Photo © Fabrice Schiff

Par Benjamin Solly

Le député-maire de Caluire a participé lundi 9 juillet au bureau politique extraordinaire de l’UMP à Paris, élargi exceptionnellement à l’ensemble des parlementaires. Nicolas Sarkozy s’est exprimé, entre autres, sur la situation du parti après le rejet de ses comptes de campagne présidentielle par le Conseil constitutionnel.

« Impressionné et ému. » Philippe Cochet, comme les autres parlementaires de l’opposition, a goûté avec gourmandise au retour de Nicolas Sarkozy auprès de sa famille politique. «  Ne croyez pas qu’il s’agissait de sa rentrée politique», assure-t-il. Il est 17h quand l’ancien président arrive rue de Vaugirard, attendu par une centaine de sympathisants. Le propos liminaire revient au président de l’UMP Jean-François Copé, « qui a présenté la situation de l’UMP », détaille Cochet. Les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy rejetés, le parti est dans un réel péril financier. Onze millions d’euros, soit 50% des dépenses de campagne engagées pendant la présidentielle de 2012, qui ne seront pas couverts par l’Etat. « Aujourd’hui, nous avons déjà engrangé 2,2 millions d’euros via les dons sur internet, la somme devrait d’ailleurs grossir quand nous aurons comptabilisé tous les chèques », rapporte le président de la fédération UMP du Rhône.

Sarko l’équilibriste

A ne pas s’y tromper, l’exercice de Nicolas Sarkozy n’avait rien, en apparence, du retour du fils prodigue. En guerre ouverte avec François Fillon, il fallait également pour l’ancien président veiller à ne pas empiéter sur les responsabilités du président de l’UMP. « Il a pris la responsabilité de la situation actuelle », glisse Cochet. Une posture de contrition  pour désamorcer la situation. «  Le président a ensuite rappelé l’importance de notre unité mais également la nécessité de nous élargir. » « Ouvrez-vous », aurait notamment conseillé l’ancien chef de l’État aux troupes. « Nous le ferons dès les municipales de 2014 en continuant les négociations avec nos partenaires de l’UDI », promet Cochet. Pour ne pas remettre les mains dans la politique nationale, Nicolas Sarkozy a tenu un discours sur la nécessité de repenser l’outil européen, tout en donnant des gages d’optimisme. «  Il nous a rappelé que la croissance existait et que la France devait s’arroger sa part. Nicolas Sarkozy le voit, notamment lorsqu’il parcourt le monde pour donner des conférences. »

Un retour qui tait (pour l’instant) son nom

L’ancien résident de l’Elysée ne veut pas entendre parler de come-back. Et pour cause. Un retour aux affaires, poussé par une invalidation de ses comptes de campagne, biaiserait le message. « Nicolas Sarkozy est prêt à nous donner un coup de main », rapporte toutefois Cochet. Lequel ? «  Il n’a en aucun cas évoqué les enjeux locaux ou les prochaines municipales. » Faire acte de présence pour marquer physiquement la gravité de la situation. Un coup de main, oui, mais sans cambouis sur les doigts, et qui vise à servir le principal intéressé en vue de 2017. «  Il n’a pris en aucune manière une posture de candidat », coupe Cochet. Mais le député-maire reconnaît à mots couverts que la question se posera. « Nous devrons en discuter tous ensemble à l’instant que Nicolas Sarkozy aura pris une décision. » Pour l’heure, les militants UMP écopent à grands coups de dons pour empêcher le navire de couler. En attendant le retour du capitaine.