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De notre envoyé spécial Benjamin Solly
Dans le cadre de la mission Asie menée par le Grand Lyon, le premier équipementier télécom chinois a signé, lundi 22 juillet 2013, un partenariat avec l’INSA de Lyon.
Pour accéder au campus de Huawei, il faut d’abord emprunter la voie rapide qui ceinture Shenzen, l’ancienne bourgade de pêcheur devenue en 30 ans une mégalopole de 15 millions d’habitants. A quelques encablures, le fabricant de composants électroniques Foxcon, qui produit notamment pour Apple, déploie sur des kilomètres les façades sinistres de ses logements ouvriers. Le contraste avec les bâtiments type Nouvelle-Angleterre de son voisin est saisissant. Sur des centaines d’hectares, Huawei a bâti une ville et un empire. Des logements destinés à ses cadres dans un univers de verdure luxuriante, un show-room gigantesque présentant ses différents terminaux (téléphonie, tablettes, cloud, datacenter) – segment sur lequel le groupe créé en 1988 s’est positionné depuis 2011, le site compte près de 30 000 résidents-salariés. Sur place, la sensation de puissance est palpable.
Reçue dans le cadre du partenariat signé avec l’INSA, la mission Asie a pu mesurer l’avance prise par la Chine, désormais hégémonique sur les marchés mondiaux du secteur. Selon une étude IDC, Huawei deviendra même n°1 des équipementiers réseaux, devant Ericsson. Déjà implanté sur le site du parc technologique de Saint-Priest depuis 2010, le mastodonte revient à Lyon via l’INSA et son département télécom, qu’il va sponsoriser à hauteur de 40 000 euros par an. La somme, en elle-même, est d’ailleurs peu signifiante. « Le plus important, c’est notre implication future dans le développement dans leur projets techniques », confie Jean-François Gérard, directeur de la recherche de l’INSA. L’institut interviendra sur des problématiques propres à Huawei et enverra trois de ses étudiants chaque année à Shenzen. Ce partenariat spécifique sera opérationnel dès la rentrée de septembre.
Une pierre de plus pour la recherche et développement du groupe chinois, qui a consacré près de 19 milliards de dollars US à ce secteur depuis 10 ans. Mais pour marquer le coup, Huawei a sorti le grand jeu, à la manière d’un prétendant très apprêté pour son premier rendez-vous. Après la visite du show-room, la délégation du Grand Lyon a été invitée à une conférence de présentation du groupe, Jacques de Chilly (Aderly) se chargeant du focus lyonnais. « Lyon est une ville qui a la particularité de savoir faire travailler ensemble ses acteurs publics, économiques, entrepreneuriaux et universitaires », a ensuite rappelé Gérard Collomb. « Ce sont ces types d’écosystèmes que nous recherchons pour nous développer partout dans le monde », a renchéri Ken Hu. Et le CEO (Chief Executive Officer) d’assurer que Huawei souhaitait apporter, par la suite, sa « connaissance technologique à Lyon dans son projet de Smart City. »
La signature officielle de l’accord de partenariat s’est déroulée dans les jardins attenants au siège du groupe, sous la chaleur écrasante et moite de l’été chinois. L’ambianceur local, derrière ses platines, avait préparé des musiques typiquement françaises pour accueillir la french delegation. D’Hélène Rollès – ancienne star du sitcom Hélène et les Garçons – avec Je m’appelle Hélène à Bourvil et son Bal Perdu, le choix a forcément fait sourire. Ouf, on a échappé à Maurice Chevallier et Georgette Lemaire…. Force détails également, comme cette composition florale représentant le logo d’OnlyLyon reproduit aux côtés de celui de Huawei…. sur une pastèque. L’ensemble de la délégation a partagé ensuite avec les dirigeants du groupe chinois un repas gastronomique concocté par le chef Matani. « Quand ils vont venir nous voir à Lyon, ça va nous coûter cher de les recevoir comme ils nous ont reçus», imaginait déjà Collomb au sortir du déjeuner.
La délégation est attendue dès mardi 23 juillet à Canton pour fêter les 25 ans de l’anniversaire du jumelage de la 3e ville de Chine avec Lyon. « Je me souviens y être allé en 1988 avec Francisque Collomb pour la signature du jumelage, à l’époque des milliers d’ouvriers sortaient des usines en bicyclettes. » Quelques décennies plus tard, Huawei prouve qu’Alain Peyrefitte* avait raison. La Chine s’est bien éveillée.
* Ancien conseiller de De Gaulle, ministre sous Pompidou et Giscard, auteur en 1973 de l’ouvrage Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera
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