Prince Jean de France : « Louis XVI devrait être canonisé »

22 janvier, 2014 | DERNIERE MINUTE | 1 commentaire

SAR le Prince Jean et Stéphane Blanchonnet (AF) – Photos © MP et DR

Par Marc Polisson

Il n’était pas revenu à Lyon depuis novembre 2009, année de la parution de son ouvrage « Un prince français ». 300 personnes sont venues l’entourer à l’occasion de la messe célébrée en la mémoire de Louis XVI.

02C’est derrière un brancard que SAR le Prince Jean et l’abbé Jérôme Billioud ont fait connaissance, il y a plusieurs années, lors du pèlerinage national à Lourdes. Membre de l’Œillet Blanc, le curé de la Croix-Rousse a invité le prétendant au trône de France à se joindre à ses ouailles le 21 janvier, jour anniversaire de l’assassinat de Louis XVI. La cérémonie, plus suivie que d’habitude, a rassemblé de nombreux jeunes en l’église Saint Denis de la Croix-Rousse.

03Autour de l’abbé Billioud, la présence de l’abbé Olivier Pascal, de deux diacres et d’une demi-douzaine d’enfants de chœur, bercés par les chants grégoriens et les effluves d’encens ont donné à la cérémonie un relief et une solennité qu’on ne trouve plus que très rarement dans les églises de France. Au premier rang, le Prince Jean s’est recueilli à la mémoire de son ancêtre et écouté attentivement l’homélie (reproduite ci-dessous) de l’abbé Billioud rappelant les heures terribles du Siège de Lyon et de la période révolutionnaire qui ensanglanta la Capitale des Gaules à la fin du XVIIIe siècle.

04A l’issue de la cérémonie, c’est dans la sacristie que le Prince Jean a participé à la traditionnelle galette des rois organisée par l’Action Française et (en)chantée par le chœur de la Joyeuse Garde. « Heureux de partager ce verre de l’amitié », le Prince a salué la belle figure de Louis XVI : « C’est un vrai martyr et je pense qu’il faut introduire sa cause en canonisation ». Evoquant son engagement, il a assuré que « l’aventure familiale est déjà le premier engagement d’un prince. On ne va pas répéter les erreurs du passé… » conclut-il avant de se mêler à ses admirateurs et de converser avec eux en toute simplicité, donnant à tous l’image d’un prince « normal ». Trop ?
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Homélie de l’abbé Jérôme Billioud

Monseigneur,                                                                                                                                                                     Mes Frères,

Nous sommes réunis dans cette église pour célébrer le Roi des rois et confier à Sa douce miséricorde ceux que nous aimons, ceux que nous pleurons, le Roi Louis XVI, la Reine Marie-Antoinette et toute la Famille royale. Notre prière rejoint toutes les victimes de la Révolution, elles sont innombrables.

La Ville de Lyon porte en elle le souvenir tragique de ces événements terribles qui marquèrent son histoire. Aujourd’hui nous sommes confrontés à cet étrange paradoxe né de l’idéologie : on parle beaucoup du devoir de mémoire, mais la mémoire est mutilée, amputée, donc l’homme, le Français est mutilé, amputé dans son être. La volonté idéologique est évidente et déjà ancienne, l’oubli du réel, charnel et mystique, fait de l’homme et du Français, un mutant, un être étrange, soumis à des lois étranges qui le dénature. Cette volonté a un but : ôter la capacité de se révolter et de penser son destin.

Le Lyonnais dit-on est un modéré, respectueux du travail bien fait, bourgeois par tempérament. Il n’y avait chez nous, ni parlement, ni université avant la Révolution, mais du commerce et des foires. Le seul palais que nous avons édifié, « en l’honneur de la fièvre » disait le Roi de Prusse, c’est un hôpital, l’hôtel-Dieu. Voilà donc l’âme du Lyonnais, servir le pauvre et le malade, se pencher sur celui qui meurt, avoir l’honneur d’être son prochain. Pour dire la vérité, il y a un autre palais, Place des Terreaux, l’ancien monastère bénédictin des Dames de Saint-Pierre. Sans interruption depuis le 3ème siècle existait là un monastère de femmes toujours sous le même vocable de Saint-Pierre.

En 1789, une toute jeune fille de quinze ans, Claudine Thévenet quitte l’école de l’Abbaye  Saint-Pierre où elle fut pensionnaire durant cinq ans. Glady, c’est ainsi qu’on la nomme affectueusement, retrouve sa famille. Les débuts de la Révolution sont accueillis paisiblement, peut-être joyeusement. La France, après tout, a connu tant de périodes enfiévrées, tourmentées, mais à chaque fois le Roi est là, que pourrait-on craindre ? Mais tout s’enchaîne vite et la folie des hommes précipitent les Français dans le malheur. La mort du Roi et la haine du christianisme font que les Lyonnais se soulèvent contre la Convention et le Comité de Salut Public. Durant l’été 1793, Lyon est assiégé, 10 000 Lyonnais volontaires tiendront le siège contre 30 000 soldats des nouvelles armées de la conscription. Ici comme ailleurs les Français se tuent dans une épouvantable guerre civile, bien oubliée ! Officiellement, nous sommes toujours dans le déni d’un génocide vendéen…  Deux frères de Claudine seront dénoncés, après deux mois de siège et la prise de la Ville affamée, en octobre. Je les nomme, parce que leurs noms sont inscrits dans les cieux, parce qu’ils sont les témoins de la présence de Dieu et de son amour sur notre terre : Louis-Antoine et François-Marie, 17 et 19 ans. On les vit sur les fortifications et ils furent dénoncés. Enfermés dans les caves de l’Hôtel de Ville, ils attendaient comme les autres la sentence, la mort bien sûr. Chaque jour, Claudine se rend aux Terreaux pour être là et accompagner ses frères  au moment terrible. Un matin, le dernier, ils sortent avec d’autres pour l’exécution, la vie est si précieuse et la France tue ses enfants ! 2000 Lyonnais seront conduits à la guillotine où à la mitraille, après le Siège. Claudine se tient près de ses frères au risque d’être arrêtée, ils lui donnent une lettre pour leurs parents et l’accompagnent de ces mots, à jamais gravés dans son cœur : « Glady, pardonne comme nous pardonnons » ! Ces garçons qui n’avaient pas 20 ans rejoignent les martyrs, et les témoins des barbaries du 20ème siècle, dans les camps de la mort, ceux des nazis et le goulag. Le refus de Dieu, c’est le ricanement du diable, le Diviseur et c’est la mort de l’homme. On retient son souffle d’entendre ceux qui ont dit que pour survivre et vivre dans cet enfer, ils ne pressentaient qu’une attitude de l’âme, car le corps était brisé, mais l’âme intacte, et dans cette âme unie au Ciel, naissait le pardon !

Quelques années plus tard, Claudine fragile et forte des paroles divines prononcées par ses frères, fondait, tout près d’ici, la Providence de la Croix-Rousse, puis une congrégation religieuse sur l’autre colline, pour venir en aide à une population perdue, sans soutien et sans dignité. Dans le corps social effondré, s’enrichir devenait le mot d’ordre et l’homme entrait dans l’aliénation, il devenait étranger à lui-même, dépossédé de lui-même, sans soutien hormis l’Eglise. Les révoltes des canuts de 1831 et 1834 ont marqué durablement les esprits. Le Curé de cette paroisse Saint-Denis, à cette époque, conscient comme ses confrères du changement de société engendré par la Révolution et profondément attaché à la royauté de ses pères, prit la défense de ses paroissiens abandonnés et sans protection face aux lois nouvelles du marché et du profit. Il enterra même solennellement les canuts fusillés par la Garde nationale. Dans cette ville, sur cette colline, des chrétiens attachés à Dieu et au roi seront, avec d’autres, à l’origine de ce qu’on appelle depuis le 19ème siècle, la Doctrine sociale de l’Eglise. Il faut aussi relire Péguy, mort au front en 1914, dans « l’Argent », publié en 1913 : « Nos maîtres, nos anciens ne pouvaient prévoir, ne pouvaient imaginer cette mécanique, cet automatisme économique du monde moderne où tous nous nous sentons d’année en année plus étranglés par le même carcan de fer qui nous sert plus fort au cou ».

Ainsi donc, dans le fracas de la guillotine et des roulements des tambours, le 21 janvier 1793, les Français n’allaient pas tarder à comprendre leur malheur, sans Roi, sans père, on voulait aussi les arracher à Dieu. Il n’y a que l’idéologie qui peut concevoir la fraternité dans le déni et le meurtre du père. Louis XVI a revendiqué pour lui, c’est-à-dire pour nous la liberté de la conscience dans la recherche du bien commun. Voilà des mots qui n’ont plus cours aujourd’hui dans les discours officiels si proches dans leur outrance de ceux qui conduisaient à l’échafaud, ou à la mitraille.

Monseigneur, dans votre personne viennent à notre rencontre tous nos rois qui ont fait la France, qui ont fait notre unité, notre fraternité et notre légitime fierté. On comprend pourquoi la sagesse nous enseigne que la politique est l’expression la plus élevée de la charité. Quel écart avec ce que nous subissons ! Je vous ai vu à Lourdes, au Pèlerinage national, des années durant, brancardier au service des malades, humble serviteur de vos frères, cherchant près d’eux et pour eux le bonheur d’aimer. Cette attitude est royale, elle est celle du sacre, presque un sacerdoce : « Le Roi te touche, Dieu te guérisse » Chacun de nous par son baptême est appelé par le Christ à la conversion, au retour à Dieu et chacun de nous par le même baptême doit contribuer à édifier la civilisation de l’amour. Nous sommes démunis et sans pouvoir, pourtant Dieu fait de nous des veilleurs, des sentinelles de l’aurore.

Mes frères, nous célébrons l’eucharistie, en Dieu il n’y a que des vivants, par la sainte messe s’établit et se vit le Royaume. Dans l’espérance et dans le cœur des saints et des martyrs, du Roi Louis, des frères de Claudine et des chrétiens d’orient aujourd’hui, un murmure de joie se fait entendre, ils portent en eux la parole du Christ : « Tout est accompli » !  Ainsi soit-il !

Abbé Jérôme Billioud, le 21 janvier 2014

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Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

1 Commentaire

  1. Anonyme

    Tu es canon Francky !!!

    Réponse

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