel bonheur ! Et pourtant, en regardant bien, on découvre un autre aspect du monde de Catherine Lesaffre. Où, les couleurs ne sont pas si franches qu’il paraît, pas si rieuses, pas si rassurantes. Au contraire. Dans une de ses premières œuvres, une fresque intitulée « Melancolia » Catherine Lesaffre agissant comme un disciple de l’Art Brut, cher à Jean Dubuffet et à Michel Ragon, nous disait, dissimulée derrière des constructions éclatantes de lumière ses vertiges, ses nausées, son amnésie, la perte de confiance en son image, depuis que le droit à la normalité lui avait été refusé, retiré par ceux qu’elle considérait alors comme sa famille, comme partie de son clan. Une longue chute dans les abysses d’une destructuration. Seule la peinture pouvait accomplir le miracle de l’improbable retour. Au cœur de l’œuvre de Catherine Lesaffre, nous sommes souvent à l’orée d’un crépuscule qui s’annonce frémissant, à moins qu’il ne s’agisse du crépuscule des sphinx ou des scarabées. Insectes silencieux, noirs habitants de nos esprits hantés, avez-vous donc une âme ? Heureusement, il y a aussi le Baobab, la Cathédrale ou le Rosier pour rasséréner nos sens égarés. Au centre des toiles de Catherine Lesaffre, figure toujours un arbre, comme une représentation d’elle-même. Dans ses racines prodigieusement mouvantes, dans son tronc porteur de la sève primordiale, dans ses branches fébrilement tournées vers les cieux prometteurs, dans toute cette puissance de vie, un espoir, une multitude d’accomplissements et de rencontres inouïes. Une communion avec la Nature, sans concession, qui doit nous interroger, sans parvenir à nous rassurer. Heureusement, car, il est question de lire une destinée peu commune par la peinture déclinée, comme vivent les baobabs désormais isolés dans un contexte en danger.
Jusqu’au 20 mars 2012 Catherine Lesaffre « La Forêt Luxuriante » MJC – 46, cours Damidot – Villeurbanne
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