Par Christophe Magnette
Il y avait foule ce lundi 7 novembre, rue Sainte-Hélène, aux alentours de midi, dans au lycée Saint-Marc ! « C’est pas tous les jours [sic] qu’un de vos collègues reçoit le prix Goncourt » pouvait-on entendre au gré des témoignages distillés par un auditoire encore groggy par cette récompense suprême.
Tout le contraire du lauréat, fidèle à l’image dressée par Cyril Dusautoy, directeur adjoint du lycée qui voit en lui « un homme simple, apprécié de tous et passionné par son métier. » Titulaire d’une agrégation, professeur de biologie (Sciences de la Vie et de la Terre) le Goncourt 2011 est donc bien décidé à poursuivre son action au sein de l’Education nationale, plus particulièrement au cœur du Lycée Saint-Marc au sein duquel il exerce depuis 14 ans. Pour le plus grand bonheur du recteur de l’académie de Lyon, Roland Debbasch pour qui cette distinction est appelée à rejaillir sur l’ensemble du corps enseignant. Les mains dans les poches, Alexis Jenni écoute. L’homme est souriant. Comme comblé. Le romancier apaisé. Le voilà désormais au Panthéon des écrivains français, lauréat du plus prestigieux des prix littéraires alors qu’il s’agit pour lui, d’un premier roman. L’Art français de la guerre (Gallimard) ? Une fresque fascinante et exigeante, un style épique, classique, une épopée baignée de sang et de combats, entre Indochine et Algérie qui s’interroge sur l’héritage des guerres coloniales. Un ouvrage commencé il ya cinq ans et achevé en octobre dernier. Il envoie alors son manuscrit par la poste, à un seul éditeur, Gallimard, qui célèbre son centenaire et… flaire le bon coup ! « J’écris depuis vingt ans, assure t-il, je suis épris de la pratique de l’écriture permanente ». Conscient que l’exigence à son égard s’apprête à être démultipliée, Alexis Jenni se veut lucide : « Je soupçonne que le succès d’aujourd’hui, je ne l’aurai plus après. » Déjà, son ouvrage s’est écoulé à 60 000 exemplaires, un chiffre qui devrait quintupler dans les prochaines semaines ; un Goncourt se vendant en moyenne à 400 000 exemplaires. En attendant, c’est en courant qu’Alexis Jenni a délaissé collègues, ami(e)s, élèves et monsieur le recteur : un TGV l’attendait. Direction la Capitale pour répondre à légion de sollicitations. Le professeur de biologie a bel et bien ouvert un nouveau chapitre de sa vie.
à cet homme de valeur, scientifique et littéraire, et qui sait rester simple.